Dossier d’œuvre architecture IA29132246 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Plogoff
Port-abri, Pors Loubous (Plogoff)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Communauté de communes Cap Sizun - Pointe du Raz

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cap Sizun - Pont-Croix
  • Commune Plogoff
  • Lieu-dit Penneac'h (près de)

En 1869, les ingénieurs des Ponts et Chaussées réalisent un premier projet d’installation d’une cale dans la crique de Pors Loubous. Dans le schéma joint au rapport, on voit, en plus du tracé de la cale, l’emplacement du chemin vicinal en cours de construction, l’implantation de deux treuils pour le levage du goémon ainsi que « l’emplacement des plateaux employés à la traction des bateaux au sommet de la grève ».

En 1877, le maire de Plogoff indique à la préfecture les conditions difficiles de stationnement d’une dizaine de bateaux « dans une passe ouverte aux deux extrémités entre un gros rocher et la terre ferme ». Il propose de fermer cette passe au sud à l’aide d’un brise lame et de construire une jetée au nord-ouest. La fermeture de la passe sera autorisée par décision ministérielle dix ans plus tard, en 1887. Une cinquantaine de pêcheurs s’engagèrent alors à donner une journée de travail pour réaliser un brise-lame d’environ dix mètres de long. Cependant, le projet de construction de la jetée sera refusé.

Ce refus fut très préjudiciable aux marins-pêcheurs qui ne cessèrent alors de réitérer leur demande sans succès pendant 30 ans. Une pétition de 147 d’entre eux à l’attention du préfet a été rédigée en 1920 mettant en avant l’importance du port pour la pêche dans la commune (43 bateaux en 1920, 52 avant la guerre) et les conditions extrêmement difficiles du hissage des bateaux par mauvais temps dans l’état actuel des choses. Il a également été mentionné dans une note annexe que 35 hommes se sont perdus dans le port et que 27 bateaux s’y sont brisés. La demande aboutit favorablement dès 1922 avec l’établissement d’un treuil pour le hissage des barques de pêche sur la falaise et l’amélioration de la cale.

Deux ans plus tard, en 1924, la jetée tant réclamée a finalement été construite. (Notons que dans cette période, un projet d’aménagement d’un réservoir de crustacés dans une grotte proche de la cale a été refusé à l’unanimité.)

Puis, au fil du temps, des aménagements supplémentaires ont été réalisés. Parmi eux, on peut signaler la création d’un barrage maçonné reliant le brise lame à la jetée dans les années 1930, la surélévation de cette dernière en 1967, sa remise en état en 1987 et la construction d’un parapet en 1997.

Au début des années 2000, pour lutter contre les assauts incessants de la mer et sauvegarder un pan important du patrimoine maritime de la commune, a été créée l’association des amis des usagers et amis du port de Pors Loubous. Les bénévoles s’emploient chaque année à l’entretien du port (remplacement des chaines traversière, peinture des cabanes des pêcheurs, nettoyage de la cale, etc…)

Haut lieu de la résistance, Pors Loubous vit débarquer en 1940 plusieurs officiers de la « France combattante » dont Yan Luis Doornik, Maurice Barlier et Honoré d’Estienne d’Orves. Un hommage leur est rendu par la présence d’une plaque commémorative trônant en bas du chemin menant au port rappelant leur exécution au mont Valérien le 29 Août 1941.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
    • Principale : 1er quart 20e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1887, daté par source
    • 1922, daté par source
    • 1923, daté par source

Isolé au sud du village de Penneac’h et naturellement protégé des vents du nord, Pors Loubous était également appelé par les vieux marins « ar ganol » (le chenal) (Y. NORMANT, 2014). En effet, avant la construction des premiers aménagements, l’abri consistait en une passe naturelle ouverte entre la terre ferme et un gros rocher situé à une dizaine de mètres du rivage.

Les bâtisseurs de Pors Loubous ont pris en compte cette configuration du terrain et, pour sécuriser l’amarrage des canots, ont érigé deux brises lames à l’ouest et au sud fermant ainsi la passe. L’abri est donc composé de deux portions de digues abritant les embarcations des vagues du sud et de l’ouest. Cependant, malgré deux chaines traversières installées pour amarrer solidement des canots bord à bord, les tempêtes et les grandes marées risquent toujours de provoquer de gros dégâts. C’est pourquoi un treuil a également été installé en cas de mauvais temps pour hisser les embarcations sur un plateau naturel situé plusieurs mètres au-dessus du port. Sur ce plateau, ont été positionnées plusieurs cabanes. La plupart d’entre elles permettent aux pêcheurs d’entreposer leurs casiers et matériel, une autre, plus importante abrite un treuil moderne.

La crique de Pors Loubous possède dans sa partie ouest une zone appelée « fesou bagou braz » (mouillage des grands bateaux) abritée des vents de terre et proposant un fond de sable où s’accrochent parfaitement les ancres. Cette zone était très prisée des langoustiers qui l’utilisaient pour passer une nuit de repos, pour débarquer leur équipage ou pour se réapprovisionner en eau douce à la petite fontaine située sur la falaise à 300 mètres environ vers l’ouest du port et toujours visible aujourd’hui.

Depuis longtemps, Pors Loubous a été un site particulièrement apprécié pour la récolte du goémon. Quelques vestiges de cette pratique sont encore visibles en 2019 : Au fond de l’anse, sur la crête des falaises nord et est, disparaissent petit à petit d’anciens murs de soutènement destinés à créer des surfaces planes nécessaires au levage des algues récoltées dans la grève. Le mur nord est accompagné de deux types de pierres dressées qui avaient chacune leur fonction propre. Celles qui se trouvent au bord de la falaise, larges et plates, empêchaient les algues de retomber une fois levées alors que d’autres, plus en retrait et de forme trapue avec un sillon horizontal sur leur partie haute, servaient à la fixation des mats de levage (3 emplacements sont visibles aujourd’hui).

Le goémon servait à amender les parcelles cultivées mais était également brulé dans des fours en pierres pour obtenir des « pains de soude » vendu à l’usine d’Audierne. Plusieurs de ces fours ont disparu avec la création de la route, mais deux ont été observés en 2019, l’un au nord du port, au bord de la route, l’autre isolé dans la lande, vers l’est.

  • Murs
    • granulite
    • ciment
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Bibliographie

  • Clet, Langoustier de Plogoff, Yvon Normant, éd Emgleo Breiz, 2014.

    Collection particulière
    p. 108-109
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Bretagne
(c) Communauté de communes Cap Sizun - Pointe du Raz
Articulation des dossiers