Dossier de présentation du mobilier IM22025177 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Lycées en Bretagne
Décoration au titre du 1% artistique du Lycée Polyvalent La-Fontaine-des-Eaux, 48, promenade de la Fontaine des Eaux (Dinan), Lycée Polyvalent La-Fontaine-des-Eaux, 48, promenade de la Fontaine des Eaux (Dinan)

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne

La décoration du lycée La-Fontaine-des-Eaux est composée d'une sculpture en marbre de Vilano Tarabella (1937-2003), "Envol", ainsi que d'une céramique monumentale de 56 m2, composée d'émaux sur terre chamottée, dont André Borderie (1928-1998) a dessiné les cartons et André Masson (1919-2009), a opéré la réalisation et la pose.

Le 24 septembre 1975, la Commission nationale du 1% donne son agrément aux projets des artistes André Borderie (1923-1998) et Viliano Tarabella (1937-2003), pour la réalisation d'une céramique monumentale et d'une sculpture en marbre de Carrare.

Une genèse complexe qui débouche sur le choix de deux œuvres et la collaboration de deux céramistes.

La genèse de cet accord fut longue – plus de six ans – et délicate : la Commission a en effet rejeté les trois premières propositions de Patrice Simon (1918-2013), architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, maître d'œuvre du lycée, le 27 mai 1970, le 1er décembre 1971 et le 26 juin 1975.

L'architecte avait dans un premier temps proposé Bruno Lebel (1933-2019), Georges Delahaie (1933-2014) et Geoffroy Dauvergne (1922-1977), dans un deuxième temps Bruno Lebel seul, enfin, le céramiste André Masson (1919-2009), dit André-Aleth Masson, pour une sculpture et une céramique.

Suite à l'accord de la commission en septembre 1975, ce dernier, qui a bénéficié par ailleurs d'un soutien du ministre Yvon Bourges (1921-2009), est associé à la réalisation de la céramique, qu'il cosigne avec André Borderie : "Masson Borderie 1976". Ces deux artistes avaient déjà collaboré, en 1967, pour une céramique émaillée destinée à l'université de Grenoble ou, en 1972, pour une autre, en relief, de 200 m2 posée dans la tour "CB 16" dite aussi "tour EDF" à la Défense, en 1972. Face aux réticences de la Commission à agréer André Masson, il semble que ce dernier ait sollicité son confrère*.

Les arguments pour rejeter les trois premiers projets, développés dans leurs rapports par les inspecteurs et inspectrices Toche, Poggie et Grympas peuvent être ainsi résumés : manque de qualité artistique, absence d'intégration à l'architecture, et pauvreté du programme au regard du crédit élevé disponible : plus de 200 000 francs.

Si, pour la sculpture de Viliano Tarabella, l'agrément est définitif à l'issue de la Commission, qui "apprécie particulièrement l'expression sensible et monumentale de la proposition de M. TARABELLA et donne un avis favorable à sa réalisation", le projet d'André Borderie qui "présente un intérêt plastique certain", doit encore faire l'objet d'une mise au point qui devra être approuvé par le rapporteur, M. Troche. Ce dernier donne son accord, le 1er décembre 1975, estimant que M. Borderie a répondu de manière satisfaisante aux demandes de la Commission et transmis le devis demandé, lequel porte l'entête d'André Masson.

Nécessaire déplacement de la céramique monumentale (2005-2010).

Lors d'un restructuration du lycée sous la maîtrise d'œuvre de l'architecte Thierry Soquet ("Architecture Plurielle"), la céramique a été déplacée dans un autre hall du lycée, près du CDI. Ces travaux se sont déroulés entre 2005 (dépose) et 2010 (restauration en 2009 et réinstallation en 2010). Le hall d'accueil reliant les bâtiments 1 et 2 devant être démoli, pour des raisons de sécurité incendie notamment, la céramique ne pouvait être maintenue en place.

Alertés par Madame Denise Masson (mail à Clément Borderie, 13 avril 2005), les ayants droit d'André Borderie ont demandé la préservation de l'œuvre et accepté son déplacement, qui a été réalisé par Yvon-Marie Masson (fils d'André, entreprise "Au pied su mur"). Le marché prévoyait en outre qu'André Masson apporte son assistance pour "la mise en œuvre et le remplacement des éléments cassés et à restaurer." Mais il est décédé en novembre 2009.

