Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
- enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
- enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Bretagne - Saint-Renan
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Commune
Plougonvelin
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Lieu-dit
Pointe Saint-Mathieu
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Cadastre
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OE
1083
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Dénominationsbatterie, corps de garde, réduit
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Destinationscénotaphe
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Parties constituantes non étudiéescaserne, poudrière, cuisine, citerne, mur défensif
Ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été mis à jour en 2024 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires.
Les fortifications du Moyen Âge et de l’époque moderne de la pointe Saint-Mathieu
L’abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre est fortifiée vers le 14e siècle. Pendant la guerre de Succession de Bretagne et la Guerre de Cent Ans, l'abbaye et ses fortifications sont le théâtre de combats. Le duc de Bretagne, Jean V fait renforcer les fortifications autour de l'abbaye et de la ville. Les vestiges de l'église abbatiale sont classés au titre des Monuments historiques dès 1875.
Au nord immédiat de la pointe Saint-Mathieu, se trouve également les vestiges d’une fortification avec redan triangulaire de l’époque moderne nommée Castel-Bihan, le petit château (cadastre de 1841 : parcelle E5, n° 865-868), vraisemblablement destinée à empêcher un débarquement par chaloupes, lui-même contigu d’un ouvrage probablement médiéval nommé Coz-Castel, le vieux château (cadastre de 1841 : parcelle E5, n° 869-878). La route côtière aménagée dans les années 1960 traverse Castel-Bihan.
Sur la pointe Saint-Mathieu et sur la pointe de Penzer au nord, deux batteries d’artillerie de côte existent vraisemblablement depuis la Guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697). Ces batteries ont pour but la défense des approches du port du Conquet et des grèves où un débarquement est possible. En 1757, la batterie de Saint-Mathieu dispose de trois canons de 24 livres de balle, celle de Porz Liogan, de quatre canons de 24 livres de balle, celle de Porz Fontaine, de quatre canons de 18 livres de balle et celle de Pointe du Renard, de quatre canons de 18 livres de balle. L’entrée dans la ria du Conquet est protégée par les batteries de Sainte-Barbe du Conquet et de la pointe de Kermorvan qui totalisent deux canons de 8 livres de balle, trois canons de 12 livres de balle et cinq canons de 18 livres de balle.
Les fortifications de la période contemporaine
En 1820, deux batteries d’artillerie de côte, avec corps de garde et guérite, sont mentionnées sur la pointe Saint-Mathieu. C’est l’ancienne sacristie, située à côté du cimetière qui sert de magasin à poudre. La batterie de Porz Liogan est dotée d’un four à rougir les boulets.
Sur le cadastre parcellaire de 1841, deux batteries d’artillerie de côte sont figurées sur la pointe Saint-Mathieu, elles sont lavées de bleu comme tous les édifices appartenant à l’état. La plus ancienne des deux (parcelle E5, n° 961), vraisemblablement datable du 18e siècle, de forme semi-circulaire est implantée à l’emplacement de la batterie d’artillerie actuelle. La seconde (cadastre de 1841 : parcelle E5, n° 981), de plus grande dimension et de forme polygonale est implantée en lieu et place du sémaphore actuel élevé en 1906 et en avant du phare construit en 1835. Sa typologie, la rapproche de celle construite à Saint-Marzin en 1813. Ces deux batteries de côte disparaissent au profit de l’actuelle batterie d’artillerie de côte aménagée au milieu du 19e siècle.
Le corps de garde crénelé est construit en 1854 pour servir de réduit à la batterie d’artillerie de côte. Il s’agit d’un corps de garde n° 2 modifié pour 30 hommes modèle n° 1.
En 1858, la batterie d’artillerie de Saint-Mathieu est armée de trois canons de 30 livres et trois obusiers de 22 cm. La portée de ces pièces d’artillerie ne dépasse pas 2 000 mètres. La batterie est désarmée en 1876 alors que s’y trouve encore deux canons.
La batterie d’artillerie de côte et le réduit sont déclassés en 1889.
En 1918, la batterie d’artillerie de côte est réutilisée comme poste de défense contre les sous-marins (PDCSM) : deux canons de 90 mm y sont installés.
