Dossier thématique IA29131817 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Cap Sizun - Pointe du Raz
Patrimoine ferroviaire du Cap-Sizun
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Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Cap Sizun

Deux voies de chemins de fer ont traversé l’est du Cap-Sizun dans les premières décennies du 20e siècle. Un récent projet de voie verte s’inspirant du tracé de l’une de ces lignes a remis en avant ce passé ferroviaire. Il a donc été décidé d’y consacrer un dossier collectif à l’échelle du territoire.

En 1884, la Compagnie des Chemins de fer de Paris à Orléans met en service deux lignes reliant Quimper à deux ports importants du Finistère sud : Douarnenez et Pont-l’Abbé. A cette époque, Audierne vit un essor économique à la fois industriel, avec l’ouverture de plusieurs conserveries, et touristique avec l’attrait du Cap-Sizun et notamment de la Pointe du Raz. Pour favoriser cette dynamique, le Conseil général du Finistère décide dès 1888 la prolongation des réseaux ferrés existants pour relier Audierne à Quimper et par conséquent à Paris.

La première extension créée relie Douarnenez à Audierne via Poullan, Beuzec-Cap-Sizun et Pont-Croix. Cette voie métrique d’une vingtaine de kilomètres est mise en route en 1894. Destinée au transport des voyageurs et des marchandises, elle fonctionne jusqu’en 1939, date de sa fermeture au profit des transports routiers. Elle est rouverte en 1941 sous l’impulsion de l’occupant allemand et ferme définitivement en 1946. Communément appelée « Youtar », elle a été à l’origine de la construction de trois gares sur le territoire du Cap-Sizun, d’un long perré en pierre sèche le long du Goyen et de plusieurs ouvrages d’art.

La seconde extension mise en place relie Audierne à Pont-l’Abbé via Pont-Croix. Longue d’une quarantaine de kilomètres, elle est inaugurée en 1912 par la Compagnie des Chemins de fer armoricains. Cette voie métrique est surnommée « train patate » dans le Cap-Sizun ou « train carotte » dans le Pays Bigouden du fait de son rôle de transport des récoltes de légumes vers les nombreuses conserveries qui jalonnent la ligne. Elle dessert les communes d’Audierne, Pont-Croix et Plouhinec pour les stations du Cap puis Plozevet, Pouldreuzic, Treogat, Plonéour et Pont-l’Abbé dans le Pays Bigouden. Les conséquences pour le Cap-Sizun consistent en l’élargissement du remblai de la gare d’Audierne pour y ajouter des voies supplémentaires, l’édification de quatre ponts ferroviaires à Pont-Croix et Mahalon et la création d’une gare à Plouhinec, non loin du village de Lesvenez. La gare de Pont-Croix devient quant à elle une gare de correspondance et renforce par la même occasion la position stratégique de la commune comme nœud de communication sur le territoire. Cependant, la ligne s’avère rapidement déficitaire et ferme définitivement en 1935 après vingt-trois ans de services.

Le tracé de ces lignes subsiste encore aujourd’hui dans sa globalité malgré la disparition de quelques tronçons lors du remembrement. Si certaines portions ont été transformées en routes ou chemins d’exploitation, notons que l’ancienne ligne Audierne-Douarnenez est le support d’un projet de voie verte reliant le bourg d’Audierne à la plage de Pors Peron à Beuzec-Cap-Sizun.

Quant aux gares, hormis celle d’Audierne dont il ne reste que la halle aux machines, toutes sont encore en élévation bien que remaniées et transformées en maisons d’habitation. Les ouvrages d’arts sont également en bon état (ou restaurés) mais le perré en pierre sèche le long de la rive droite du Goyen est ruiné à certains endroits.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle, 1er quart 20e siècle

Les deux lignes ferroviaires qui traversaient le territoire du Cap-Sizun étaient des lignes dites « métriques » (écartement de 1 mètre entre les rails). Leur emprise est toujours visible dans la globalité de leur tracé mais les rails ont tous disparus.

La ligne Audierne-Douarnenez, dite « le Youtar », était longue de 20 km. Elle permettait de rejoindre Quimper par une correspondance à Douarnenez et desservait cinq gares (Audierne, Pont-Croix, Beuzec Cap-Sizun, Poullan et Douarnenez/Treboul). Les trois gares du territoire présentent un appareillage en moellons de granite enduits avec utilisation de la brique pour l’encadrement des baies et des chainages d’angles. Si l’élévation des gares d’Audierne (disparue) et de Pont-Croix est identique : bâtiment en rez-de-chaussée avec une travée centrale à étage, la gare de Beuzec-Cap-Sizun est totalement en rez-de-chaussée. Toutes ont une toiture en ardoise. Les anciens abris des voyageurs (probablement en bois d’après les cartes postales anciennes) étaient indépendants et ont tous disparu.

Alors que la majorité du tracé de la ligne du Youtar traverse le Cap-Sizun dans ses terres, une petite portion de deux kilomètres à la particularité de longer la rivière du Goyen entre Audierne et Pont-Croix. Aujourd’hui empruntée par les promeneurs, ce tronçon a conservé les nombreux aménagements qui ont été nécessaires à l’aménagement de la ligne. Le plus visible d’entre eux est le long perré en pierres sèche bâti côté berge pour retenir la voie et la protéger de la marée. Ruiné à certains endroits, il possède un appareillage régulier en moellons équarris et présente un important fruit.

Côté terre, trois murs de soutènement également en pierre sèche ont été révélés lors de travaux de sécurisation de la future voie verte. En bon état et long de 50 à 200m, ils sont appareillés en moellons équarris et ne présentent pas de fruit. Dans la partie sud du tronçon, l’ouvrage a été intégré au rocher déjà existant et retient la terre sur plusieurs mètres de haut.

Notons également la présence de deux ponts ferroviaires en pierre de taille à arche unique et de deux ponceaux aménagés pour franchir certaines entrées d’eau vers des anses ou lagunes au nord de la rivière.

La ligne Audierne Pont-l’Abbé via Pont-Croix, dite « train patate » ou « train carotte » était longue d’une quarantaine de kilomètres. Elle permettait de rejoindre Quimper par une correspondance à Pont-l’Abbé et desservait en tout huit gares (Audierne, Pont-Croix, Plouhinec, Plozevet, Pouldreuzic, Treogat, Plonéour et Pont-l’Abbé). La gare de Plouhinec est différente des gares d’Audierne et Pont-Croix décrites précédemment mais est bâtie sur le même modèle que les gares de Pouldreuzic et Plozevet. Il s’agit d’un bâtiment de plan rectangulaire en moellons non enduits sur deux niveaux d’élévation. Accolé à lui, un second bâtiment plus bas avec un petit préau servait d’abri pour les voyageurs et de stockage des marchandises.

Après Pont-Croix, en direction de Pont-l’Abbé, le tracé de la ligne quitte celle du Youtar pour traverser les communes de Pont-Croix, Mahalon et Plouhinec. Quatre ponts ferroviaire ont été nécessaires à l’aménagement de cette voie, notamment pour enjamber le Goyen et le Frout.

Bibliographie

  • Jean-Jacques Doaré, Plouhinec autrefois. Tranches de vie d'une commune du Finistère. Tome 1. Ed AS3P, 2012

    Collection particulière
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
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