Dossier d’œuvre architecture IA22133390 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume (Contributeur)
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • inventaire topographique, Lannion-Trégor Communauté
Manoir de Traou Martin (Minihy-Tréguier)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Schéma de cohérence territoriale du Trégor - Tréguier
  • Commune Minihy-Tréguier
  • Lieu-dit Traou Martin
  • Dénominations
    manoir
  • Destinations
    ferme, maison
  • Parties constituantes non étudiées
    dépendance

La seigneurie de Tromartin (puis métairie) a notamment appartenu à :

- François Le Chevoir, seigneur de Tromartin marié à Marie Guyomar ;

*François Michel (né vers 1630), seigneur de Saint-Drénou alias Saint-Renaud, et seigneur de la Ville Basse demeurant en la ville de La Roche-Derrien règle la succession de "damoiselle Guyonne Le Chevoir, fille du seigneur de Traou Martin, de damoiselle Jeanne-Marie du Trévou et de damoiselle Louise du Trévou.

- François Le Chevoir (mort avant 1664), "écuyer", seigneur de Tromartin marié à Isabeau de Coëtloury,

- Jean-Baptiste de Kermoysan (vers 1640, vers 1675), "chevalier", seigneur du Rumeur, de Kerjean et du Plessix, marié à Elisabeth Le Chevoir, dame de Tromartin ;

- Claude Vincent de Kermoisan (vers 1675, décédé avant 1720) ;

- Joseph François de Kermoysan (1704-1750), chevalier, seigneur du Rumeur, de Keroser et de Tromartin ;

- Louis Jean-Baptiste de Kermoysan (1727-1787), seigneur du Rumeur à Pommerit-le-Vicomte, de Keroser à Saint-Avé sa demeure, de Tromartin à Minihy-Tréguier et de La Haye-Paryan, chevalier de Saint-Louis, lieutenant des vaisseaux du roi. Marié avec Renée-Guillemette de Kerguélen de Kerbiquet mais n’ayant pas d’enfant, la seigneurie échoue au fils ainé de Rolland-René de Kermoysan (1731-1779), son frère puîné, également chevalier de Saint-Louis, avocat au présidial de Vannes puis conseiller au parlement de Bretagne ;

Avant 1768, le manoir et les terres sont tenues "à titre de ferme" par François Philippe et Marie Philippe, sa fille.

10 juin 1768, le "lieu et le manoir de Tromartin" sont baillés pour 9 ans à titre de convenant et domaine congéable à Pierre Loyer et Anne Le Caër sa femme moyennant 300 livres en argent, 12 livres de lin prêt à filer, 9 parpagnés d’huîtres fraiches de Tréguier pour une valeur de 30 livres à Louis Jean-Baptiste de Kermoysan et également 300 livres en argent (payable en 4 fois), 12 livres de lin prêt à filer, 9 parpagnés d’huîtres fraiches de Tréguier livrables en 3 fois à tous les carêmes au Rumeur à Pommerit-le-Vicomte à sa mère douairière de Kermoysan. En sus, pour "commission et deniers d’entrée du présent bail à convenant", la somme de 750 livres payable comptant ainsi que 50 livres de lin "prêt à filer de belle filasse à la Saint-Michel". Pierre Loyer et Anne Le Caër se sont fiancés à Minihy-Tréguier le 24 avril 1763. Il s’est marié en seconde noce avec Marie Yvonne Le Bian en 1785.

- Jean-René de Kermoysan (propriétaire avant le 2 juin 1821), chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis demeurant à Ploërmel ;

- Pierre Caro, veuf, donataire de Elisabeth Le Lay et Jeanne-Marie Caro, sa fille, épouse de monsieur Aimé Jean-Marie Le Guen, employé de contributions indirectes en retraite deviennent propriétaire du manoir devenu "métairie de Tromartin" le 2 juin 1821 pour la somme de 25 000 francs. Ils sont "marchands ciriers" à Tréguier.

