Dossier d’œuvre architecture IA29001870 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Fort du Cabellou (Q 72), pointe du Cabellou (Concarneau)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Concarneau
  • Commune Concarneau
  • Lieu-dit Pointe du Cabellou
  • Adresse Allée du Fort
  • Cadastre CH 01 Fort du Cabellou
  • Dénominations
    fort
  • Destinations
    sentier

Le fort du Cabellou est construit vers 1746 dans le contexte de la guerre de Succession d'Autriche pour défendre les approches du port de Concarneau. Il se compose d’une batterie d’artillerie à six embrasures, dotée d’un corps de garde avec magasin à poudre et guérite et fermée du côté de la terre par une enceinte crénelée. En Bretagne, l’année 1746 est marquée par l’opération amphibie anglaise dans la baie du Pouldu avec comme objectif Lorient, port d'attache de la Compagnie française des Indes orientales.

Pour tirer à boulet rouge sur les navires ennemis, un fourneau à réverbère est élevé durant les guerres de la Révolution. Un peu plus tard est aménagée une batterie de mortier en retrait par rapport au fort, mais la batterie du Cabellou est finalement abandonnée en 1859.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le fort et la pointe du Cabellou sont investis par l’Allemagne nazie qui y fait construire de nombreux bunkers dans le cadre du Mur de l’Atlantique. Situés dans des propriétés privées, certains bunkers sont dans un remarquable état de conservation avec portes, plaques blindées, matériels de second œuvre et peintures murales en place (marquages, instructions et repères de tir). Visible du domaine public, le bunker - casemate de type 634 a conservé sa cloche blindée de type 20P7 pour mitrailleuse avec son camouflage : une collerette de béton remplie de terre et engazonnée.

Le fort du Cabellou est classé au titre des Monuments historiques depuis 1962. Les bunkers de la pointe ne sont ni cadastrés comme "éléments bâtis" ni protégés, mais une partie de la pointe est inscrite depuis 1963.

Créé en 2005, ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été mis à jour par la Région Bretagne en 2024 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires.

Tout enrichissement est le bienvenu.

Les 18e et 19e siècles

Le nom du fort fait référence à la pointe, le cap Bel(l)ou. Les cartes marines mentionnent la pointe du Caballon (1625), Cabalau (1681), Cabalou (vers 1690) et Cabellou (1819).

La fort du Cabellou est construit vers 1746 dans le contexte de la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748). Ses canons permettaient de défendre l’entrée de la baie de la Forêt (avec la batterie de Beg Meil située en face), l’estuaire du Moros et les approches du port de Concarneau (avec les batteries de Beuzec Conq, La Croix et du Fer à Cheval dans la ville-close). Le fort fait partie de la capitainerie de Concarneau.

Dans les états d'artillerie de 1746 et 1754, la batterie est armée de quatre canons de 22 livres de balle (calibre anglais) disposés en embrasure sur affûts marins.

A la fin du 18e siècle, les canons de la batterie d’artillerie sont dotés de nouveaux affûts dits "de côte". Les six embrasures de la batterie sont bouchées afin de permettre le tir à barbette, c’est-à-dire au-dessus du parapet.

Pendant les guerres de la Révolution (dès 1793 ?), un fourneau à réverbère à rougir les boulets - implanté en vis-à-vis du corps de garde - est élevé.

En 1794, la batterie d’artillerie est armée de quatre canons de 36 livres de balle.

Pendant, les guerres de l’Empire, une batterie d’artillerie pour quatre mortiers de 12 pouces est aménagée en arrière du fort.

En 1820, l’Atlas des côtes de France mentionne quatre canons de 36 livres de balle et deux mortiers. Le fourneau à réverbère est mentionné comme "démoli".

En 1841, la Commission mixte d’armement des côtes, de la Corse et des îles prévoit de conserver la batterie du Cabellou en la dotant de deux canons de 30 livres et deux obusiers de 22 cm. Il est également prévu la construction d’un corps de garde crénelé pour 20 hommes comme réduit, mais la batterie est finalement abandonnée en 1859.

La Seconde Guerre mondiale

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le fort du Cabellou et la pointe homonyme sont intégrés au Mur de l’Atlantique par l’Allemagne nazie afin de protéger le port de Concarneau où s’abritent des vedettes rapides lance-torpilles (Schnellboote) et où se trouve la douane qui contrôle les bateaux de pêche. L’ensemble fortifié de la pointe du Cabellou est numéroté "Q 72" ("Q" ou "Qu", en référence à la commune de Quimper, retenue comme nom pour l’un des groupes défensifs côtiers, Küstenverteidigungsgruppe).

La pointe est barrée par un fossé antichar et des champs de mines : trois maisons sont incluses dans le périmètre. Au moins dix bunkers (on en compte une vingtaine selon le rapport Pinczon du Sel établi immédiatement après-guerre), dont neuf constructions permanentes (c’est-à-dire des bunkers réalisés avec 2 m et plus d’épaisseur de béton armé), subsistent.

Le fort du Cabellou est également réutilisé comme position d’infanterie : des ouvertures bétonnées de tir pour armes portatives (fusils et/ou mitrailleuses) sont percées dans le mur d’enceinte. Immédiatement à l’est du fort sont implantés deux bunkers (bunker - casemate de type 105d avec créneau blindé pour mitrailleuse tirant vers le sud-est et bunker - casemate de type 611 orientée vers le nord-ouest pour canon de 10,5 cm).

Dans le rapport Pinczon du Sel, la garnison de la pointe du Cabellou est estimée à 150 soldats. Au moment du siège de Concarneau, la garnison est renforcée par des soldats russes.

