Les Manoirs disparus du Grand Quimper
Parmi les 82 manoirs recensés sur la ville de Quimper, beaucoup ont disparu.
La liste de ces manoirs a été établie grâce au croisement de plusieurs sources : les écrits de René Henri et de Louis Le Guennec d'une part, le dépouillement du cadastre napoléonien d'autre part. Viennent compléter ces sources la carte de Christel Douard ainsi que le travail universitaire de J.-C. Deshayes, Les manoirs de la fin de la Guerre de Succession à la fin du XVIe siècle en Cornouaille méridionale.
Ergué Armel
En Ergué Armel, autrefois territoire rural comme l'atteste le cadastre dit Napoléonien de 1834, l'emprise urbaine est venue transformer le paysage et les lotissements sont venus remplacer les manoirs.
Le manoir de Créac'h Gwen se dressait sur l'actuel parc de loisir qui porte son nom. L'aménagement de terrains sportifs et d'un centre nautique a gommé la structure paysagère du manoir, dont il ne reste aucune trace. Louis Le Guennec fait mention, dans Histoire de Quimper-Corentin et son canton, d'une maison pouvant remonter au XVIIIe siècle. L'installation humaine à Créac'h Gwen remonte à l'Âge du Fer, il s'y trouvait également un habitat du Haut Moyen-âge.
Le manoir de Kerdrezec a donné son nom a l'avenue qui mène actuellement à la résidence éponyme. On y accède par l'actuelle route de Bénodet. Ne restent aujourd'hui qu'un chemin de terre étroit et un bâti du XIXe siècle, probablement venu remplacer le manoir dès le début du XIXe siècle. Cet édifice, flanqué de deux appentis aux extrémités, appartient à la ville.
Du domaine de Keradennec ne subsiste qu'une portion du bois éponyme. Le manoir était possédé en 1636 par Guillaume Lhonoré, conseiller au présidial de Quimper, puis fut transmis aux Jauréguy par la suite.
Le domaine de Kéricuff ne présente aujourd'hui que des bâtiments de ferme des XIXe et XXe siècle. Lors de la phase de terrain, aucun vestige n'a été décelé.
Le manoir de Kerogan devait se situer entre la route éponyme et les bords de l'Odet. L'installation humaine sur ce lieu remonte au bas moyen âge. Aujourd'hui il ne reste plus aucun vestige du manoir, bien qu'il ait probablement subsisté sous la fonction de ferme, qui figure sur le cadastre napoléonien.
Le manoir de Keromen appartenait e 1686 à Guillaume Goulhezre, sieur de Le Tourelle, et capitaine d'une des compagnies de la ville. Aujourd'hui il ne reste rien de ce manoir. en ce lieu se dresse aujourd'hui des bâtiments de ferme du XIXe siècle et des habitations contemporaines.
Keromnès n'est pas cité dans les sources hormis le cadastre Napoléonien. L'étude du cadastre napoléonien nous montre un parcellaire caractéristique du site manorial, avec un logis de plan en demi-croix et des dépendances agricoles. Aujourd'hui situé dans le bourg d'Ergué Armel, il ne reste rien du manoir. On trouve cependant une longère du XIXe siècle parmi les constructions contemporaines.
On trouve encore le toponyme Maner Kernoter près de la baie de Kerogan. L'étude du cadastre napoléonien et du cadastre actuel nous montre que le manoir, s'il existait toujours dans les années 1830 n'existe plus aujourd'hui. Le manoir serait venu supplanter une installation du bas moyen âge. L'installation humaine sur ce lieu remonte au second âge du fer (site d'installation rural).
Le manoir de Prad Maria a donné son nom au quartier composé aujourd'hui de grands ensembles et d'une zone commerciale. Il ne reste aucune trace du manoir ou du parcellaire attenant. Il n'est pas possible de localiser précisément l'emplacement de ce manoir. Le domaine comprenait une métairie et le manoir était constitué de corps de de bâtiments organisés autour d'une cour, il comprenait une chapelle ainsi qu'une parcelle quadrangulaire clôturée (vergers ou jardin).Le domaine appartenait à la famille de Coëtanezre, et était féodée des Réguaires de Quimper. Les ruines du manoir, appelées Coz Maner, ont été abandonnées par la famille Créac'hcadic, qui s'est faite construire, à proximité une demeure de maître.
Il ne reste du manoir de Saint Laurent, autrefois cis sur une ancienne motte féodale, qu'une portion de son bois. La localisation précise de ce manoir est inconnue.
