La presqu'île de Pen Lann, en l’Armor-Pleubian, que la mer isole à grande marée, est composée d’un hameau de paysans goémoniers. Le port naturel de Lanros (sans infrastructures portuaires) accueille les bateaux de tonnage différent des pêcheurs, goémoniers et bateau de charge armés au bornage et au cabotage. Il faut préciser que la presqu’île de Lézardrieux a fourni grande nombre de marins au cabotage dans le 1er quart du 20e siècle, dont de nombreux capitaines armateurs, qui ont pu faire construire ces voiliers de travail, grâce à la coopération de quirataires, familles et amis, élus locaux (recherches de monsieur Yves Bohée).
L’usine d’alginates construite fin 19e siècle, qui a remplacé l’usine de Bréhat, a permit de développer la récolte des algues et la constitution d’une flottille de bateaux goémoniers, souvent construits dans le Finistère. En 1925, les frères Maton vont reprendre l’usine et développé le production d’iode et d’alginates.
La construction d’une jetée et d’un quai équipé d’un mât de charge permet de débarquer les algues des sloops, après la récolte de la marée au scoubidou manuel ou à l'aide de la guillotine.
La baie de Laneros offre également un abri aux vents d'ouest aux navires de charge. Une flottille importante choisit ce port d’échouage. Elle y trouve des charpentiers des grèves et de nombreux marins pour les équipages. Plus de 30 bateaux entre 3 et 40 tonnes y séjournent régulièrement : La "Petite Anna", caboteur sablier non motorisé et le sloop "Saint-Jean" de Le Forestier, familiers de l'Île Blanche pour son gisement de galets, le "Talisman", en attente de livrer du guano à Granville, le "Louis-Marie", sablier de l'Armor, gréé avec un mat de flèche, Pierre Le Parlouer son armateur, le "Servanig", dernier tape-cul de l'Armor à Auguste Le Saux, "L'Enfant Jésus" à Moussy (Meudal), goémonier de l'Armor, qui pouvait remonter le Jaudy jusqu'à la Roche-Derrien, chargé de galets, le "Zénith" à Eléazar Paranthoën, gabarre de 35 tonnes démolie à Pen Lan, et quelques canots de pêche côtière, dont "La Belle Eugénie" de Yves Marie Croajou, bateau polyvalent, gréé en sloop, qui a fait la langouste puis le goémon, "l'Henriette"et "Néréide", également armées à la petite pêche.
D’autres voiliers de travail armés au bornage fréquentent ce port : “L’Audacieux” à Yves Emery, La "Pauline", patron Job Le Tallec, "Le Goéland", patron Henri Le Meur, la barque "Napoléon", patron Émile Guillou, le sloop "Jeanne Marie", voilier de 24 tonneaux, patron François Le Bideau de Laneros, qui transportait comme fret pommes de terre Duke, poteaux de mine vers l’Angleterre et du charbon au retour de Cardiff (Pays de Galles). Il finira sa carrière dans la Rance. Les sloops "Petite Anna" et “Petit Jean”, patron Pierre Le Forestier effectuaient la même navigation. Le "Petit Jean" terminera sa navigation comme sablier.
Le Port de Laneros, au 1er quart du 20e siècle, on peut remarquer devant les locaux de l'usine d'algues : au premier plan, "Maryvonnic", T 410, gabarre pontée construite en 1899 à Paimpol, armateur Yves-Marie Paranthoën.
En 1912, le rôle d'équipage précise que 7 marins sont embarqués à bord :
- Yves-Marie Paranthoën, né le 22 juin 1889 à Pleubian, patron
- Yves-Marie Paranthoën, né le 20 août 1883, à Pleubian, patron
- François-Marie Bohu, matelot
- Antoine Le Forestier, né le 17 février 1876, matelot
- Pierre-Marie Guillou, né le 8 février 1865 à Pleubian, matelot
- Yves marie Riou, né le 27 juillet 1893 à Lanmodez, matrelot
- François-Marie Le Tallec, né le 11 juillet 1883 à Pleubian,matelot
On peut identifier également la gabarre pontée "Notre Dame de Bon Secours" T425, construit en 1907 à Paimpol, appartenant à MM. Boët et Bontemps (Société d'Electro-chimie) de Paris, commandée par Pierre Marie Bideau. Le sloop "Louis Marie", 22 tonneaux, construit à la Landriais sur Rance, armateur Louis Parlouer, armé au bornage, fit ensuite le goémon et le sable sur la côte trégorrois, échouant régulièrement sur l’île Blanche près du Sillon de Talbert, afin d’embarquer des galets ou du sable. Ce borneur naviguera jusqu’aux années 1960 avant de finir épave à Pen Lan.
Aujourd’hui, le port de Pen Lan est un havre d’échouage pour les pêcheurs plaisanciers et les ostréiculteurs.