Le château de Craffault présente une architecture mêlant harmonieusement des éléments de la Renaissance et des caractéristiques classiques, illustrant les différentes phases de sa construction et les goûts architecturaux de ses propriétaires successifs.
La façade principale, orientée à l'est, révèle une composition équilibrée malgré les diverses époques de construction. La partie droite, datant du 16e siècle, se distingue de la partie gauche, construite au 17e siècle. Chacune des extrémités est ornée d'une tourelle en cul-de-lampe surmontée d'une toiture conique, un détail typique de l'architecture de la Renaissance.
L'édifice présente également une organisation soignée de ses baies, un style propre aux châteaux de la période classique du 17e siècle. Elles sont disposées en travées sur trois niveaux : six travées sur la façade principale à l'est et dix travées sur la façade antérieure à l'ouest, dont deux travées sur chaque pavillon d'angle et deux sur la tour qui rompt la symétrie du bâtiment. Le bâtiment est régulier de forme de U mais non symétrique lié au donjon carré. Les baies, à meneaux, sont caractéristiques de la Renaissance. La toiture à longs pans, percée de lucarnes et couronnée de tympans, se complète par un pavillon central en forme de donjon carré, surmonté d'une toiture en pavillon, semblable à celles des pavillons d'angle qui encadrent le logis principal.
Les aménagements du 19e siècle, bien que marquants, ont su respecter l’esprit architectural d'origine, assurant une continuité stylistique remarquable.
Le château est décoré de corniches à accolade, soutenues par des doubles modillons en granite. Il présente également des lucarnes à baies rectangulaires, encadrées de pilastres circulaires surmontés de frontons triangulaires, eux-mêmes couronnés de trois cylindres aux angles. Ces éléments architecturaux sont caractéristiques de la fin du 16e siècle et du début du 17e siècle. Les souches de cheminée sont ornées de bandeaux saillants, surmontés de petits créneaux arrondis. La toiture en ardoise est agrémentée d’épis de faîtage. L’ensemble de l'édifice est construit en pierre de taille de granite et porte, à de nombreux endroits, les armoiries de la famille Le Noir (D’azur à trois chevrons d’or, au franc canton de gueules, chargé d’une fleur de lys d’argent), notamment à l'entrée de la chapelle Saint-Nicolas.
Intérieur du château
D'après le procès-verbal de saisie révolutionnaire du 29 messidor an IV (17 juillet 1796), l'agencement intérieur du château est le suivant : Au rez-de-chaussée, un vestibule donne accès à un grand escalier en pierre de taille. Sur sa droite se trouve une vaste « salle ancienne », qui comprend un salon et une salle Le pavillon sud accueil deux appartements avec des chambres à coucher, ainsi qu'un escalier dérobé. Le pavillon nord abrite les communs, comprenant notamment la cuisine, ainsi qu'un puits situé à proximité à l'extérieur. Le premier étage comprend sept chambres, réparties le long de plusieurs corridors. La grande chambre se situe au-dessus de la cuisine dans le pavillon nord. À gauche de celle-ci, quatre autres chambres sont disposées, suivies de deux autres chambres dans le pavillon sud. Ces pièces sont équipées d'alcôves (typique du 17e siècle et début du 18e siècle), de cabinets, de garde-robes et de nombreux meubles, dont des armoires fixées aux murs. Au-dessus, un étage en surcroît sert de grenier. Cet agencement est caractéristique des résidences nobles de l'époque, similaire à celles des 16e et 17e siècles, avant l'innovation des sous-sols et des cloisons qui ont transformé les espaces, créant des zones plus intimes et multipliant les pièces de réception et de couchage, notamment grâce à l'ajout des communs au sous-sol, ce qui permettait de libérer de l'espace au rez-de-chaussée
Le domaine et ses dépendances
Le château bénéficie d’une position stratégique, situé en hauteur et entouré de 80 hectares de bois. Cette implantation dominante est accentuée par la présence de douves, de pièces d’eau et d’une vaste esplanade, qui participent à la fortification naturelle du site. Le domaine comprend également un étang de 60 cordes, estimé à 4 francs, qui contribue à l’agrément autant qu’à la défense du lieu. Le château de Craffault s’inscrit ainsi dans un véritable domaine seigneurial, structuré autour de sa réserve — appelée « retenue » — et de ses mouvances, c’est-à-dire ses métairies.