Kerfeunteun :
En Kerfeunteun, le tissu urbain est venu progressivement occuper des territoires autrefois ruraux. Certains manoirs disparaissent au profit de nouvelles structures. Quant aux écarts de Kerfeunteun, la modernisation de l'agriculture et la construction de maisons individuelles est venu parfois modifier le parcellaire et détruire
Le manoir de Bécharles, aujourd'hui disparu, a transmis sont nom à une ferme du XIXe siècle venue le remplacer. La structuration des parcelles environnantes ont été gommée par les lotissements construits. Il était habité en 1426 par Guillaume de Keraër.
Le logis du Manoir du Brieux a disparu, il ne reste que les communs, qui ont été remaniés, ainsi qu'un puits circulaire. La Réformation de 1536 mentionne Henri du Brieuc comme seigneur du domaine.
Le manoir de Chivardiry, aujourd'hui situé sur le hameau de Savardiry, a été remplacé par une maison d'habitation en pierre de taille ainsi que des lucarnes à fronton. Ces éléments ont été récupérés sur un ancien manoir, probablement celui de Savardiry mais aussi celui du Brieux, qui est proche. Un porte comporte un linteau portant la date de 1866. Dans le cour se trouve un puits ancien, dont la margelle est moulurée.
Le manoir de Créac'h Euzen, autrefois situé sur les bords de l'Odet, a aujourd'hui disparu. Il est attesté en 1540. L'évêque de Coëlogon y installe le séminaire au XVIIe siècle. Le lieu est transformé en hospice à la Révolution.
Le manoir de Kerfily s'était installé sur le bord du Frout, auprès duquel se trouvait le moulin seigneurial. Le lieu est mentionné à la Réformation de 1444. Le domaine est annexé à celui de Tréqueffellec, qui se trouve à proximité.
Il ne reste rien du manoir de Kermorvan, le domaine a été supplanté par des fermes et des grandes maisons individuelles. La grange à la porte gothique cintrée aux piédroits ornés d'une triple moulure prismatique, mentionnée par Louis Le Guennec, n'existe plus. On trouve pour la première fois la mention de Kermorvan dans un aveu de 1543, qui identifie Thomas Kermorial comme étant le seigneur des lieux. En plus du manoir, le domaine était constitué de "pourpris, jardins, courtils, bois et prairies" (Louis Le Guennec). Le domaine comportait également un moulin, ruiné dès le XVIIe siècle selon un aveu de 1651.Les traces de Kermorvan comme lieu noble remontent à 1543, année où Thomas Kermorial, sieur de Kermorvan rend aveu à l'évêque. Le domaine est resté à la famille Kermorial, qui ne s'est éteinte qu'au XIXe siècle.
Le manoir de Kerverziou, autrefois situé entre Bolhoat et Troheir ne présente plus de vestiges. Ce sont des maisons contemporaines et des fermes qui parsèment cette route.
Il ne reste de Kervescar que trois pignons à chevronnière que sépare un chemin. Le reste de pierre a été remployé pour construire des murets. Le domaine appartenait à la famille Lhonoré.
Le manoir de La Forêt, situé à proximité de la gare, a été déconstruit afin d'aménager les voies ferroviaires. Bien que classé au titre des monuments historiques, il n'a jamais été reconstruit.
Le manoir du Parc n'existe plus. Il se situait sur l'actuel rond-point à l'entrée de la Promenade du Manoir des Salles. Le manoir, situé au bord de l'Odet, comprenait un moulin.
Le manoir de Stang Bihan (rue Stang Bihan) ainsi que son moulin (allée Meil stang Bihan) ont désormais disparu. Une construction plus récente a remployé les pierres de taille du manoir.Cette seigneurie était possédée en 1480 par Jehan Gauvain. Le domaine comprenait, selon les aveux de 1530, 1540 et 1543 des bois de futie, des taillis, un moulin. La famille détenait également Penguiler et Stang Bihan Huella. Au XVIIIe siècle, le domaine passe au main des Kergéulen, seigneurs de Kerbiquet. L'aveu de 1777 fait état d'une façade en pierre de grand appareil, et d'un domaine dépourvu de chapelle et de colombier.
D'autres toponymes sont mentionnés dans l'ouvrage de René Henry consacré à Kerfeunteun, notamment Kerledan, qui persiste encre aujourd'hui, sans qu'on en trouve mention sur le cadastre napoléonien.
Penhars :
Au niveau de Corniguel se trouvait un manoir, vraisemblablement implanté, au XVIe siècle, sur les bases d'un site défensif stratégique, car à proximité du port. On y accédait par une allée plantée. Au XIXe siècle, le logis seigneurial a déjà disparu, le lieu est transformé en ferme.
Le manoir du XVIe siècle de Créac'h Ibil, qui se situe tout près du manoir de Toulgoat, ne comporte plus aucune vestige. Cette terre a été rattachée au domaine de Toulgoat, et est aujourd'hui transformée en ferme.
