Dossier d’œuvre architecture IA22133491 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Lycées en Bretagne
Lycée Auguste Pavie, 13 rue Anatole Le Braz (Guingamp)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne
  • Commune Guingamp
  • Adresse 13 rue Anatole Le Braz
  • Dénominations
    lycée

Construit pour faire face à l'explosion de la démographie scolaire, et en particulier du nombre d'internes, car Guingamp accueille des élèves venu d'un large territoire, le lycée Auguste Pavie présente un intérêt architectural certain.

Ses architectes, André Remondet (1908-1998) — ambassade de France aux Etats-Unis, lycée climatique d'Argelès-Gazost — et Patrice Simon (1918-2013) — aéroport et lycée hôtelier de Dinard — ont répondu aux attentes en termes d'industrialisation par l'usage, entre autres, de murs rideaux. La modénature est très soignée. Le plan de masse témoigne de l'adaptation habile du programme à une parcelle longitudinale comportant de fortes pentes.

Un soin particulier a également été apporté à la décoration. Cette dernière se compose d'une mosaïque monumentale de Gustave Singier et d'une sculpture de Georges Delahaie.

Le lycée est complété par un gymnase-piscine.

La restructuration des façades, au cours des années 2000, a modifié les élévations d'origine.

De l'école primaire supérieure au lycée

Le lycée Auguste Pavie de Guingamp est l'héritier de l'école primaire supérieure (E.P.S.). En 1916, cette dernière remplace l' "école mutuelle" qui existait déjà au 19e siècle, et s’était installée, en 1909, dans les bâtiments de l'ancien hôpital général. Des bâtiments neufs sont construits après la Première Guerre mondiale, à proximité immédiate, place du Champ-au-Roy. L’E.P.S. est ensuite érigée en collège, en 1942. Ce dernier prend en 1949 le nom d'Auguste Pavie, explorateur et diplomate de la fin du 19e siècle, en Extrême-Orient, qui avait fait ses études à Guingamp. L'établissement devient lycée en 1951.

L'explosion de la démographie scolaire rend les conditions d'accueil et d'hébergement critiques, tant et si bien qu'au milieu des années 1950, la ville acquiert le terrain et le "château"de Cadolan, pour y installer un nouveau lycée (délibération du Conseil municipal du 16 mars 1954). La municipalité décide, le 20 août 1958, d'acquérir également le terrain "Doniol" qui lui est mitoyen. Ces parcelles ont vocation à être transférées à l’État, à titre d'offre de concours.

Pendant la longue durée de l'expropriation du premier de ces terrains, qui dure de 1954 à mai 1958, car un occupant sans titre y résiste, le projet de construction se met en place.

André Remondet et Patrice Simon, architectes

En juillet 1955, l'architecte Henri Guibout propose ses services au maire, en association avec l'architecte André Remondet, déjà à l'ouvrage pour la construction du lycée de jeunes filles de la ville (aujourd'hui collège Jacques Prévert). Le directeur du second degré au ministère, Jacques Brunhold, rappelle au maire que, dans la mesure où le financement de la construction est assuré à 100% par l’État, il revient au seul Conseil général des bâtiments de France (C.G.B.F.) de désigner les architectes. C'est chose faite, par arrêté dudit conseil, le 20 février 1957. Si André Remondet, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux est bien retenu, il est associé, non pas à Henri Guibout, mais à Patrice Simon, alors architecte ordinaire des bâtiments civils et palais nationaux. Le financement à 100% par l’État, peu courant, est ici justifié par le fort engagement de la ville dans la construction du lycée de jeunes filles. Le statut du lycée à construire évolue cependant. En 1958, dans un courrier de l'inspecteur d'académie daté du 1er août, il est question d'un "lycée mixte".

