Dossier d’œuvre architecture IA22133634 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Lycées en Bretagne
Lycée Polyvalent La-Fontaine-des-Eaux, 48, promenade de la Fontaine des Eaux (Dinan)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne
  • Commune Dinan
  • Adresse 48 promenade de la Fontaine des Eaux

Le lycée La-Fontaine-des-Eaux de Dinan (22) est le grand établissement polyvalent de l'est des Côtes-d'Armor. Rayonnant sur un vaste territoire, il est conçu, au début des années 1960, pour accueillir 1240 internes, dont 1 120 garçons.

Dessiné par l'architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux Patrice Simon (1918-2013), il présente une architecture singulière alliant la modernité inhérente au respect des normes constructives du ministère et le régionalisme affirmé par la présence massive du granite en façade et de l'ardoise sur les toitures.

Dans cet ensemble se distinguent cependant, pour leur qualité particulière, le gymnase et les ateliers.

La décoration au titre du 1% artistique est composée de deux œuvres : une sculpture en marbre de carrare de Viliano Tarabella (1937-2003) et une céramique monumentale d'André Masson (1919-2009) et André Borderie (1928-1998).

Une restructuration importante a été conduite au début des années 2000 par l'architecte Thierry Soquet (né en 1960) dont les interventions, facilement identifiables, s'intègrent bien à l'architecture existante.

Le lycée Polyvalent La-Fontaine-des-Eaux de Dinan, est l'héritier de plusieurs établissements installés à Dinan, parfois de longue date.

Il l'est, en premier lieu, du collège qui s'est développé dans l'ancien couvent de Bénédictines, de façon éphémère avant la Révolution française et sous le Premier Empire puis, durablement, à partir de 1830. Construit aux 17e et 18e siècle, ce couvent est en partie protégé au titre des monuments historiques. Cet établissement scolaire est agrandi, en 1930, afin d'y développer l'enseignement professionnel, sous la forme d'une école pratique de commerce et d'industrie, dont les plans sont donnés par l'architecte Georges-Robert Lefort.

Avant la Seconde Guerre mondiale, Dinan possède aussi une école primaire supérieure de jeunes filles qui devient collège moderne, en 1941. S'y ajoute un centre d'apprentissage féminin qui s'installe, à la Libération, dans la propriété dite de Ker-Siam.

Un ensemble monumental, alliant modernité et régionalisme, pour faire face à "l'explosion scolaire".

Pour faire face à l'explosion des effectifs du secondaire des années 1950-1960, accentuée ici par la large zone de recrutement de l'établissement, une extension sur place est d'abord envisagée. L'architecte Lesaux établit 14 projets successifs. L'espace disponible sur place s'avérant insuffisant, la construction d'un nouvel ensemble sur un autre site nécessaire. Une parcelle de 11ha, située au nord-est de la ville, est choisie à cette fin.

Sa construction est confiée à l'Architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux, Patrice Simon, par délibération du Conseil municipal de Dinan, le 21 mars 1958. Le premier plan masse est établi, en 1961, puis les plans d'avant-projet et de projet, en 1962, pour un ensemble qui comprend, un collège classique et moderne de garçons, un lycée technique municipal de garçons avec section commerciales mixte et un collège d'enseignement technique de garçons. Ainsi, un internat de 120 lits et une infirmerie sont destinés aux filles, tandis que les dortoirs masculins sont conçus pour accueillir 1120 élèves.

L'architecture du lycée respecte les normes de construction de l'éducation nationales en vigueur à l'époque : bâtiments industrialisés monofonctionnels de plan rectangulaires, dont les plans sont établis sur la base d'une trame de 1,75 m. A la fois par souci d'intégration architecturale et par adhésion à un certain régionalisme architectural, Patrice Simon leur donne des façades en granite et des toitures en ardoises. La monumentalité du grand internat de 1120 lits, avec ses 7 niveaux, rez-de-chaussée bas et haut compris, est à souligner.

Ateliers et gymnase présentent une grande qualité architecturale

Situés de part et d'autre de la parcelles, ateliers et gymnase proposent une esthétique beaucoup plus moderne.

Les premiers mesurent près de 130 mètres par 48 et reposent sur des fondations spéciales. Ils sont dotés d'une charpente en lamellé-collé dont la portée est en soi une prouesse architecturale. Ils sont couverts d'une voute percée de dômes. Ce principe de couverture est moins fréquent que les sheds en dent de scie et structure métallique.

Le gymnase à toiture sinusoïdale compte parmi les plus intéressantes salles de sport construites en Bretagne à cette période, avec celles des architectes Louis Arrteche et Yves Guillou notamment.