- Jeanne-Marie Caro (décédée en 1852) et Aimé Jean-Marie Le Guen (décédé il y a plus de 70 ans en 1920) ;

- Aimé Le Guen (seul héritier, décédée en 1867) et Jeanne-Marie Robert ;

- Alfred Le Guen, "receveur de l’enregistrement" demeurant à Cherbourg est devenu propriétaire lors d’un partage survenu le 28 janvier 1906 suite au décès de Aimé Le Guen à Tréguier en 1867 et de sa femme Jeanne-Marie Robert restée sa veuve décédée à Kerbellec à Mellionnec jusqu’en 1905. Veuf de Rosaria Tajan, il a également été receveur de l’enregistrement demeurant à Saint-Brieuc en 1920.

Alfred Le Guen, "receveur de l’enregistrement" demeurant à Cherbourg loue avec un "bail à ferme" aux époux Alain Le Glas et Françoise Le Yéodet, cultivateurs à Minihy-Tréguier le 15 septembre 1910 pour la somme annuelle de 1300 francs payable en deux fois. La maison à buée, le douët et les routoirs peuvent être sous loués au risque et péril des locataires mais doivent autoriser au fermier de la métairie de Kermartin la possibilité d’utiliser gratuitement l’un des routoirs. Les preneurs n’ont le droit qu’aux émondes de chênes et ormes : le "droit d’émonder les châtaigniers, frênes, hêtres, sycomores, acacias et autres arbres de décoration est exclusivement réservé au propriétaire". Il est mentionné l’existence d’une carrière dans la lande dite de Traou Martin qui peut être exploitée moyennant le paiement de 10 centimes par mètres cubes.

Alain Le Glas et Françoise Le Yéodet sont locataires pour 9 ans à partir du 29 septembre 1912.

En 1902, une partie des terres de la ferme de Traou Martin – sur une longueur de près de 350 mètres - est traversée par les chemins de fer départementaux pour l’établissement de la ligne Plouëc à Tréguier. Les parcelles concernées sont deux landes : Lautrur Martin (A 765) et Liors Bian (A 687), et une pâture nommée Traou Martin (A 688).

- Dominique et Pauline Broudic, cultivateurs à Plougrescant ont acheté la métairie à Alfred Le Guen le 21 juin 1920 pour la somme de 90 000 francs. La superficie des terres de la ferme est évaluée à 9,32 hectares.

- Louis Broudic (décédé en 2001).

  • Période(s)
    • Principale : 15e siècle, 16e siècle
    • Secondaire : 20e siècle

Cet ensemble bâti ancien, à la fois résidence seigneuriale et exploitation agricole est situé à seulement 200 mètres au sud-sud-ouest de l’église Saint-Yves. Le toponyme "Traou Martin", littéralement le "vallon de Martin", est mentionné sur le cadastre de 1835. On le trouve également écrit dans les archives : "Tromartin. L’institut national de l’information géographique et forestière (IGN) a retenu "Traou Martin". A signaler dans le bourg, deux toponymes très proches nommés "Kermartin" et "Crech Martin".

Selon les états de section du cadastre de 1835, les parcelles avoisinantes sont désignées comme "Liors Bian, labour" (n° 687), "Traou Martin, pâture" (n° 688), "Traou Martin, maison, bâtiment et cour" (n° 689), "Traou Martin, jardin" (n° 690, n° 692, n° 693), "Traou Martin, verger [barré] jardin" (n° 691), "Traou Martin, bâtiment" (n° 694), "venelle [barré] pâture" (n° 695), "parc an feutun [parc de la fontaine] [respectivement] labour et taillis" (n° 696, 697 et 698), "lossen ar haransquet", lande appartenant anciennement à la commune puis à Le Guen (n° 699), "an ty coué, buanderie" (n° 704) et "an ty coué, pâture" (n° 705).