En 1939-1940, la batterie d’artillerie de côte est armée comme batterie de semonce du sémaphore et dotées de deux canons de 95 mm Lahitolle modèle 1888. Ces canons sont toujours en place sur leur affût circulaire avec masque.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, le corps de garde crénelé est vraisemblablement utilisée comme casernement.
L’évolution du site défensif en ensemble commémoratif
Depuis 1927, un monument du sculpteur René Quillivic (1879-1969), implanté face à la mer, entre la batterie d’artillerie de côte et le corps de garde crénelé, commémore le souvenir des marins, militaires ou civil, morts pour la France durant la Première Guerre mondiale.
L'esplanade du Souvenir français servant de parvis pour les cérémonies commémoratives et le Cénotaphe aux marins, dédié à la mémoire des marins péris en mer pour la France durant tous les conflits, aménagé dans l’ancien corps de garde crénelé, sont inaugurés le 8 mai 2005.
Cet ensemble commémoratif, comprenant également la batterie d’artillerie de côte, appartient au syndicat mixte d'aménagement de la pointe Saint-Mathieu. La gestion du cénotaphe est confiée à l'association "Aux Marins".
Le monument aux marins morts pour la France durant la Première Guerre mondiale est inscrit au titre des Monuments historiques en 2015.
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Période(s)
- Principale : 3e quart 19e siècle
- Secondaire : 1er quart 21e siècle
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Dates
- 1854, porte la date
- 2005, daté par travaux historiques
La batterie d’artillerie de côte
Epais de 6 mètres et constitué de terre damée avec mur de genouillère élevé en maçonnerie de moellon équarri, le parapet de la batterie d’artillerie de côte affecte un plan en U ouvert vers l’est et la terre. Il a un développement extérieur de plus de 110 mètres ; son mur de genouillère mesure 80 mètres de longueur environ.
La plate-forme de la batterie conserve les traces de l’évolution de l’artillerie :
- à l’aplomb du mur de genouillère du parapet, quatre sous-sellettes (sur six installées) prenant la forme de "dés en maçonnerie" d’où émergent pour chacune quatre tiges filetées pour la fixation de la sellette en fer de l’affût pour canon de 30 livres ou obusier de 22 cm ;
- à l’aplomb du mur de genouillère du parapet, deux sellettes d’affût en demi-cercle reposant sur du béton pour deux canons de 90 mm du poste de défense contre les sous-marins ;
- derrière le parapet, deux canons de 95 mm Lahitolle modèle 1888 sur leur affût avec masque [en place] pour la batterie de semonce du sémaphore de Saint-Mathieu.
Le corps de garde crénelé
Le corps de garde crénelé est implanté en retrait par rapport à la batterie d’artillerie de côte dont il constitue le réduit défensif. Entouré d’un fossé sec [partiellement remblayé], il est enterré dans le sol et seul son parapet crénelé est visible depuis la terre. Son entrée se fait par le nord-ouest, via une porte précédée d’un pont-levis à contrepoids [disparu].
De plan rectangulaire, il est construit en maçonnerie de moellon équarri. Entourages des ouvertures (porte, baies et créneaux de fusillade), chaînes d’angle, corbeaux des mâchicoulis de pied des bretèches et tablettes sont en pierre de taille de granite gris. Le linteau en plate-bande de l’entrée porte le millésime 1854 qui correspond à la date de construction.
L’édifice comporte trois niveaux : un rez-de-chaussée voûté à usage de casernement et de magasin avec baies et créneaux de fusillade, une terrasse défensive accessible par un escalier droit en bois [disparu] et un sous-sol partiel avec une citerne pour collecter les eaux pluviales depuis la terrasse. Quoique voûté, le réduit n’est cependant pas à l’épreuve d’un bombardement naval.
Le réduit regroupe au rez-de-chaussée deux chambrées pour 30 soldats (qui dorment dans des hamacs), une cuisine, un magasin aux vivres, un magasin d'artillerie et un magasin à poudre. Le chef du poste et le gardien sont les seuls à bénéficier d'une chambre individuelle.
