Les 18e et 19e siècles
Le nom du fort fait référence à la pointe, le cap Bel(l)ou. Les cartes marines mentionnent la pointe du Caballon (1625), Cabalau (1681), Cabalou (vers 1690) et Cabellou (1819).
La fort du Cabellou est construit vers 1746 dans le contexte de la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748). Ses canons permettaient de défendre l’entrée de la baie de la Forêt (avec la batterie de Beg Meil située en face), l’estuaire du Moros et les approches du port de Concarneau (avec les batteries de Beuzec Conq, La Croix et du Fer à Cheval dans la ville-close). Le fort fait partie de la capitainerie de Concarneau.
Dans les états d'artillerie de 1746 et 1754, la batterie est armée de quatre canons de 22 livres de balle (calibre anglais) disposés en embrasure sur affûts marins.
A la fin du 18e siècle, les canons de la batterie d’artillerie sont dotés de nouveaux affûts dits "de côte". Les six embrasures de la batterie sont bouchées afin de permettre le tir à barbette, c’est-à-dire au-dessus du parapet.
Pendant les guerres de la Révolution (dès 1793 ?), un fourneau à réverbère à rougir les boulets - implanté en vis-à-vis du corps de garde - est élevé.
En 1794, la batterie d’artillerie est armée de quatre canons de 36 livres de balle.
Pendant, les guerres de l’Empire, une batterie d’artillerie pour quatre mortiers de 12 pouces est aménagée en arrière du fort.
En 1820, l’Atlas des côtes de France mentionne quatre canons de 36 livres de balle et deux mortiers. Le fourneau à réverbère est mentionné comme "démoli".
En 1841, la Commission mixte d’armement des côtes, de la Corse et des îles prévoit de conserver la batterie du Cabellou en la dotant de deux canons de 30 livres et deux obusiers de 22 cm. Il est également prévu la construction d’un corps de garde crénelé pour 20 hommes comme réduit, mais la batterie est finalement abandonnée en 1859.
La Seconde Guerre mondiale
Lors de la Seconde Guerre mondiale, le fort du Cabellou et la pointe homonyme sont intégrés au Mur de l’Atlantique par l’Allemagne nazie afin de protéger le port de Concarneau où s’abritent des vedettes rapides lance-torpilles (Schnellboote) et où se trouve la douane qui contrôle les bateaux de pêche. L’ensemble fortifié de la pointe du Cabellou est numéroté "Q 72" ("Q" ou "Qu", en référence à la commune de Quimper, retenue comme nom pour l’un des groupes défensifs côtiers, Küstenverteidigungsgruppe).
La pointe est barrée par un fossé antichar et des champs de mines : trois maisons sont incluses dans le périmètre. Au moins dix bunkers (on en compte une vingtaine selon le rapport Pinczon du Sel établi immédiatement après-guerre), dont neuf constructions permanentes (c’est-à-dire des bunkers réalisés avec 2 m et plus d’épaisseur de béton armé), subsistent.
Le fort du Cabellou est également réutilisé comme position d’infanterie : des ouvertures bétonnées de tir pour armes portatives (fusils et/ou mitrailleuses) sont percées dans le mur d’enceinte. Immédiatement à l’est du fort sont implantés deux bunkers (bunker - casemate de type 105d avec créneau blindé pour mitrailleuse tirant vers le sud-est et bunker - casemate de type 611 orientée vers le nord-ouest pour canon de 10,5 cm).
Dans le rapport Pinczon du Sel, la garnison de la pointe du Cabellou est estimée à 150 soldats. Au moment du siège de Concarneau, la garnison est renforcée par des soldats russes.
Les 18 et 19 août 1944, les défenses de la pointe du Cabellou entrent en action contre les Forces françaises de l'intérieur (FFI) et l’armée américaine. Dans la nuit du 24 au 25 août, la garnison nazie évacue finalement la pointe du Cabellou vers le port de Concarneau d’où elle embarque sur des navires vers la Festung Lorient.
La ville de Concarneau est libérée le 25 août 1944.
La valorisation et la restauration du site
Depuis 1960, le fort du Cabellou appartient à la commune de Concarneau (parcelle CH n° 1 de 890 m2). Il a été classé au titre des monuments historiques le 28 novembre 1962. Lors de sa restauration, les embrasures de la batterie d’artillerie ont été débouchées.
La pointe du Cabellou est un site inscrit depuis 1963.
Une partie de la pointe appartient au Département du Finistère (parcelle CH n° 2 de 5957 m2 : trois bunkers au moins (type 105d, 611 et 58c) y sont implantés. Cette parcelle et les parcelles limitrophes n° 3 et 4 sont en zone de présomption de prescription archéologiques (la parcelle du fort ne l’est pas).
Un signalétique dédié au fort du Cabellou est implantée sur le site.
Un diagnostic architectural et technique du fort du Cabellou a été confié en septembre 2024 à l’agence Marie-Suzanne de Ponthaud, architecte en chef des Monuments Historiques.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.