Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
- inventaire topographique, Lannion-Trégor Communauté
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Schéma de cohérence territoriale du Trégor - Tréguier
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Commune
Minihy-Tréguier
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Lieu-dit
Traou Martin
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Dénominationsbassin, fontaine
La fontaine dite de saint Yves (8,4 x 6,1 mètres) et son douët à rouir situés au bord du Jaudy en contrebas du manoir de Traou Martin sont précisément décrits en 1778. Sont décrits également, "une maison à buée en appentis sous couverture d’ardoises" et immédiatement au nord "un petit douët à laver garnie de grosse taille et cailloux". Au sud, "trois autres douëts à rouir s’entrejoignant, garnis du côté de la côte vers le levant d’une chaussée en talus". L’inventaire de la vente de 1821 identifie également la "maison à buée couverte en ardoises, [le] douët à laver, [la] fontaine et quatre routoirs, ayant pour leur usage plusieurs cailloux et pierres d’affaissement" [poids destinés à maintenir sous l’eau les plantes textiles : lin ou chanvre lors de l’opération de macération ou "rouissage"].
En 1823, une transaction devant notaire est conclue entre les nouveaux propriétaires de la métairie de Traou Martin et le propriétaire de la métairie de Kermartin, pour "mettre fin aux discussions et prétentions élevées depuis longtemps […] sur les droits de rouissage de lin". Les propriétaires de la métairie de Kermartin ou "leurs représentants" sont autorisés à faire rouir gratuitement et tous les ans dans l’un des quatre routoirs existants près de la fontaine. La quantité de lin à rouir étant limité jusqu’à la "concurrence de 146 ares deux cinquième en semence de lin".
Sur le cadastre de 1835, on peut identifier huit bassins à rouir ou à laver près de la fontaine dite de Saint-Yves :
- "goas an parc" (n° 700), "goas ar binen" (n° 701), "goas creis" (n° 702), "goas an ty coué" (n° 703) appartenant à Le Guen (ensemble composé de quatre routoirs).
- "traou martin, routoir » (n° 753), attaché au Convenant de "Kernabat bian" appartenant à Geffroy de Chateaubriant et exploité par Gilles Yaouanc de Minihy désigné comme "colon".
- "traou martin, routoir" (n° 754) appartenant à Hyacinthe Quelen de Paris propriétaire de la métairie de Kermartin notamment.
- "traou martin, routoir" (n° 755) appartenant à Alain Le Goaster de Tréguier.
- "traou martin, routoir" (n° 756), attaché au Convenant de "Kernabat bras" appartenant à Geffroy de Châteaubriant et exploité par Yves Le Borgne de Tréguier désigné comme "colon".
Dans l’anse de Traou Martin, il ne subsiste aujourd’hui plus que les quatre routoirs appartenant au dénommé Le Guen en 1835 (voire, cinq ; le bassin n° 756 n'est pas visible : il semble avoir été envahi par la végétation).
La présence de routoirs à Minihy-Tréguier et dans le Trégor est liée à la culture et à la transformation de plantes textiles comme le lin ou chanvre. La commune de Minihy-Tréguier compte ainsi 30 routoirs selon les états de section du cadastre de 1835.
Deux à trois semaines par an (8 à 10 jours pour un bassin dit en eau courante), les tiges de lin ou de chanvre étaient immergées dans l’eau des bassins afin de séparer l'écorce de la tige afin d’en dégager les fibres. Cette opération de macération est appelée "rouissage". Des pierres ou lests "cailloux et pierres d’affaissement" (1821) permettaient de maintenir sous l’eau les plantes réunies en bottes.
Les quatre routoirs de Traou Martin dépendaient de la seigneurie homonyme exploité en métairie au 18e siècle. Si leur existence est attestée en 1778 par les archives, cet ensemble de "douët à rouir" pourrait être bien plus ancien (17e siècle ?). Les exploitants de la métairie de Traou Martin, "convenanciers" (du nom du type de bail) devaient à leur propriétaire chaque année à la Saint-Michel "12 livres de lin prêt à filer". Il s’agit ici de filasse de lin qu’il s’agit encore de filer, blanchir, puis tisser pour en faire des toiles. Au début du 20e siècle, le bail de la ferme précise qu’il est possible aux exploitants de sous-louer les routoirs "à leur risque et péril" alors même qu’un arrêté du préfet des Côtes-du-Nord interdit en 1896 la pratique du rouissage dans les ruisseaux et rivières du département afin de préserver la santé et la salubrité publique.