Le château et la retenue de Craffault
Ainsi, le château de Craffault se compose d’un château orienté à l'est, d’une cour où il y a des écuries. Celles-ci sont un corps de bâtiment sur deux niveaux dont le dernier étage sert de grenier et qui couvert d’ardoise. Cette cour est en partie close (à l’est, au sud et à l’ouest) par des douves. Un jardin orne l’arrière du château. Au nord de cette cour, il y de nombreux hêtres tout comme sur les avenues. Celui-ci est également clos par un mur à l’est où il est planté des arbres fruitiers en espaliers éventail et baissons. Au sud de ce jardin, il y a une pépinière de pommiers.
La retenue est constituée de prairies, terres arables, bois, de plusieurs corps de bâtiment ainsi que d’un logement appelé Le Pressoir. Ce dernier est doté d’un pressoir, d’un verger. On retrouve également plusieurs bâtiments témoignant du statut nobiliaire de la résidence principale de Craffault : deux chapelles privées et un colombier. Ce dernier se situe dans une prairie de la retenue couvrant 3 journaux et 20 cordes, soit environ 0,978 hectare, et est estimé à 80 francs. L’une des chapelles du domaine est dédiée à Saint-Nicolas. Inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 10 juin 1964, elle constitue un élément patrimonial majeur. Construite au 15e siècle et reconstruite vers 1572 à l’initiative de Jean Rouault — représenté en costume d’époque dans un des vitraux du 16e siècle —, elle adopte un plan rectangulaire simple, rehaussé par une ornementation soignée. Les angles des pignons sont sculptés, et la porte d’entrée est décorée de figures des apôtres ainsi que d’une représentation de la légende de saint Nicolas. L’intérieur est également orné, avec notamment les armoiries des seigneurs qui en furent propriétaires. Au-delà de sa valeur architecturale, la chapelle joue un rôle central dans la vie du domaine en devenant, en 1572, le cœur d’une foire annuelle consacrée au commerce des chevaux. Cette foire, accordée par privilège royal « pour satisfaire à la supplication et requête de notre cher et bien aimé Jean Rouault, escuier et sieur de Crafault », se tient chaque année pendant trois jours à partir du 19 septembre. Le tout de cette retenue avec le château est estimé par les commissaires à 430 francs de revenus sans bois de décoration, des futaies et des arbres soit 9 460 francs de capital avec les bois : 28 685 francs. Le château avec sa cour, écurie et jardin est estimé à lui seul 170 francs et s’étale sur 6 journaux (environ 2 hectares).
Les mouvances de Craffault
En plus de la retenue, le seigneur de Craffault dominait selon le procès-verbal de 1796, avant la Révolution, cinq métairies : la Boullaye, la Noë, le Village, la Porte et le Vantoue. Toutes avaient un logement agrémenté parfois d’écuries, d’étables, de soues à porcs, d’une cour, d’un jardin, d’un puits, d’un four, d’un verger avec pommiers et des terres. En plus de ces métairies, le seigneur de Craffault avait également sous sa domination un moulin dit de « Craffault » ou « Neuf ». Localisé au sud de la retenue de Craffault et sur le ruisseau qui alimente l’étang. Ce moulin produirait une ensime célèbre dite du « Moulin de Craffault ». Ainsi, grâce à celle-ci le moulin est évalué à 130 francs de revenu et 2 340 francs.
Le domaine de Craffault avec son château, sa retenue et ses métairies est alors important, s'étendant sur 175 journaux 35 cordes (environ 58 hectares). Le tout est estimé par les commissaires à 99 256 francs de capital.
(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)
Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.
Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.