Les 18 et 19 août 1944, les défenses de la pointe du Cabellou entrent en action contre les Forces françaises de l'intérieur (FFI) et l’armée américaine. Dans la nuit du 24 au 25 août, la garnison nazie évacue finalement la pointe du Cabellou vers le port de Concarneau d’où elle embarque sur des navires vers la Festung Lorient.

La ville de Concarneau est libérée le 25 août 1944.

La valorisation et la restauration du site

Depuis 1960, le fort du Cabellou appartient à la commune de Concarneau (parcelle CH n° 1 de 890 m2). Il a été classé au titre des monuments historiques le 28 novembre 1962. Lors de sa restauration, les embrasures de la batterie d’artillerie ont été débouchées.

La pointe du Cabellou est un site inscrit depuis 1963.

Une partie de la pointe appartient au Département du Finistère (parcelle CH n° 2 de 5957 m2 : trois bunkers au moins (type 105d, 611 et 58c) y sont implantés. Cette parcelle et les parcelles limitrophes n° 3 et 4 sont en zone de présomption de prescription archéologiques (la parcelle du fort ne l’est pas).

Un signalétique dédié au fort du Cabellou est implantée sur le site.

Un diagnostic architectural et technique du fort du Cabellou a été confié en septembre 2024 à l’agence Marie-Suzanne de Ponthaud, architecte en chef des Monuments Historiques.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 18e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 18e siècle, 2e quart 20e siècle, 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1746, daté par travaux historiques

Le fort est implanté à l’extrémité de la pointe du Cabellou qui s’avance vers l’ouest dans la baie de la Forêt.

Il se compose d’une batterie d’artillerie en forme de fer à cheval, fermée du côté de la terre par une enceinte dotée de deux demi-bastions (front de gorge). L’enceinte est percée de créneaux de fusillade disposés à intervalle régulier et à hauteur d’homme. L’entrée du fort se fait par une porte percée au centre de la courtine. Un glacis précédait l’enceinte.

Au sud, à cheval sur le parapet de la batterie, se dresse un bâtiment servant de corps de garde et de magasin à poudre (reconnaissable à la double feuillure - extérieure et intérieure - de sa porte et au petit jour côté extérieur). Une guérite d’observation surélevée, accessible par un escalier droit, est appuyée contre son pignon occidental. La petite pièce située en-dessous de l’escalier pourrait être à usage de guérite voire de latrines (?). Vouté en berceau et à l'épreuve des boulets de canon, le corps de garde est doté d’une cheminée dans son pignon occidental.

 

Matériaux et mise en œuvre

La batterie d’artillerie est construite directement sur les rochers.

Le mur extérieur de la batterie d’artillerie, du corps de garde et du mur d’enceinte (partie basse du demi-bastion sud) présente une maçonnerie de pierre de taille de granite à carreau et boutisse. Une corniche moulurée en granite souligne la partie sommitale du corps de garde à la jonction avec la couverture en gradin également réalisée en pierre de taille de granite (le pignon est en "pas de moineaux").

Mur de genouillère et joues d’embrasures de la batterie d’artillerie (ces dernières ont été restaurées après 1962), pignons, mur antérieur, souche de cheminée et guérite du corps de garde et enceinte du fort sont construits en maçonnerie de moellon de granite à l’exception des chaînages d’angle et des ouvertures en pierre de taille. Encadrée par deux piliers maçonnés en pierre de taille, la porte était à double battant.

Les six embrasures de la batterie d’artillerie sont débouchées.

Plusieurs ouvertures de tir bétonnées - désormais murées – sont visibles dans les angles du mur d’enceinte. Une partie de la maçonnerie du mur de genouillère a été remontée au béton.

Le pignon oriental du corps de garde présente quelques lézardes.

  • Murs
    • granite maçonnerie
    • pierre de taille
    • moellon
  • Toits
    granite en couverture
  • Étages
    rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Couvertures
    • toit à deux pans
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • État de conservation
    bon état, restauré
  • Précision dimensions

    Le fort mesure 890 m2 de superficie.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune, parcelle CH n° 1 du fort du Cabellou.
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre, à signaler, à étudier
  • Éléments remarquables
    fort, batterie, corps de garde, poudrière, poste d'observation
  • Sites de protection
    site inscrit
  • Protections
    classé MH, 1962/11/28
  • Précisions sur la protection

    Le fort (cadastre AM 74) : classement par arrêté du 28 novembre 1962

  • Référence MH

Site inscrit le 15 novembre 1963.

Documents d'archives

  • Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l'Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense de Brest).

    Service Historique de la Défense de Brest

Bibliographie

  • ANDERSEN BO, Patrick. Le Mur de l´Atlantique en Bretagne. 1944-1994. Rennes : éditions Ouest-France, Edilarge, 1994, 126 p., ISBN 2-7373-1291-4.

    p. 60-61
  • FAUCHERRE, Nicolas, PROST, Philippe, CHAZETTE, Alain. Les fortifications du littoral, La Bretagne Sud. Chauray-Niort, collection : les fortifications du littoral. 1998, 279 p., ISBN 2-910137-24-4.

    p. 234-235

Documents multimédia

  • Association "1846". JADÉ, Patrick. "Batterie du Cabellou, Concarneau". 5 avril 2019.

  • RELIKTE. Remains of european fortifications 1935-1945. Atlantikwall (cartographie).

    https://www.relikte.info/atlantikwall.html

Annexes

  • Liste des bunkers repérés constituant l’ensemble fortifié du Cabellou (Qu 72)
Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2005, 2024
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

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