L'année 1958 est également celle de l'étude du plan masse. La direction des équipements scolaires, universitaires et sportifs (D.E.S.U.S.) choisit, le 29 septembre, entre deux options, celle qui propose un internat en forme de "tour" de 6 étages sur rez-de-chaussée. Le plan masse est approuvé par le C.G.B.F le 7 avril 1959. Ce même conseil précise, le 17 novembre, le phasage de la construction de ce lycée prévu pour 920 externes et 552 internes : elle débutera par l'externat, sur le terrain Cadolan, et se poursuivra, dans un second temps, par l'internat, sur le terrain Doniol. Ce choix avait été déploré par le conseil d'administration du lycée, le 19 décembre 1958, car : "Les dortoirs actuels présent[aient] un entassement inhumain de lits dans des conditions d’hygiène déplorables." Précisant qu'il n'y avait qu'un WC pour 170 élèves. Le CA avait dû se satisfaire d'une solution provisoire : la mise à disposition de baraquements installés sur le jardin public à côté du lycée, au centre-ville. Autre témoignage de la délicate situation de l'internat, la demande adressée à l'architecte G. Beck pour aménager le château de Cadolan afin d'y loger 20 internes. Ce bâtiment a été détruit pour construire le lycée.

Installation dans les nouveaux bâtiments en 1961 (externat) et 1966 (internat)

Le devis descriptif établi le 30 mars 1960 évalue à 3,5 millions de franc le coût de la construction. Il indique que les architectes ont fait le choix de "murs rideaux" (470 000 francs), agrafés sur la trame de poteaux, poutres et planchers en béton armé.

L'externat neuf a ouvert en 1961, mais les internes ont du faire, à pied, le chemin entre le centre-ville et le lycée, jusqu'en 1966.

Le lycée est doté de deux œuvres au titre du 1% artistique qui sont présentées dans un dossier spécifique. André Remondet propose le sculpteur breton Georges Delahaie, qui crée un "soleil celtique", et le peintre Gustave Singier, auteur d'une mosaïque monumentale de 60 m par 1,6 m.

Une restructuration des façades très impactante

Au cours des années 2000, les façades sont restructurées.

Le bâtiment A (externat, administration, logements) est restauré au début des années 2000. L'architecte Roland Hoanen, installé à Guingamp, établit les plans à partir de 1998. En plus du changement des panneaux et des menuiseries des façades, un ascenseur est créé. Le rythme originel de la trame est conservé, tout comme la modénature soignée, en granite gris et rose, des deux pignons.

En 2001, la Région Bretagne commande un diagnostic à l'architecte Philippe Fauquert, pour les bâtiments B et C (internat-logements et restauration). Il établit que : "Les façades existantes n'assurent plus l'étanchéité [de l'internat] à l'air, à l'eau et thermique nécessaires au vu des normes actuelles. La dépose doit être envisagée dans son intégralité". Le même architecte se voit confier la maîtrise d'œuvre des travaux. Il remet un premier avant-projet sommaire, en 2002. La déclaration de travaux est acceptée le 29 juillet 2004. Leur réception a lieu le 8 novembre 2006.

Cette intervention modifie très sensiblement l'aspect des bâtiments, bien que le principe du mur rideau soit conservé. En sus de l'emploi de grands panneaux en fibres-ciment (sans amiante), colorés ou blancs, et de menuiseries en aluminium, le dessin des élévations de l'internat est bouleversé et les pignons occultés. Un préau fermé (ou sas) est également construit entre les bâtiments C et B. Le marché des travaux, attribué à l'entreprise Turmel, mandataire d'un groupement de cinq sociétés, atteint 1,64 millions d'euros.

Le lycée aujourd'hui

En 2020-2021, le lycée accueille 797 élèves dont 108 internes. Il prépare aux baccalauréats généraux et au bac technologique S.T.M.G. (sciences et technologies du management et de la gestion, ainsi qu'au BTS Relation clients.

Un contexte urbain résidentiel.

Le lycée Auguste Pavie est situé en ville, à 400 mètres au sud du centre, en bordure (ouest) d'un quartier résidentiel, peu dense, de la fin du 19e siècle. La gare est située à environ 400 m, au sud-est. Le lycée est implanté sur une parcelle de 3,2 ha, d'orientation nord-sud dans sa plus grande longueur.

Un plan de masse simple articulant quatre bâtiments.

Il est composé d'un ensemble de quatre bâtiments dont les fonctions dominantes sont : externat, restauration scolaire, internat et gymnase-piscine.

Une architecture tramée et des murs rideaux.

Les deux barres d'externat et d'internat sont orientées nord-sud. Ce sont des bâtiments tramés, à structure poteaux-poutres et planchers en béton armé. Les façades sont des murs rideaux. Elles ont fait l'objet d'un réhabilitation thermique avec des panneaux de couleur différente pour chacune d'entre elles.

