Le réfectoire borde le côté nord du cloître. Il date du second quart du 13e siècle et demeure aujourd´hui, après une restauration menée par le service des Monuments Historiques entre 1987 et 1991, la pièce la mieux conservée de tout l´ensemble architectural de Léhon ; il est également et surtout un témoin important de l´évolution des choix architecturaux et ornementaux de cette période du 13e siècle.
Le mur latéral sud, donnant sur le cloître est probablement antérieur au 13e siècle. Ses fondations pourraient remonter à la période romane. A l'extrémité occidentale du mur, dans le cloître, se voit le linteau supérieur d'une porte enterrée qui devait être l'accès primitif du réfectoire ou qui, peut-être, permettait de descendre dans les celliers aujourd'hui comblés de terre.
Côté Nord, le réfectoire est ouvert par de grandes baies donnant sur les jardins bordant la Rance. La chaire du lecteur à l'Est du mur est peut-être postérieure aux baies, sa voûte d'ogives et ses chapiteaux incitent à la dater du 14e siècle mais aucun élément probant ne permet de préciser cette datation.
L'ensemble du réfectoire médiéval a été fortement modifié au cours du 17e siècle par les Mauristes. Le niveau du sol fut réhaussé à cause des fréquentes inondations dues aux crues de la Rance. La base des grandes baies gothiques côté Nord fut masquée et les chapiteaux de l'ancien cloître de l'abbaye, remis au jour lors des restaurations, remployés dans le pavage. A l'extrémité orientale de la salle fut créé un escalier menant aux étages de dortoirs du bâtiment conventuel. Le réfectoire fut alors amputé dans sa longueur d'origine par la construction d'un mur de refend, les baies orientales éclairant désormais la cage d'escalier dont le mur de soutien (mur de fond d'origine du réfectoire) conserve la trace de peintures murales, martelées et très abîmées, datant probablement du 13e siècle. A l'autre extrémité de la salle, à l'Ouest, le niveau du sol fut surélevé de quelques marches et un coin cuisine avec cheminée monumentale et potager fut aménagé. C'est à ce moment que la porte d'entrée d'origine fut condamnée. Enfin, les Mauristes construisirent également un plancher sous la voûte du réfectoire pour aménager des dortoirs supplémentaires pour les nombreux novices qu'ils accueillaient.
Entre 1987 et 1991 le service des Monuments Historiques a entrepris d'importantes restaurations. Le niveau du sol a été légèrement abaissé, remettant au jour les bases des colonnes des baies Nord ; les peintures murales ont été restaurées et la voûte, également restaurée, a été blanchie à la chaux. Le mur de refend datant du 17e siècle a été conservé.
Enfin, lors de travaux effectuées par l'équipe du musée, des vestiges importants de la période romane ont été découverts et dégagés sous le réfectoire. A l'extrémité orientale (sous l'escalier) se trouve un couloir assez large, dont la voûte est couverte d'un ciment de chaux et sable. Il conduit à son extrémité, sur la droite, à une porte en plein cintre à double rouleau qui ouvrait sur le grand cellier situé sous le réfectoire. A gauche, il ouvre sur une autre arcade dont le seuil est orné d'un motif floral sculpté. Derrière cette arcade, sur la gauche du mur, a été dégagé un corbelet sculpté d'un masque dont le dessus de la tête est aplani. Il ne fait aucun doute que ces vestiges appartiennent à la période romane.