La terrasse est protégée par un haut parapet percé de créneaux de fusillade et dotée de huit bretèches avec mâchicoulis de pied conçus pour défendre le réduit.
Restauré, il est réhabilité en cénotaphe. Ces baies sont fermées par des volets métalliques horizontaux ; le parapet est surmontée d’une tablette métallique périphérique.
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Murs
- granite maçonnerie
- moellon
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Toitspierre en couverture
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Plansplan rectangulaire régulier
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Étagessous-sol, rez-de-chaussée
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Couvrements
- voûte en berceau
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Couvertures
- terrasse
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Escaliers
- escalier intérieur : escalier droit en charpente
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État de conservationrestauré
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Techniques
- sculpture
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Représentations
- chronogramme
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Précision représentations
Au-dessus de l'entrée du réduit située au nord : millésime "1854" correspondant à la date de construction.
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Mesures
- l : 19,4 m
- la : 10,4 m
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Précision dimensions
Dimensions données par l’Association "1846".
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Statut de la propriétépropriété d'un établissement public
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Intérêt de l'œuvrevestiges de guerre, à signaler
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Éléments remarquablescorps de garde, réduit
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Sites de protectionabords d'un monument historique
- (c) Archives départementales du Finistère
- (c) Archives départementales du Finistère
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Association 1846
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
Bibliographie
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MICHÉA, Hubert. "L’abbaye de Saint-Mathieu, la mer, la guerre, la ville (13e-16e siècle)" in Saint-Mathieu de Fine-Terre à travers les âges. Actes du Colloque du 23-24 septembre 1994. Plougonvelin : Centre de recherche bretonne et celtique ; Association "Les amis de Saint-Mathieu", 1995.
p. 193-208 -
FRIJNS, Marco, MALCHAIR, Luc, MOULINS, Jean-Jacques, PUELINCKX, Jean. Index de la fortification française. Métropole et Outre-mer. 1874-1914. Vottem (Belgique) : autoédition, 2008, 832 p.
-
LÉCUILLIER, Guillaume (dir.), BESSELIÈVRE, Jean-Yves, BOULAIRE, Alain, CADIOU, Didier, CORVISIER, Christian, JADÉ, Patrick. Les fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal. Rennes : éditions Presses Universitaires de Rennes, collection Cahiers du patrimoine, 2011, n° 94, 388 p.
-
CHAZETTE, Alain. MANTEY, Olivier. "Les défenses de la Pointe Saint-Mathieu - Batterie Graf Spee - batterie Holzendorff - Le Conquet". Éditions Histoires et Fortifications, 2017.
-
KERNÉVEZ, Patrick. "Saint-Mathieu : abbaye littorale fortifiée et son "château de raz"", dans A. Ybert (dir.), Vingt-cinq ans de recherches à l’abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque de Saint-Mathieu, 15-17 octobre 2019, à paraître en 2023.
Documents multimédia
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Association "1846". "Les réduits "type 1846" : mais qu'est-ce, au juste ?". 1er novembre 2015.
https://association-1846.over-blog.com/2015/11/les-reduits-type-1846-mais-qu-est-ce-au-juste.html
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Association "1846". JADÉ, Patrick. "Tours et corps de garde crénelés du type de 1846 et assimilés". 2023.
https://association-1846.over-blog.com/tours-et-corps-de-garde-creneles-du-type-de-1846-et-assimiles.html
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Association "1846". JADÉ, Patrick. "Plates-formes d'artillerie de côte", 14 Octobre 2016.
https://association-1846.over-blog.com/2016/10/plateformes-d-artillerie-de-cote.html
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
Fait partie de
Capitainerie de Brest : ensemble fortifié
Corps de garde crénelé n° 3, année "1846" de la pointe de Kermorvan (Le Conquet)
Lieu-dit : Pointe de Kermorvan
Monument aux marins morts pour la France durant la Première Guerre mondiale, Pointe Saint-Mathieu (Plougonvelin)
Lieu-dit : Pointe Saint-Mathieu
Poste de défense contre les sous-marins, pointe du Château (Plougrescant)
Lieu-dit : Pointe du Château
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.