En 1778, le manoir de Traou Martin est décrit ainsi : "maison principale à deux étages [rez-de-chaussée et premier étage], salle au bout du couchant d’icelle [à l’ouest, actuelle cuisine] ; au midi [au sud] de la maison principale, une tourelle de maçonne [maçonnerie] finissant en pavillon avec ses degrés [ses marches] pour la fréquentation ; au bout du couchant de la salle, une ancienne maison aussi à deux étages, le tout dans le même alignement ; au nord de ladite ancienne maison et couchant de la cour [à l’ouest], une écurie et une étable aussi sur le même alignement, avec ses murs de clôture et pignons, grenier au-dessus, le tout sous couverture d’ardoises.

La cour au nord et levant des dits édifices avec ses mur et clôtures au cerne [autour ?] soit en l’endroit desdits édifices, grande et petite porte cochère ; au nord, vers le chemin, au coin du couchant et nord de ladite cour, une soue à cochons sous couverture de paille, une autre étable et soue à cochons sous couverture de glui et pailles appuyés au mur de clôture au levant de ladite cour, tout ce qui contient son fond ; huit cordes et demies."

Une description datée de 1768 évoque également : "les vieux murs de ladite cour, les vestiges de murs d’une ancienne grange dans leur longueur".

Dans l’acte de vente de 1920 sont énumérés : "maison d’habitation ayant rez-de-chaussée, étage et grenier ; au couchant, maison de décharge et cave ; cour au nord ; écurie au couchant de la cour ; au nord-ouest, soue à porcs ; au levant de la cour, étables ; aire au paille au midi de la maison".

Du logis primitif décrit en 1778 subsiste aujourd’hui le corps de logis principal et le logis secondaire à l’ouest. Le corps de logis principal semble avoir été construit en deux fois ou partiellement reconstruit comme le montre les maçonneries de la façade nord. A l’est, le logis est flanqué d’une dépendance.

La porte en arc brisé nord et la souche de cheminée de plan circulaire semblent indiquer la partie la plus ancienne du logis correspondant à la partie occidentale du corps de logis principal datable du 15e siècle. La partie orientale du logis a été reconstruite au 16e siècle comme le montre la mise en œuvre (moellons schisteux et moellons en schiste tuffacé gris-verdâtre marqués par des traces d’outils de façonnement pour le gros-œuvre) et le style des ouvertures (linteau en accolade et appui saillant).

L’élévation principale au nord conserve deux portes en arc brisé et une travée – à l’est - composée de deux fenêtres à linteau en accolade et appui ayant conservé leur traverse. L’entourage des ouvertures fait appel à des granites gris ou rose. A signaler, l’arc de décharge en pierre de taille de schiste tuffacé situé au-dessus du linteau de la fenêtre du rez-de-chaussée. Les fenêtres ont probablement été murées lorsque le logis a été renversé vers le sud. Vers le nord, se dressait, la porte monumentale du manoir composé d’une porte piétonne et d’une porte cochère (remployé dans une maison proche).

L’élévation sud, côté jardin a été modifiée et a notamment perdu sa tour d’escalier (une porte en arc plein cintre murée demeure cependant visible au niveau du rez-de-chaussée). La façade de la partie occidentale du corps de logis principal se distingue par une alternance de moellons de granite et de pierre schisteuse. De ce côté, une fenêtre seulement a conservé son linteau en accolade. Le logis secondaire situé à l’ouest conserve au premier étage une fenêtre dont le linteau semble porter un calice (?).

Le corps de logis principal comprenait vraisemblablement deux pièces au-rez-de-chaussée : à l’est, une grande salle basse dotée d’une cheminée monumentale (à deux blasons mués) ; à l’ouest, une salle à usage probable de cuisine (la cheminée n’est pas visible). Le logis ouest a conservé une cheminée à manteau en bois et ses poutres au rez-de-chaussée et une porte en arc plein cintre donnant sur le corps de logis principal au niveau du premier étage. Selon la propriétaire actuelle, les marches de l’escalier en vis étaient en bois (certaines seraient conservées dans la grange).

