La place du martray (ou place du marché) est située au centre de l'espace urbain, accessible par toutes les grandes voies de pénétration de la ville. Destinée aux échanges et au commerce, la place est peut-être occupée par une halle rectangulaire disparue dès le 18e siècle, à moins qu'elle n'ait toujours été bordée par les halles figurées sur le cadastre ancien, à l'angle de la rue de l'église (parcelles n° 436 et 438). En 1790, la demande d'une halle par les marchands et les bouchers de la ville, à l'attention de l'assemblée du conseil général de la commune, laisse penser que les halles figurées sur le cadastre ancien datent de cette époque. La petite parcelle qui jouxte les halles (n°439) est dénommée "La Prison" dans les états de sections de 1837. Un puits monumental en pierre de taille est construit en 1823 sur la place, puis rasé dans la seconde moitié du 20e siècle.
A l'état de vestige aujourd'hui, la chapelle Saint-Eutrope jouxtait un hôpital (ou maladrerie) disparu aujourd'hui mais figuré sur le cadastre ancien (parcelles 477, 478, 479, 480, 482), à l'est de la place du martray et au début de la rue de l'hôpital. Les bâtiments de cet établissement hospitalier sont édifiés par les seigneurs de Kersaliou, peut-être par Geoffroy de Kersaliou à son retour de croisade avec Saint-Louis, au milieu du 13e siècle. Il ne subsiste de cet ensemble qu'un vestige de la chapelle correspondant à une partie du choeur avec deux baies dont l'une, en tiers point, pourrait dater de cette époque. Une pièce d'archive du greffe de la Municipalité datée du 5 novembre 1790 indique que : "L'Hôtel-Dieu de La Roche-Derrien renferme, dans son enceinte, cinq grands appartements, une grande cour pavée, un puits au milieu, un grand jardin et un grand grenier. La chapelle mesure quatre-vingt pieds de long sur dix de large". En 1790, l'hôpital n'abrite plus que quelques pauvres et une grande partie de ses biens est confisquée pendant la Révolution. Propriétaire des lieux, le bureau de bienfaisance subsiste grâce à quelques allocations. En 1818, Il met l'établissement à la disposition des Filles du Saint-Esprit pour y établir une école communale. La destruction des locaux en 1850 laisse un espace vide à usage de cour pour la nouvelle école communale de filles construite dans le prolongement de ce qui subsiste du choeur de la chapelle, seul élément conservé.
Entre 2013 et 2014, l'îlot délaissé de l'ancien hôpital, dit îlot de la Maladrerie, fait l'objet d'une réhabilitation comprenant : la restructuration de la chapelle et de l'ancienne école en Office du Tourisme/atelier d'artistes ; l'extension d'un commerce ; la construction d'un équipement culturel ; la création d'un espace paysagé. Cet aménagement réalisé par l'Atelier du lieu (Nantes) a obtenu le prix Architecture de Bretagne en 2014. Il privilégie des matériaux à faible impact écologique comme le bois, le verre, le métal et la récupération de pierres issues des démolitions. Par le biais de passages ménagés sous des arcades et entre les bâtiments, l'îlot fait le lien entre l'ancien centre-ville et les quartiers est en voie d'urbanisation.
Des îlots de maisons sont construits autour de la place. Au sud-ouest, l'îlot est densément bâti avec un parcellaire morcelé ne laissant que quelques espaces libres, sous forme de petites cours, accessibles à partir de dessertes privées. Au sud et au nord de la place, les îlots sont plus aérés, l'organisation du parcellaire plus lâche avec des façades plus larges, même si les maisons sont construites en continu le long de la place. Sauf dans les cas où les cours fermées ne sont accessibles qu'à partir des espaces bâtis, les logis sont desservies par l'arrière, ce qui permet de rendre indépendant les jardins et les cours.
Les maisons avec façade à pans de bois des 15e et 16e siècles qui donnaient sur la place ont toutes été reconstruites à partir de la fin du 18e siècle, à l'exception des trois maisons sises aux numéros 2, 2 bis et 8. La photo ancienne qui montre le grand hôtel à pans de bois des 10/12 place du martray (démoli vers 1900) donne une idée de l'aspect initial de la place. Cependant, comme les maisons ont souvent été reconstruites in situ, le parcellaire bâti demeure quasiment inchangé depuis le cadastre ancien. Parfois seule la façade est remontée et l'immeuble conserve une partie de sa distribution initiale comme dans les maisons numéros 5, 6, 7 et la maison d'angle 1 rue de l'église qui donne sur la place. D'autres immeubles conservent un pignon avec une cheminée ancienne (numéros 4, 15). Au sud de la place, les nouvelles façades traduisent le renouveau de l'habitat à la fin du 18e siècle et au 19e siècle, le goût pour les élévations ordonnancées avec des travées symétriques, à l'opposé de l'esthétique médiéval.