Le manoir à logis-porte de Kersaliou est contemporain du manoir voisin de Kerandraou (Troguéry), construits tous deux à la fin du 14e siècle par une famille noble influente proche du duc de Bretagne, Jean IV de Montfort. Les liens entre la seigneurie de Kersaliou et la châtellenie de La Roche-Derrien existeraient depuis le 13e siècle, Geoffroy de Kersaliou ayant, selon les historiens, fait construire l'hôpital et la chapelle Saint-Eutrope place du martray. Les seigneurs de Kersaliou avaient, semble-t-il, des privilèges très étendus dont celui de haute, moyenne et basse justice dans l'auditoire de La Roche-Derrien, sanctionné par les fourches patibulaires établies sur les hauteurs de Justisso au nord-ouest du manoir. Dans le seconde moitié du 14e siècle, Rolland de Kersaliou était compagnon d'armes de Bertrand Du Guesclin, connétable de France.
Bien que lacunaire, le manoir de Kersaliou est un témoin important de l'organisation du territoire au Moyen-Age, liée au pouvoir d'attraction de La Roche-Derrien. La conservation du logis-porte est, en soi, très intéressante, cette composante du manoir ayant souvent disparue du fait de son inadaptation aux modes et aux usages. Ce bâtiment possède un rôle autant pratique que symbolique, il marque la frontière entre l'espace de la cour seigneuriale et l'extérieur, constituant un élément fort du site manorial. Comme à Kerandraou, son usage comme "maison d'hôtes" est possible.
Ce logis-porte est la seule partie conservée de la première campagne de construction. Le reste du corps de bâtiment ayant été partiellement remonté, sa destination initiale est sujet à hypothèse : il s'agit peut-être d'une métairie noble construite dans le prolongement du logis-porte. Le logis principal a disparu, il devait occuper le côté est de la cour, composé d'une salle basse sous charpente associée à une cuisine et une chambre. Cette hypothèse privilégierait un plan "éclaté" caractéristique de l'époque, faits de bâtiments juxtaposés autour de la cour et reliés entre eux par des murs.