Une importante restructuration des années 2000 (Thierry Soquet, Architecture Plurielle)

De 1997 à 2008, l'agence Architecture Plurielle, dirigée par Thierry Soquet, entreprend une importante restructuration en plusieurs phases. Celle-ci conduit notamment à la disparition du hall d’accueil originel et à la création de trois tours d'escaliers, de deux halls vitrés et d'un CDI.

Sur la base de plans datés de décembre 1999, mais transmis à la préfecture de Région en novembre 2000, le bâtiment 4 (restauration scolaire) est agrandi et restructuré. Trois escaliers hors d’œuvre sont également construits devant la façade ouest de l'ancien bâtiment d'internat, reconfiguré en internat et externat. Ils sont en outre dotés d'ascenseurs. Un oriel de forme carré est créé sur la façade est.

La restructuration se poursuit à partir de 2003 (date des avants-projets sommaire et détaillé). C'est alors que le hall d'accueil originel est détruit, dégageant une esplanade dans l'axe de l'entrée du lycée. Cette déconstruction entraine le transfert de l'une des œuvres du 1% du lycée. Un hall d’accueil vitré, de deux niveaux, est construit en façade nord de l'administration. L'internat-externat, déjà en partie restructurée précédemment, se voit doter d'un hall vitré pour les élèves, en excroissance au rez-de-chaussée, côté ouest. Il est situé entre deux des escaliers construits quelques mois auparavant. A l'est, un second oriel, rectangulaire, est ajouté à la façade pour accueillir le nouveau CDI.

L'architecte estimait que : "Les bâtiments actuels [étaient] d'une grande rigueur unitaire" . Il voulait que le lycée "ne soit pas un "patchwork" d'architectures différentes". Cet objectif l'a conduit à conserver la rigueur observée tout en la modernisant.

Les effectifs du lycée ont fluctué dans le temps. Le nouvel établissement ouvre en 1966 avec 772 élèves. Il atteint près de 2600 élèves, au début des années 1990 et en conserve environ 2000, en 2026. Il comporte une annexe sur le site de Ker-Siam, agrandi et modernisé en 1986.

Une implantation spécifique

L'implantation du lycée, à l'origine en périphérie nord-est de Dinan, dans un contexte de parcelles de cultures maraichères, est très spécifique car il se situe en bordure d'une vallée boisée, où coule un ruisseau, l'Argentel, non loin de sa confluence avec la Rance. Si les paysages se sont urbanisés à l'ouest, avec une dominante de petits pavillons, l'environnement reste ainsi très naturels et pentus à l'ouest, ménageant ponctuellement des vues sur les bourgs de l'autre côté des vallées, et sur le viaduc routier qui surplombe le port de Dinan.

Un plan de masse conditionné par la parcelle

La parcelle d'implantation mesure aujourd’hui 8,8 ha. La densité du bâti est nuancée par le boisement à l'est et les espaces importants dédiés aux activités sportives — les vues aériennes des années 1960, publiées en illustration de ce dossier, montrent à quel point ils étaient vastes à l'origine.

La forte déclivité, d'ouest en est, a conduit l'architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, Patrice Simon, à implanter les bâtiments sur les hauteurs ouest de la parcelle et à les doter de rez-de-chaussée hauts et bas, pour l'internat de garçons par exemple. Une galerie de circulation de deux niveaux répond de manière originale à la topographie.

La configuration longitudinale du terrain, selon un axe nord sud, a également conditionné l'implantation des bâtiments. La longueur imposante de l'internat de garçons, d'environ 151 mètres, symbolise la forme "étirée" du lycée dans son ensemble. L'architecte a cependant tenté de créer une centralité dans l'établissement, à l'est et en contrebas du hall d'accueil d'origine, dont l'unique niveau rompait avec la hauteur de l'internat adjacent, avec ses sept niveaux. Cette cour rectangulaire, bordée de galeries couvertes, évoque la figure du cloitre. L'escalier d'accès à celle-ci, se distingue par son caractère monumental et ses formes en rupture avec le modernisme : une manière d'affirmer un peu plus un régionalisme assumé (granite, ardoise) dans un urbanisme conditionné par les normes scolaires et l'industrialisation, moderne par essence ?

Un programme classique et très complet

Le programme pédagogique "extensif" de l'établissement, regroupant des formations générales et techniques, pour garçons et filles, a conduit à un programme technique des plus complets. Hormis l'administration comprenant des logements aux étages, et les "services communs", regroupant cuisines, études et garages à vélo (organisation opportuniste permise par la déclivité du terrain ?), le lycée comporte à l'origine, un internat de garçons, un autre de filles, deux infirmeries, des ateliers et un externat.

