Le chemin de fer à Pléboulle
Louis Duménil, Association culturelle de Pléboulle.
"En juillet 1904, le conseil municipal donne un avis favorable à "la construction du tramway côtier de St-Brieuc à St-Briac".
En août de la même année, le Conseil Général vote une partie du budget pour la ligne St-Brieuc-Matignon. Des enquêtes publiques sont réalisées entre 1905 et en 1909.
Le premier tracé de 1905 aurait fait passer la ligne par Groseil et le Pont-Robert en Matignon et par le Nord de Pléboulle : La Fontaine, la Ville-Guillaume, Launay-Mottais, le Grand-Frèche, Crissouët et Port-à-la-Duc.
Sans rejeter ce tracé, Pléboulle fait une contre proposition : Matignon, Ville-Abbé, Croix Tannebeau, avec arrêt à la Croix Tannebeau. Un mois plus tard, la Commission de St-Brieuc envisage : Port-à-la-Duc, Ville-Vra, Montbran, Ville-Abbé (ce sera le tracé réalisé plus tard).
Mais en 1909, tout est changé. Ce serait Pléhérel-sud, St-Sébastien, Pont de Montbran, Ville-Abbé. Ce projet place la station de Pléboulle au pont de Montbran, au fond de la vallée, les autres communes, surtout Pléhérel et Plévenon, étant aussi mal desservies.
Alors, on proteste : "Les habitants des campagnes contribuent de leurs deniers autant que les habitants des villes ; il est injuste de négliger leurs intérêts sous prétexte d'économies".
On souhaite une halte à la Commodité et une au plus près de Port-à-la-Duc, peut-être à Ste Aide. Et l'on obtient gain de cause.
La déclaration d'utilité publique est datée du 28 mars 1912, et, le 25 novembre de cette année, le préfet produit un arrêté sur les territoires concernés par le chemin de fer, énumérant les communes intéressées.
"Le présent arrêté sera publié à son de trompe ou de caisse dans chacune des communes ci-dessus désignées, et y sera affiché tant à la principale porte de l'église qu'à celle de la mairie, par les soins et à la diligence de MM. les maires. Il sera, en outre, inséré dans le journal Le Républicain et L'Union Libérale, lesquels se publient à St-Brieuc et à Dinan".
La construction
En 1913, on commence à construire tous les ouvrages d'art, malgré l'opposition de certains propriétaires. Au sein du conseil, lui-même, ce n'est pas l'unanimité. trois conseillers soutiennent une pétition demandant que la gare de Pléboulle soit à Montbran. La majorité décide que ce sera à la Commodité, mais demande un arrêt facultatif à la Croix de St-Louis, et un autre près du bourg.
La halte de Montbran donne lieu à bien des négociations pendant toute l'année 1913.
On fait ressortir l'importance de la foire de Montbran : "L'élevage n'a jamais été plus florissant qu'aujourd'hui. Et beaucoup d'éleveurs, non seulement de l'arrondissement de Dinan, mais de plusieurs arrondissements d'Ille et Vilaine, du Morbihan et du Finistère, viennent à la Foire de Montbran y acheter des poulains".
La commune offre de donner tout le terrain nécessaire et une somme de 200 francs, à laquelle on ajoute encore 100 francs.
Les concessionnaires et l'administration admettent enfin la possibilité d'un arrêt. L'ingénieur opte pour un arrêt facultatif doté d'un quai à marchandises.
Le conseil demande, lui, un arrêt simple et obligatoire, avec voie de garage et poteau indicateur, sans abri. Il demande aussi, pour le temps de la foire, un petit bureau portatif où l'on pourra délivrer les billets, et enregistrer les bagages.
Même si l'arc central du viaduc de Port-Nieux est achevé pendant cette période, les travaux sont retardés. Les hommes sont au front. On manque de matériaux.
Après l'armistice, il faut encore du temps pour l'approvisionnement des chantiers, et les prix ont augmenté considérablement, au point que le concessionnaire jette l'éponge. C'est le Conseil Général lui-même qui prend les choses en mains en 1921.
La mise en service de la ligne se fait par tronçons, celui de Plévenon à Matignon sera le dernier, ouvert le 26 juin 1926.
Cependant, les demandes pour la halte de Montbran sont sans cesse reprises depuis 1924, et elles continueront jusqu'en 1928.
Le territoire de Pléboulle accueille trois gares : la gare de Pléhérel au Port-à-la-Duc, celle de Pléboulle à la Ville-Vra et celle d'Hénanbihen au Grand Chemin, avec, en plus, une halte à Montbran et la halte de Ruca à la Ville-Abbé.
Les gares et les haltes n'étaient pas ou peu éclairées, et ne comportaient que rarement un abri.
En 1945, l'automotrice ne s'arrête plus sur la commune. A cause des déficits d'exploitation, l'heure est à la suppression des lignes. En octobre 1948, c'est fini.
Les protestations municipales n'y feront rien. Et, en 1949, la commune décide d'acheter les terrains de la ligne déclassée".