La première barre (bâtiment A) mesure 102 m par 17,5 m. Elle comporte cinq niveaux, dont un rez-de-chaussée bas, au sud et trois au nord, compte tenu de la déclivité du terrain. Cette barre est desservie par des couloirs centraux et des escaliers à chaque extrémité et au centre. Elle héberge, outre les classes, l'administration et des logements de fonction. Devant la façade est, côté sud, les architectes se sont adaptés à la forte déclivité du terrain en installant une terrasse qui prolonge la cour principale et constitue le toit du préau implanté au rez-de-chaussée bas. Le long garde-corps en béton de cette terrasse sert de support à une mosaïque monumentale.

La deuxième barre (bâtiment B) mesure 63 m par 17,5 m et est distribuée selon les mêmes principes. Elle comporte 7 niveaux. Outre l'internat, et abrite des classes et des logements de fonction, dans sa partie nord.

Cette barre était, à l'origine, reliée au bâtiment de la restauration par un simple préau, aujourd'hui transformé en hall vitré.

Le bâtiment C est celui de la restauration scolaire, de l'infirmerie et du foyer. II est de plan rectangulaire et mesure 52 m par 26 m. Il est orienté est ouest. Il comporte deux niveaux dont un rez-de-chaussée bas à l'est. Le rez-de-chaussée haut est organisé autour d'un patio.

Le quatrième bâtiment de cet ensemble, le gymnase-piscine, est étudié dans un dossier spécifique.

Un soin particulier apporté au décor des façades et des escaliers.

Le mur pignon du bâtiment A, au nord, côté cour, le pavage originel de la terrasse au dessus du préau, les cloisons entre salles de classes et couloirs, les murs des escaliers intérieurs et extérieurs ou encore leur rampes ont été traités avec soin et dessinés par les architectes (voir plans et photos dans les illustrations). Ces modénatures peuvent être aussi bien d'alternance de granite gris et rose ou de gravure dans le béton.

La décoration au titre du 1% artistique est composée de deux œuvres.

La mosaïque monumentale de Gustave Singier (1962) et la sculpture métallique de Georges Delahaie (1972) sont présentées dans un dossier spécifique.

  • Murs
    • béton
  • Toits
    zinc en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Statut de la propriété
    propriété de la région, Code : 0220018A

Documents d'archives

  • Archives de la Région Bretagne : 1877W44 ; 1369W32 ; 1923W10. Dossiers sur la restructuration des façades (autorisation d'urbanisme et marché)

    Région Bretagne (Service des archives) : 1877W44 ; 1369W32 ; 1923W10

Bibliographie

  • BRANCHEREAU, Jean-Pierre, CROIX, Alain, GUYVARC'H, Didier, PANFILI, Didier. Dictionnaire des lycées publics de Bretagne. Geriadur liseoù publik Breizh. Histoire, culture, patrimoine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, 656 p.

Documents figurés

  • Archives Nationales : 19771564/20. Sans titre. Dossier concernant la construction du lycée A. Pavie de Guingamp. Ministère de l’Éducation nationale, DESUS.

    Archives Nationales : 19771564/20
  • Musée de Bretagne (Rennes) : 971.0037.2858 ; 971.0037.9662.2 ; 971.0037.9670.2. Heurtier, Guingamp lycée Auguste Pavie, 1963 et 1966.

    Musée de Bretagne (Rennes) : 971.0037.2858 ; 971.0037.9662.2 ; 971.0037.9670.2

Annexes

  • GUINGAMP_PAVIE_PLAN_Topo_2020 :
  • AN_ 19771564_20_ Lycée A. Pavie de Guingamp_Externat, plan des escaliers_A. Remondet et P. Simon, architectes, 1959 :
  • AN_ 19771564_20_ Lycée A. Pavie de Guingamp_Externat, plan du garage à vélos et accès extérieurs_A. Remondet et P. Simon, architectes, 1959 :
  • AN_ 19771564_20_ Lycée A. Pavie de Guingamp_Externat, plans ddes 2e et 3e étages_A. Remondet et P. Simon, architectes, 1959 :
  • AN_ 19771564_20_ Lycée A. Pavie de Guingamp_Externat, plans du rdc et 1er étage_A. Remondet et P. Simon, architectes, 1959 :
  • AN_ 19771564_20_ Lycée A. Pavie de Guingamp_Externat, plans du sous-sol et des toitures_A. Remondet et P. Simon, architectes, 1959 :
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020