Une des originalités de ce dernier est de comprendre à la fois des salles d'enseignement général et des salles spécialisées pour les sciences, mais aussi des classes pour les formations techniques, à l'époque dédiées aux filles. Le plan des étages de l'externat et une série de photographies réalisées à la demande de l'entreprise en charge des installations électriques représentent un témoignage d'une qualité plutôt rare. Ils sont publiés en illustration du dossier)

Une architecture moderne sur le plan structurel et régionaliste sur le plan formel pour l'ensemble du bâti

Ce qui distingue les barres scolaires du lycée La Fontaine-des-eaux de la plupart de leurs contemporaines, est l'emploi massif du granite sur les façades et de l'ardoise sur les toitures en pavillon et à forte pente. Structurellement, elles sont modernes avec une trame poteaux - poutres - planchers en béton. Une vue aérienne de 1966 montre fort bien cette technique. Internats et externats sont desservis par des couloirs centraux et des escaliers dans œuvre. Salles de classe et chambres sont ainsi orientées à l'est et à l'ouest.

Un gymnase et des ateliers de grande qualité architecturale

Les lignes soignées du gymnase et des ateliers, l'emploi de poutres en bois lamellé-collé sur les très grands ateliers (6240 m2 de surface au sol : 130 m x 48 m sur la largeur) pour ce dernier, ou les huisseries en béton des verrières du premier, témoignent à l'inverse d'une modernité assumée. La qualité architecturale de ces deux bâtiments mérite d'être signalée.

Une restructuration très contemporaine

A la fin des années 1990, la Région Bretagne confie à l'architecte Thierry Soquet et à son équipe d'Architecture Plurielle une restructuration qui est menée en plusieurs phases au début des année 2000. Elle ne bouleverse pas complètement le paysage architectural. Seuls le hall d'entrée reliant l'internat de garçons à l'administration et un petit préau, trait d'union entre les services communs et l'externat, sont démolis.

Sur le plan visuel, l'usage de verre teinté de ton bleu permet d'identifier les interventions.

De nouveaux volumes ont été ajoutés : un hall d'accueil au nord de l'administration, deux oriels en façade est de l'internat de garçons ainsi que trois cages d'escaliers hors d’œuvre et un hall en façade ouest de ce même internat. Ces derniers permettent en outre de répondre aux exigences d'accessibilité. Un nouveau bâtiment abritant des salles de restauration, au-dessus de la nouvelle infirmerie, s'intègre entre les services communs et l'externat, en lieu et place de l'ancien préau.

Ces interventions témoignent des besoins de modernisation des espaces liés à ces fonctions, mais sont également très riches d’enseignements sur les évolutions la vie scolaire. La baisse du nombre d'internes permet de libérer des mètres carrés pour agrandir l'externat à l'intérieur de l'ancien internat de garçons. La création d'un véritable CDI, de grande dimension, au cœur de ce bâtiment témoigne de la place centrale de ces centres de documentations au sein d'un établissement, qui ne se dément pas depuis le milieu des années 1970. Ce nouveau "cœur" est de surcroit souligné par l'oriel côté est et un nouveau hall côté ouest. Notons que la structure des barres scolaires des Trente glorieuses, avec le réseau de poteaux poutres et planchers en béton, permet de libérer des plateaux entiers. Elle autorise ainsi les changements de fonctions, de dortoirs en salles de classes ou de foyers en CDI, sans avoir besoin de démolir entièrement et de construire ex-nihilo.

Logements de fonction

Les logements de fonction sont des appartements situés dans le bâtiment administration - logements. Ils ont été complétés par la construction de quatre pavillons : un en 1985 et trois en 2002.

  • Murs
    • béton
    • granite
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
    • escalier hors-oeuvre
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Statut de la propriété
    propriété de la région

Documents d'archives

  • Archives Nationales : 19771564/20. Simon [Patrice], Plans d'avant-projet, 1962.

    Archives Nationales : 19771564/20
  • Archives Nationales : 1977156419. Simon [Patrice], Plans d'avant projet, 1961 et 1962

    Archives Nationales : 19771564/19 et /20
  • Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : 243 W 2 à 243 W 7. Plans, correspondance, devis descriptif...

    Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : 243 W 2 à 243 W 7
  • Région Bretagne (Service des archives) : 1462 W 49. Lycée La-Fontaine-des-Eaux (Dinan). Restructuration générale, 2002-2004.

    Région Bretagne (Service des archives) : 1462 W 49
  • Région Bretagne (Service des archives) : 801 W 5. Lycée La-Fontaine-des-Eaux (Dinan). Restructuration de l'externat bâtiment 1 et extension du bâtiment 4, 1999-2000.

    Région Bretagne (Service des archives) : 801 W 5

Bibliographie

  • BRANCHEREAU, Jean-Pierre, CROIX, Alain, GUYVARC'H, Didier, PANFILI, Didier. Dictionnaire des lycées publics de Bretagne. Geriadur liseoù publik Breizh. Histoire, culture, patrimoine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, 656 p.

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023