La chapelle Sainte-Barbe à Plouaret
Cette ancienne chapelle seigneuriale est située dans le bourg de Plouaret, à l'ouest immédiat de l'église paroissiale. Fondée par les seigneurs de Keramborgne (connus dès 1427), la chapelle aurait d'abord été dédiée à saint Barvet, éponyme masculin de sainte Barbe (en breton, barvet signifie "barbu"), puis directement à sainte Barbe.
Sainte Barbe, vierge et martyre chrétienne, aurait vécu au milieu du 3e siècle en Anatolie. Elle est généralement représentée en jeune fille, avec une palme de martyre, portant une couronne ou un livre. D'autres attributs la caractérisent comme une tour à trois fenêtres qui rappellent son emprisonnement par son père ou l'éclair qui frappa Dioscore son père... Sainte Barbe était évoquée contre le feu, la foudre, les accidents liés à la poudre à canon et la "mort subite". Dans un navire, la "Sainte Barbe" désigne d'ailleurs le magasin à poudre situé à l'arrière du bâtiment.
De plan rectangulaire à vaisseau unique, construite en pierre de taille de granite de moyen appareil et dotée de quatre contreforts, cette chapelle mesure 22 mètres de longueur pour 6,8 m de largeur. Elle présente un mur-pignon occidental à clocheton et un chevet plat ajouré d'une baie axiale. Sur l'élévation nord, côté rue, on peut déchiffrer l'inscription suivante : "MADAME SAINTE ANNE", en référence à la mère de la Vierge Marie.
Si la chapelle peut être datée de la fin du 15e siècle ou du début du 16e siècle grâce à son décor gothique flamboyant : porte ouest en anse de panier ornée surmontée d'une archivolte en accolade, choux frisés, fleuron encadré de pinacles et par deux blasons (fin 15e siècle) ; porte nord, côté rue, en arc brisé également surmontée d'une archivolte en accolade, choux frisés, fleuron encadré de pinacles ; porte sud plus simple en anse de panier ; niche-crédence et bénitier à accolade ; les remplages nord, est et sud inscrivent cet édifice dans la deuxième moitié du 16e siècle et la Renaissance. On retrouve ainsi des motifs typiques de cette période : colonnes cannelées, arcs en plein cintre et volutes. La maîtresse-vitre du chevet utilisant des colonnes cannelées, plusieurs frontons curvilignes et des entablements moulurées est remarquable. Les dessins des remplages de la chapelle Sainte-Barbe sont très proches de ceux de la chapelle de Kerfons à Ploubezre (datée des années 1553-1559).
Pendant la Révolution, l'édifice est décrit comme suit : "69 pieds de long par 21 pieds de large. Maîtresse-vitre au levant et deux autres fenêtre à vitres, l´une au midi, l´autre au nord. Trois portes : nord, midi et couchant. Petit pignon au couchant". La chapelle est estimée 200 francs en l´an IV (29 octobre 1795).
La chapelle a été restaurée à plusieurs reprises, notamment en 1819, 1835 (pour environ 3000 francs), 1876, 1912 et 1990 (remplacement des vitraux).
A l’intérieur de la chapelle, le mobilier présente un certain intérêt :
- consoles armoriées (16e siècle) ;
- statue de Marie Madeleine (17e siècle) ;
- Crucifix (17e siècle) ;
Immédiatement au nord de la chapelle sainte Barbe se dresse une croix dite "calvaire du Placître" dont le socle, daté "1612", porte les armoiries des Keramborgne. On retrouve également les inscriptions "F.FOR.G.1660 ", "Jubilé du Goneille et mission 1870" et "Mission 1952". La chapelle porte un monogramme du Christ peint daté "1884". A côté de la croix se trouve un ancien tronc à offrande en granite ayant perdu ses ferrures.
La chapelle Sainte-Barbe est inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1926.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.