• inventaire topographique, Primelin
La récolte et le brûlage du goémon, outillage et infrastructures (Primelin)
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  • (c) Communauté de communes Cap Sizun - Pointe du Raz

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    four, mur de soutènement
  • Aires d'études
    Cap Sizun
  • Adresse
    • Commune : Primelin

La découverte, au début du 19e siècle, de l’iode extraite des cendres d’algues et de ses propriétés antiseptiques a totalement modifié le rapport qu’entretenaient les habitants du territoire avec le goémon. Utilisé depuis toujours comme engrais, il devient, une fois brulé, une source de revenus non négligeable pour les populations de la côte sud du Cap-Sizun qu’ils soient marins ou paysans.

Soumis à autorisation préfectorale, le brûlage des algues et la vente des « pains de soude » obtenus revient dans un premier temps à quelques négociants locaux. Mais devant l’augmentation du nombre de « goémoniers-soudeurs », dont la plupart agissait sans autorisation, il a été décidé au début des années 1850 que quiconque possédait un four avait le droit de bruler et de vendre sa soude.

C’est ainsi que le nombre de fours creusés sur des parcelles littorales privées (les « tachen aod ») ou sur les communs de village augmenta considérablement. On les trouvait aussi bien près des grandes plages qu’en haut de falaises abruptes du moment que les algues venaient s’y échouer.

Les années 1870 virent deux usines de traitement des cendres d’algues s’installer dans le Cap-Sizun : Au Stum à Audierne et à Keridreuff en Pont-Croix. Il s’en est suivi une ère de grande prospérité sans jamais créer de pénurie d’engrais, les algues étant assez nombreuses pour satisfaire tout le monde.

Le déclin de l’activité dans le territoire s’amorce en 1920-1921 avec la reconversion de l’usine de Pont-Croix dans la conserve alimentaire. Puis l’arrivée sur le marché français de l’iode japonaise, russe ou chilienne, moins chère, dès le début des années 1930 a aggravé la situation. Notons tout de même un sursaut de la production pendant la seconde guerre mondiale sous l’impulsion de l’occupant, pour fabriquer ce puissant antiseptique qu’est la teinture d’iode.

En 1954 l’usine d’Audierne ferme ses portes et les « pains de soude » produits par les goémoniers du Cap-Sizun ne trouvent plus preneur. Le brûlage des algues est abandonné et les fours sont délaissés.

Aujourd’hui, il ne reste de cette activité que quelques vestiges le long de la côte (fours, murets de soutènement ou pierres dressées qui servaient à fixer des mats de levage). Ces traces disparaissent petit à petit faute d’entretien et du fait de l’érosion du littoral.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle

A Primelin, comme dans le reste du Cap-Sizun, c’est le goémon dit « épave » qui était récolté. Il s’agissait d’algues (principalement des laminaires) détachées du fond de l’océan puis rapportées à la côte par le vent ou le courant.

La récolte.

Dans un premier temps il s’agissait de ramasser les algues et de les remonter sur la grève pour les faire sécher avant de les brûler. Deux cas de figure s’offraient alors aux goémoniers de la commune : le goémon échoué sur la plage du Loch et le goémon échoué dans les nombreuses petites criques bordées de hautes falaises (Pors Tarz, Pointe de Lijinek, Pointe du Castel, etc…).

Dans le premier cas, les algues étaient ramassées à l’aide de longs râteaux, fourches et autres crocs, parfois même à mains nues, et chargées dans les charrettes descendues à l’occasion sur le sable. Le goémon ainsi récolté était ensuite mis à sécher à même le sol ou sur les murets.

Dans le second cas, lorsque les falaises empêchaient l’accès direct à la manne, des dispositifs de levage étaient mis en place :

Une surface plane était généralement créée au sommet de la falaise au moyen de murets de soutènement en pierres sèches pour positionner un mât de levage au plus près du bord et pour empêcher les algues de retomber une fois levées. Ce mât en bois était planté dans le sol et fixé à une ou plusieurs pierres dressées. Il était soit planté droit, soit légèrement penché vers le vide, reposant sur une pierre au sommet de laquelle a été creusée une encoche.

