Une implantation spécifique
L'implantation du lycée, à l'origine en périphérie nord-est de Dinan, dans un contexte de parcelles de cultures maraichères, est très spécifique car il se situe en bordure d'une vallée boisée, où coule un ruisseau, l'Argentel, non loin de sa confluence avec la Rance. Si les paysages se sont urbanisés à l'ouest, avec une dominante de petits pavillons, l'environnement reste ainsi très naturels et pentus à l'ouest, ménageant ponctuellement des vues sur les bourgs de l'autre côté des vallées, et sur le viaduc routier qui surplombe le port de Dinan.
Un plan de masse conditionné par la parcelle
La parcelle d'implantation mesure aujourd’hui 8,8 ha. La densité du bâti est nuancée par le boisement à l'est et les espaces importants dédiés aux activités sportives — les vues aériennes des années 1960, publiées en illustration de ce dossier, montrent à quel point ils étaient vastes à l'origine.
La forte déclivité, d'ouest en est, a conduit l'architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, Patrice Simon, à implanter les bâtiments sur les hauteurs ouest de la parcelle et à les doter de rez-de-chaussée hauts et bas, pour l'internat de garçons par exemple. Une galerie de circulation de deux niveaux répond de manière originale à la topographie.
La configuration longitudinale du terrain, selon un axe nord sud, a également conditionné l'implantation des bâtiments. La longueur imposante de l'internat de garçons, d'environ 151 mètres, symbolise la forme "étirée" du lycée dans son ensemble. L'architecte a cependant tenté de créer une centralité dans l'établissement, à l'est et en contrebas du hall d'accueil d'origine, dont l'unique niveau rompait avec la hauteur de l'internat adjacent, avec ses sept niveaux. Cette cour rectangulaire, bordée de galeries couvertes, évoque la figure du cloitre. L'escalier d'accès à celle-ci, se distingue par son caractère monumental et ses formes en rupture avec le modernisme : une manière d'affirmer un peu plus un régionalisme assumé (granite, ardoise) dans un urbanisme conditionné par les normes scolaires et l'industrialisation, moderne par essence ?
Un programme classique et très complet
Le programme pédagogique "extensif" de l'établissement, regroupant des formations générales et techniques, pour garçons et filles, a conduit à un programme technique des plus complets. Hormis l'administration comprenant des logements aux étages, et les "services communs", regroupant cuisines, études et garages à vélo (organisation opportuniste permise par la déclivité du terrain ?), le lycée comporte à l'origine, un internat de garçons, un autre de filles, deux infirmeries, des ateliers et un externat.
Une des originalités de ce dernier est de comprendre à la fois des salles d'enseignement général et des salles spécialisées pour les sciences, mais aussi des classes pour les formations techniques, à l'époque dédiées aux filles. Le plan des étages de l'externat et une série de photographies réalisées à la demande de l'entreprise en charge des installations électriques représentent un témoignage d'une qualité plutôt rare. Ils sont publiés en illustration du dossier)
Une architecture moderne sur le plan structurel et régionaliste sur le plan formel pour l'ensemble du bâti
Ce qui distingue les barres scolaires du lycée La Fontaine-des-eaux de la plupart de leurs contemporaines, est l'emploi massif du granite sur les façades et de l'ardoise sur les toitures en pavillon et à forte pente. Structurellement, elles sont modernes avec une trame poteaux - poutres - planchers en béton. Une vue aérienne de 1966 montre fort bien cette technique. Internats et externats sont desservis par des couloirs centraux et des escaliers dans œuvre. Salles de classe et chambres sont ainsi orientées à l'est et à l'ouest.
Un gymnase et des ateliers de grande qualité architecturale
Les lignes soignées du gymnase et des ateliers, l'emploi de poutres en bois lamellé-collé sur les très grands ateliers (6240 m2 de surface au sol : 130 m x 48 m sur la largeur) pour ce dernier, ou les huisseries en béton des verrières du premier, témoignent à l'inverse d'une modernité assumée. La qualité architecturale de ces deux bâtiments mérite d'être signalée.
Une restructuration très contemporaine
A la fin des années 1990, la Région Bretagne confie à l'architecte Thierry Soquet et à son équipe d'Architecture Plurielle une restructuration qui est menée en plusieurs phases au début des année 2000. Elle ne bouleverse pas complètement le paysage architectural. Seuls le hall d'entrée reliant l'internat de garçons à l'administration et un petit préau, trait d'union entre les services communs et l'externat, sont démolis.
Sur le plan visuel, l'usage de verre teinté de ton bleu permet d'identifier les interventions.
De nouveaux volumes ont été ajoutés : un hall d'accueil au nord de l'administration, deux oriels en façade est de l'internat de garçons ainsi que trois cages d'escaliers hors d’œuvre et un hall en façade ouest de ce même internat. Ces derniers permettent en outre de répondre aux exigences d'accessibilité. Un nouveau bâtiment abritant des salles de restauration, au-dessus de la nouvelle infirmerie, s'intègre entre les services communs et l'externat, en lieu et place de l'ancien préau.
Ces interventions témoignent des besoins de modernisation des espaces liés à ces fonctions, mais sont également très riches d’enseignements sur les évolutions la vie scolaire. La baisse du nombre d'internes permet de libérer des mètres carrés pour agrandir l'externat à l'intérieur de l'ancien internat de garçons. La création d'un véritable CDI, de grande dimension, au cœur de ce bâtiment témoigne de la place centrale de ces centres de documentations au sein d'un établissement, qui ne se dément pas depuis le milieu des années 1970. Ce nouveau "cœur" est de surcroit souligné par l'oriel côté est et un nouveau hall côté ouest. Notons que la structure des barres scolaires des Trente glorieuses, avec le réseau de poteaux poutres et planchers en béton, permet de libérer des plateaux entiers. Elle autorise ainsi les changements de fonctions, de dortoirs en salles de classes ou de foyers en CDI, sans avoir besoin de démolir entièrement et de construire ex-nihilo.
Logements de fonction
Les logements de fonction sont des appartements situés dans le bâtiment administration - logements. Ils ont été complétés par la construction de quatre pavillons : un en 1985 et trois en 2002.
Chargé d'études à l'Inventaire