De l'école primaire supérieure au lycée
Le lycée Auguste Pavie de Guingamp est l'héritier de l'école primaire supérieure (E.P.S.). En 1916, cette dernière remplace l' "école mutuelle" qui existait déjà au 19e siècle, et s’était installée, en 1909, dans les bâtiments de l'ancien hôpital général. Des bâtiments neufs sont construits après la Première Guerre mondiale, à proximité immédiate, place du Champ-au-Roy. L’E.P.S. est ensuite érigée en collège, en 1942. Ce dernier prend en 1949 le nom d'Auguste Pavie, explorateur et diplomate de la fin du 19e siècle, en Extrême-Orient, qui avait fait ses études à Guingamp. L'établissement devient lycée en 1951.
L'explosion de la démographie scolaire rend les conditions d'accueil et d'hébergement critiques, tant et si bien qu'au milieu des années 1950, la ville acquiert le terrain et le "château"de Cadolan, pour y installer un nouveau lycée (délibération du Conseil municipal du 16 mars 1954). La municipalité décide, le 20 août 1958, d'acquérir également le terrain "Doniol" qui lui est mitoyen. Ces parcelles ont vocation à être transférées à l’État, à titre d'offre de concours.
Pendant la longue durée de l'expropriation du premier de ces terrains, qui dure de 1954 à mai 1958, car un occupant sans titre y résiste, le projet de construction se met en place.
André Remondet et Patrice Simon, architectes
En juillet 1955, l'architecte Henri Guibout propose ses services au maire, en association avec l'architecte André Remondet, déjà à l'ouvrage pour la construction du lycée de jeunes filles de la ville (aujourd'hui collège Jacques Prévert). Le directeur du second degré au ministère, Jacques Brunhold, rappelle au maire que, dans la mesure où le financement de la construction est assuré à 100% par l’État, il revient au seul Conseil général des bâtiments de France (C.G.B.F.) de désigner les architectes. C'est chose faite, par arrêté dudit conseil, le 20 février 1957. Si André Remondet, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux est bien retenu, il est associé, non pas à Henri Guibout, mais à Patrice Simon, alors architecte ordinaire des bâtiments civils et palais nationaux. Le financement à 100% par l’État, peu courant, est ici justifié par le fort engagement de la ville dans la construction du lycée de jeunes filles. Le statut du lycée à construire évolue cependant. En 1958, dans un courrier de l'inspecteur d'académie daté du 1er août, il est question d'un "lycée mixte".
L'année 1958 est également celle de l'étude du plan masse. La direction des équipements scolaires, universitaires et sportifs (D.E.S.U.S.) choisit, le 29 septembre, entre deux options, celle qui propose un internat en forme de "tour" de 6 étages sur rez-de-chaussée. Le plan masse est approuvé par le C.G.B.F le 7 avril 1959. Ce même conseil précise, le 17 novembre, le phasage de la construction de ce lycée prévu pour 920 externes et 552 internes : elle débutera par l'externat, sur le terrain Cadolan, et se poursuivra, dans un second temps, par l'internat, sur le terrain Doniol. Ce choix avait été déploré par le conseil d'administration du lycée, le 19 décembre 1958, car : "Les dortoirs actuels présent[aient] un entassement inhumain de lits dans des conditions d’hygiène déplorables." Précisant qu'il n'y avait qu'un WC pour 170 élèves. Le CA avait dû se satisfaire d'une solution provisoire : la mise à disposition de baraquements installés sur le jardin public à côté du lycée, au centre-ville. Autre témoignage de la délicate situation de l'internat, la demande adressée à l'architecte G. Beck pour aménager le château de Cadolan afin d'y loger 20 internes. Ce bâtiment a été détruit pour construire le lycée.
Installation dans les nouveaux bâtiments en 1961 (externat) et 1966 (internat)
Le devis descriptif établi le 30 mars 1960 évalue à 3,5 millions de franc le coût de la construction. Il indique que les architectes ont fait le choix de "murs rideaux" (470 000 francs), agrafés sur la trame de poteaux, poutres et planchers en béton armé.
L'externat neuf a ouvert en 1961, mais les internes ont du faire, à pied, le chemin entre le centre-ville et le lycée, jusqu'en 1966.
Le lycée est doté de deux œuvres au titre du 1% artistique qui sont présentées dans un dossier spécifique. André Remondet propose le sculpteur breton Georges Delahaie, qui crée un "soleil celtique", et le peintre Gustave Singier, auteur d'une mosaïque monumentale de 60 m par 1,6 m.
Une restructuration des façades très impactante
Au cours des années 2000, les façades sont restructurées.
Le bâtiment A (externat, administration, logements) est restauré au début des années 2000. L'architecte Roland Hoanen, installé à Guingamp, établit les plans à partir de 1998. En plus du changement des panneaux et des menuiseries des façades, un ascenseur est créé. Le rythme originel de la trame est conservé, tout comme la modénature soignée, en granite gris et rose, des deux pignons.
En 2001, la Région Bretagne commande un diagnostic à l'architecte Philippe Fauquert, pour les bâtiments B et C (internat-logements et restauration). Il établit que : "Les façades existantes n'assurent plus l'étanchéité [de l'internat] à l'air, à l'eau et thermique nécessaires au vu des normes actuelles. La dépose doit être envisagée dans son intégralité". Le même architecte se voit confier la maîtrise d'œuvre des travaux. Il remet un premier avant-projet sommaire, en 2002. La déclaration de travaux est acceptée le 29 juillet 2004. Leur réception a lieu le 8 novembre 2006.
Cette intervention modifie très sensiblement l'aspect des bâtiments, bien que le principe du mur rideau soit conservé. En sus de l'emploi de grands panneaux en fibres-ciment (sans amiante), colorés ou blancs, et de menuiseries en aluminium, le dessin des élévations de l'internat est bouleversé et les pignons occultés. Un préau fermé (ou sas) est également construit entre les bâtiments C et B. Le marché des travaux, attribué à l'entreprise Turmel, mandataire d'un groupement de cinq sociétés, atteint 1,64 millions d'euros.
Le lycée aujourd'hui
En 2020-2021, le lycée accueille 797 élèves dont 108 internes. Il prépare aux baccalauréats généraux et au bac technologique S.T.M.G. (sciences et technologies du management et de la gestion, ainsi qu'au BTS Relation clients.
Chargé d'études à l'Inventaire