Allée de Kerjestin, en hauteur, se trouvait l'ancien manoir éponyme. Aujourd'hui ce sont des maisons individuelles qui le remplacent. Le nom de Kerjestin a également été attribué au bois environnant, il s'agissait probablement d'une zone boisée appartenant au manoir.
Le manoir de Kervichard a lui aussi été détruit au profit de lotissement et de maisons individuelles. Le chemin de Kervichard comprend des habitations des années 1960 aux années 2000.
Le lieu-dit "Menez Kervizien" sur le cadastre Napoléonien correspondrait au domaine de Kervilien. Transformé en ferme après la Révolution, l'ensemble des terres est aujourd'hui loti.
Le manoir de La Courdaie a laissé la place à des habitions individuelles des XIXe et XXe siècles.
Le manoir de La Palue, construit et attesté au XVIe siècle a aujourd'hui disparu. Il se situait à proximité de la Terre au Duc.
Le manoir de L'isle, datant du XVIe siècle et situé au bord de l'Odet, a également disparu.
Le manoir du Merdy, qui au regard de l'étymologie s'agissait vraisemblablement de a résidence de l'Intendant du Duc ou du Roi, a donné son nom au quartier environnant qui est aujourd'hui lotis.
La ferme de Porsmellec est venue remplacer le manoir du même nom. Il est impossible d'affirmer s'il reste des vestiges du manoir, le chemin faisant le tour de la propriété ne permet que partiellement de voir les bâtiments.
Le Manoir de Prantanros appartient au XVe siècle à la famille Le Saulx, au XVIe siècle aux Le Baud, à la fin du XVIIe siècle à la famille Visdelou. A la Révolution, le domaine est vendu comme bien d'émigré.
Le Manoir de Prantanras était au XVe siècle la propriété de l'ancienne famille noble des Lézongar. Dès le XVIe siècle, il n'est plus habité par des seigneurs et passe à la roture. C'était un fief qui avait les droit de hautes justices. Remplacé par le Manoir des Indes, il ne reste que quelques ruines d'un pan de mur recouvert par la végétation, à l'arrière du manoir des Indes.
Les vestiges, remplois et sites potentiels
Quelques sites ont été problématiques dans leur qualification. En effet, certains d'entre eux ne sont pas mentionnés par les sources, et les vestiges qui subsistent sont vraisemblablement des remplois. Comment traiter ce genre d'information ? Les sites manoriaux, s'ils en étaient, ont disparu, quand bien même il reste un pan de mur, un puits, ou des encadrements remployés.
Ergué Armel
La ferme du Braden, aujourd'hui site d'exploitation de vigne et de production de vin, présente à l'arrière de ses bâtiment un linteau en accolade. Chaque édifice semble postérieur à la Révolution, mais il n'est pas exclu qu'il y ait existé à proximité un site manorial.
La ferme de Mesquéron pourrait correspondre à l'appellation d'un site potentiel. En effet, il s'agit d'un site non cité par les sources. L'étude du parcellaire sur le cadastre napoléonien permet d'émettre l'hypothèse d'un site manorial. Sur place on peut apercevoir, depuis le chemin, des bâtiments de ferme du XIXe siècle. On remarque cependant un portail cintré
Kerfeunteun :
Du domaine de Kergariou, actuellement connu sous le nom de "Ferme de Kergariou", il ne reste que des pierres remployées, dont un linteau portant la date de 1636 et un linteau chanfreiné employés au dessus de deux portes d'une habitation récente.
A proximité du manoir de Kervigou, en contre-bas de la butte, se trouve le hameau de Kerreun, qui comporte aujourd'hui quelques vestiges : une longère est dotée sur sa façade principale d'un appareillage en pierre de taille et sa porte principale est coiffée d'un arc en anse de panier mouluré. Sachant que le manoir de Kervigou a été reconstruit à la fin du XVIIe siècle, il pourrait s'agir des restes du manoir du XVIe siècle.
On trouve des vestiges sur le lieu-dit de Pontusquet, en particulier des pierres provenant d'un manoir. On trouve d'abord un encadrement de porte chanfreiné et coiffé d'un arc à anse de panier, orné d'une accolade moulurée qui a été remployé sur une maison d'habitation.On trouve également, plus bas sur le chemin de Pontusquet, au numéro 185 on trouve deux corps de bâtiment dont un est maçonné en pierre de taille et comporte un linteau portant la date de 1639 ainsi qu'une demi croisée surmontée d'un linteau orné d'une accolade.
Penhars :
Sur le lieu-dit de Quillihouarn, on trouve une ferme aux dépendances munies d'encadrements, ornés d'un chanfrein et d'une accolade. Il peut s'agir de remploi du manoir du XVIe siècle. Le propriétaire n'ayant pas souhaité ouvrir sa porte, nous n'avons pu qu'apercevoir ces détails.