Au sud-ouest du manoir, grange datable de la seconde moitié du 19e siècle.

  • Murs
    • granite moellon
    • schiste moellon
    • maçonnerie
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en charpente
  • État de conservation
    bon état, remanié
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    manoir

Documents d'archives

  • Seigneurie de Tromartin - titres : aveux. Paroisse du Minihy-Tréguier, familles de Chevoir, de Kermoisan et Le Long.

    Séquentiel : 253.

    Cote : 2 G 270.

    Dates : 1602-1778.

    Nombre éléments : 3 pièces.

    Métrage conservé : 0,01.

    Ancienne cote 1 : G art. 227.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 2 G 270
  • 10 juin 1768, bail à titre de convenant et domaine congéable du manoir de Tromartin à Minihy-Tréguier en faveur de Pierre Loyer et sa femme née Anne Le Caër par Louis Jean-Baptiste de Kermoisan - seigneur et propriétaire du fonds - demeurant à Kerozer, paroisse de Saint-Avé de Vannes. Collection particulière de madame Caroff à Minihy-Tréguier.

    Collection particulière
  • 3 avril 1778, bail à titre de convenant et domaine congéable du manoir de Tromartin à Minihy-Tréguier en faveur de Rolland René de Kermoisan de Traoumartin (son frère puiné) par Louis Jean-Baptiste de Kermoisan – seigneur et propriétaire du fonds - demeurant à Kerozer, paroisse de Saint-Avé de Vannes représenté par Pierre-Marie Cozic demeurant en la ville de Guingamp. Collection particulière de madame Caroff à Minihy-Tréguier.

    Collection particulière
  • 2 juin 1821 : contrat de vente de la métairie de Tromartin à Pierre Caro, veuf, donataire de Elisabeth Le Lay et Jeanne-Marie Caro, sa fille. Collection particulière de madame Caroff à Minihy-Tréguier.

    Collection particulière
  • 14 novembre 1823, transaction concernant le droit de rouissage dans les douets de Tromartin à Minihy-Tréguier. Collection particulière de madame Caroff à Minihy-Tréguier.

    Collection particulière
  • 15 septembre 1910 : bail à ferme aux époux Alain Le Glas et Françoise Le Yéodet, cultivateurs à Minihy-Tréguier. Collection particulière de madame Caroff à Minihy-Tréguier.

    Collection particulière
  • 21 juin 1920 : contrat de vente de la métairie de Traou Martin à Dominique et Pauline Broudic, cultivateurs à Plougrescant. Collection particulière de madame Caroff à Minihy-Tréguier.

    Collection particulière
  • Canton de Tréguier (22). Pré-inventaire de la commune de Minihy-Trégier par Nicole Chouteau et Viviane Maillen assistées de Didier Richard pour les photographies, 1973.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 152

Annexes

  • 10 juin 1768, bail à titre de convenant et domaine congéable du manoir de Tromartin à Minihy-Tréguier en faveur de Pierre Loyer et sa femme née Anne Le Caër par Louis Jean-Baptiste de Kermoisan - seigneur et propriétaire du fonds - demeurant à Kerozer, paroisse de Saint-Avé de Vannes
  • 3 avril 1778, bail à titre de convenant et domaine congéable du manoir de Tromartin à Minihy-Tréguier en faveur de Rolland René de Kermoisan de Traoumartin (son frère puiné) par Louis Jean-Baptiste de Kermoisan – seigneur et propriétaire du fonds - demeurant à Kerozer, paroisse de Saint-Avé de Vannes représenté par Pierre-Marie Cozic demeurant en la ville de Guingamp
  • 2 juin 1821 : contrat de vente de la métairie de Tromartin (extraits)
  • 14 novembre 1823, transaction concernant le droit de rouissage dans les douets de Tromartin à Minihy-Tréguier (extraits)
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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