* Cette hypothèse découle tant de l'interprétation des documents d'archives – notamment du devis (voir description ci-dessous), que d'informations données par Yvon-Marie Masson au cours d'une enquête orale, réalisée le 7 février 2024.

  • Précisions inscription

    La Commission nationale du 1% donne son accord, le 25 septembre 1975, pour :

    La sculpture de Viliano Tarabella

    - Viliano Tarabella : "Devant la façade ouest du grand hall d'honneur, une sculpture en marbre de Carrare reposant sur une dalle de marbre foncé.

    Dimensions : Hauteur : 1,6 m ; Longueur 2,5 m ; Largeur : 2,25 m.

    Dimensions du socle : Hauteur : 0,10 m ; Longueur 2,5 m ; Largeur : 2,25 m.

    Prix : 130 000 F"

    La céramique monumentale d'André Masson et André Borderie...

    - André Borderie : "Une animation des murs intérieurs du hall d'honneur de l'établissement par une composition en mosaïque d'émaux sur terre chamottée de 56 m2.

    Prix : 96891 F".

    Sur un devis, à l'entête d'André Masson (6 octobre 1975), il est précisé que 24 000 F sont destinés aux honoraires de l'architecte et de l'artiste.

    Dans la présentation rédigée à l'attention de la Commission nationale du 1%, le 20 septembre 1975, André Borderie précise qu'il s'agit "d'une composition dynamique mais précise – presque précieuse – des émaux travaillés et non point plats, des tons chauds, jaunes, orangés, bruns, et tout un appareillage de fragmentation allant de la grande dalle à la micro-structure. D'où l'importance du dessin des joints, les uns verticaux, rythmés, les autres, d'épaisseur variable, soumis à la composition. (...) une fragmentation très serrée au-dessus des portes invite au passage.

    Dans cette cage de verre très ouverte au sol et au plafond neutres, les murs font écrin au paysage."

    Cette argumentation peut être rapprochée de celle d'André Masson, pour sa proposition refusée précédemment par la Commission : "J"ai senti la nécessité d'y amener la chaleur des couleurs et la richesse des matières : les rouges et les oranges des émaux servant de fond pour une composition dynamique de reliefs vigoureux, émaillés avec du platine. Les joints au ciment noir forment le graphisme, l'écriture même de l'œuvre."

    ... et son déplacement

    La céramique a été déposée, restaurée et déplacée dans un autre hall de l'établissement, entre 2005 et 2010, par Yvon-Marie Masson (entreprise Au pied du mur). Un mur support légèrement incurvé a été créé pour la recevoir. Le montant de ces travaux d'élève à 15 548 euros (dépose) et à 45808,8 euros (remisage, repose, remplacement de 4m2 d'éléments cassés, décapage des sous-faces et restauration de 5m2).

    Le déplacement de l'œuvre a fait disparaitre le traitement particulier du dessus des portes et la relation à l'environnement bâti et paysager initial.

Documents d'archives

  • Archives Nationales : 19880466/101. 1% artistique. Dossier de l'établissement.

    Archives Nationales : 19880466/101
  • Région Bretagne (Service des archives) : 1504W27 et 1504W28. Lycée la Fontaine-des-Eaux. Travaux divers (déplacement fresque), 2005-2007 et 2008-2010.

    Région Bretagne (Service des archives) : 1504W27 et 1504W28

Bibliographie

  • Hottin [Christian] Et Roullier [Clothilde], Un art d’État ? Commandes publiques aux artistes plasticiens, 1945-1965, Rennes, PUR, 2017, 257p.

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
Édifice
Lycée Polyvalent La-Fontaine-des-Eaux, 48, promenade de la Fontaine des Eaux (Dinan)

Lycée Polyvalent La-Fontaine-des-Eaux, 48, promenade de la Fontaine des Eaux (Dinan)

Commune : Dinan
Adresse : 48 promenade de la Fontaine des Eaux