A partir de 1940, l’abandon des routoirs s’accélère : le rouissage ne se faisant plus par immersion dans l’eau, mais en exposant les plantes à l’humidité dans les prairies, après l’enlèvement des foins.
L'état sanitaire des routoirs de Traou Martin est préoccupant. A l'initiative de Marie-Yvonne Gallais, conseillère municipale de Minihy-Tréguier, et avec l'accord des propriétaires, les routoirs ont fait l'objet en mars 2019 d'un chantier d’insertion confié à une équipe du CASCI de Paimpol (Centre d’Action Sociale Culturelle et d’Insertion).
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Période(s)
- Principale : Temps modernes, 18e siècle
- Secondaire : Epoque contemporaine
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Dates
- 1778, daté par travaux historiques
Ensemble de quatre bassins rectangulaires à ciel ouvert aménagés en maçonnerie de moellon de granite et de schiste situé dans l’anse de Traou Martin. Ces bassins étaient alimentés en eau par la fontaine dite de Saint-Yves (dotée d'une niche à statue). Lors des grands coefficients de marée, leurs murs sont baignés par la mer. Les installations de Traou Martin permettait un rouissage quasi stagnant.
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Murs
- granite moellon
- schiste moellon
- maçonnerie
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État de conservationétat moyen
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Statut de la propriétépropriété privée
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Intérêt de l'œuvreà signaler
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Éléments remarquableslogis
- (c) Archives départementales des Côtes-d'Armor
- (c) Région Bretagne
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Documents d'archives
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3 avril 1778, bail à titre de convenant et domaine congéable du manoir de Tromartin à Minihy-Tréguier en faveur de Rolland René de Kermoisan de Traoumartin (son frère puiné) par Louis Jean-Baptiste de Kermoisan – seigneur et propriétaire du fonds - demeurant à Kerozer, paroisse de Saint-Avé de Vannes représenté par Pierre-Marie Cozic demeurant en la ville de Guingamp. Collection particulière de madame Caroff à Minihy-Tréguier.
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2 juin 1821 : contrat de vente de la métairie de Tromartin à Pierre Caro, veuf, donataire de Elisabeth Le Lay et Jeanne-Marie Caro, sa fille. Collection particulière de madame Caroff à Minihy-Tréguier.
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14 novembre 1823, transaction concernant le droit de rouissage dans les douets de Tromartin à Minihy-Tréguier. Collection particulière de madame Caroff à Minihy-Tréguier.
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15 septembre 1910 : bail à ferme aux époux Alain Le Glas et Françoise Le Yéodet, cultivateurs à Minihy-Tréguier. Collection particulière de madame Caroff à Minihy-Tréguier.
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Agriculture française, par MM. les inspecteurs de l'agriculture. Département des Côtes-du-Nord. Publié d'après les ordres de M. le ministre de l'agriculture et du commerce. Paris, Imprimerie royale, 1844.
Périodiques
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GALLAIS, Marie-Yvonne (à vérifier). "Des routoirs à marée en cours de restauration sur le Jaudy". Journal municipal de Minihy-Tréguier, mai 2019, n° 50, p. 12.
Lien web
- L'Ouest en mémoire : reportage sur "la toile de Bretagne, hier et aujourd'hui" (2 février 1965)
- L'Ouest en mémoire : reportage sur "François Le Moullec, le dernier teilleur de lin à Bégard" (17 mai 1978)
- Les pardons du peuple. Saint Yves entre le pauvre et le riche par Daniel Giraudon, 2004
- "Chantier d’insertion. Des routoirs rares nettoyés", Le Télégramme, 14 mars 2019
Annexes
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Liste des routoirs, moulins, buanderies et tanneries de Minihy-Tréguier à partir des états de section du cadastre de 1835
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Les plantes textiles : le lin (Agriculture française, par MM. les inspecteurs de l'agriculture. Département des Côtes-du-Nord, 1844)
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Les plantes textiles : le chanvre (Agriculture française, par MM. les inspecteurs de l'agriculture. Département des Côtes-du-Nord, 1844)
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L'industrie linière (Agriculture française, par MM. les inspecteurs de l'agriculture. Département des Côtes-du-Nord, 1844)
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"Des routoirs à marée en cours de restauration sur le Jaudy" extrait du Journal municipal de Minihy-Tréguier, mai 2019, n° 50, p. 12
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
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