Un câble était tendu au moyen d’une sorte de treuil (dit « vir a vod ») entre le sommet du mât et un arceau en métal solidement ancré dans un rocher en bas de la falaise. Les algues étaient montées dans un panier fixé à une poulie qui faisait le va et vient entre la grève et le haut de la falaise, tiré généralement par un cheval. Cette poulie était parfois équipée d’un système de loquet qui, lorsqu’il touchait le haut du mât, libérait une des anses du panier, déversant ainsi son contenu à ses pieds.

Au moins deux personnes étaient nécessaires pour accomplir cette tâche : l’une d’elles se trouvait dans la grève pour remplir les paniers et l’autre manœuvrait le cheval au sommet de la falaise.

Les algues ainsi récupérées étaient transportées en charrette jusqu’à leur lieu de séchage.

Notons qu’il existe des variantes dans ce système, notamment celle qui ne nécessite pas de cheval : Dans ce cas, le câble est tendu par un palan et la charge est hissée par le « vir a vod ».

Des vestiges de ces aménagements sont visibles en 2019 au sud des villages de Kerdugazul et du Castel, sur un commun du village du Castel ou sur des parcelles privées à la pointe de Lijinek ou à Pors Tarz.

Le brûlage.

Une fois sec, le goémon était brûlé dans des fours creusés dans le sol en bord de mer. Leur emplacement et leur disposition répondait plus à la topographie des lieux qu’a une volonté de prendre en compte la direction des vents dominants. Seuls cinq d’entre eux ont été repérés à Primelin en 2019. Ils se situent près du Loch, à Pors Bae, à la pointe du Castel et à Pors Tarz. Mais on peut affirmer d’après les nombreux témoignages recueillis dans la commune qu’ils étaient infiniment plus nombreux lorsque l’activité battait son plein.

Il s’agissait de fosses de forme rectangulaire longues de 6 à 8 mètres, larges de 0,60 à 0,70 mètres et profondes de 0,50 à 0,60 mètres. Leurs parois ainsi que leur fond étaient dallés de pierres plates et lisses jointées entre elles avec de l’argile. Pour obtenir des pains de soudes faciles à démouler et à transporter, des pierres mobiles étaient placées en travers du four créant ainsi des compartiments d’une soixantaine de centimètres.

Le brûlage du goémon se pratiquait à la fin de l’été et se déroulait en plusieurs étapes : On allumait tout d’abord le feu dans chaque compartiment avec des fagots de genêt ou d’ajonc, puis on le remplissait petit à petit de poignées d’algues sèches. Enfin, à la fin de l’après-midi, on homogénéisait la masse de cendres en fusion en la malaxant avec une longue spatule. Le lendemain, les pains étaient démoulés et expédiés en charrette à l’usine pour qu’en soit extraite l’iode.

  • Typologies
    Four de brûlage ; murets de soutenement ; mâts de levage
  • Toits
  • Murs
    • granulite
  • Décompte des œuvres

Bibliographie

  • Pierre ARZEL, Les goémoniers. Le chasse-marée, éd de l'estran, 1987

    Collection particulière
    p. 157 à 159
  • NORMANT, Yvon. Clet, Langoustier de Plogoff. Emgleo Breiz, Brest, 2014.

    Collection particulière
  • Jean-Jacques Doaré, Plouhinec autrefois. Tranches de vie d'une commune du Finistère. Tome 1. Ed AS3P, 2012

    Collection particulière
    p. 129 à 148

Périodiques

  • Bulletin n°6 de l'association Culture et Patrimoine d'Esquibien, Reuz en Eskevien, numéro spécial : Fête du goémon. Juillet 2012

    Collection particulière
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
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