La cité scolaire de l'Iroise regroupe un lycée et un collège. Elle est l'héritière de l'école primaire supérieure (EPS) qui existait à Brest avant la Seconde Guerre mondiale et avait été transformée en collège moderne, suite à la suppression des EPS, par le régime de vichy, en 1941 (loi Carcopino, du nom du secrétaire d'Etat à l'Instruction publique et à la jeunesse). L'intensification des bombardements sur Brest nécessite le repli de l'établissement dans la Sarthe.
Du collège moderne au lycée annexe : l'établissement en baraques pour les élèves de Saint-Marc et de l'est de Brest
Le grand projet scolaire de la Reconstruction, à Brest, est le regroupement dans une seule cité scolaire mixte, à Kerichen, des enseignements secondaires classiques, modernes et techniques. Les établissements sont d'abord implantés dans des baraques, place de l'Harteloire. Le manque d'espace conduit à réserver ce dernier emplacement au lycée classique et moderne et à installer, également en baraques, en différents quartiers de la ville, les autres enseignements secondaires. En 1946, la municipalité implante ainsi le collège moderne au lieu dit Le Petit Paris, route de Quimper, sur le territoire de l'ancienne commune de Saint-Marc, rattachée à Brest, l'année précédente. Un traité constitutif, signé le 21 avril 1947, crée, pour 10 ans, de façon rétroactive (du 1er janvier 1946 au 31 décembre 1951), le "collège moderne de garçons et de filles de la ville de Brest", dont les cours ont lieu dans des baraques modulaires construites en ciment. Fort d'environ 600 élèves et doté, entre autres, de deux sections de mécaniciens pont et machines, l'établissement devient, en 1953, par lettre ministérielle (18 septembre), une annexe du lycée de Brest. L'évolution statutaire vers un lycée de plein exercice est remise à plus tard. A cette date, c'est en effet l'annexe de Landerneau du lycée de Brest qui devient autonome.
La construction industrialisée d'un établissement neuf accompagne la transition vers un lycée "autonome"
Cette même année 1963 est déterminante pour l'avenir de l'établissement. Le rigoureux hiver, pendant lequel l'encre gèle dans les classes, et l'effondrement d'un plafond, engendrent plusieurs fermetures de l'établissement. Après que la presse a dénoncé les conditions "lamentables" d'accueil des élèves, et que les enseignants et parents d'élèves ont manifesté, le samedi 26 octobre, à l'occasion de la venue à Brest du ministre de l'Éducation nationale, Christian Fouchet, ce dernier annonce la construction d'une cité scolaire neuve.
Les études de celle-ci étaient d'ailleurs bien engagée, puisque le ministère avait nommé, dès 1961, l'architecte jean Lacaille, pour mener à bien cette opération. La Ville étudiait depuis le printemps la délégation de maîtrise d'ouvrage à l'Etat. Le compte-rendu de la visite de l'ingénieur attaché au rectorat, le 18 avril 1963, en présence de l'adjoint au maire délégué à l'enseignement, M. Holley, précise en effet les avantages de cette formule pour la commune (participation forfaitaire, insensible aux éventuels surcoûts, de "2 à 3 millions de francs", sur un total de 10 millions) et indique : "M. Lacaille sera confirmé dans sa mission. (...) Le Ministère de l'Education Nationale ayant procédé à un concours dit "Conception - Réalisation", il est probable que le lycée de Saint-Marc sera adapté à partir de plans-types, en fonction du terrain et du programme." Le 22 avril 1963, le Conseil municipal délibère dans ce sens. Le programme technique est arrêté le 27 juillet 1963, sur la base du programme pédagogique du 20 juin de cette année-là.
Ce dernier prévoit la construction d'un lycée classique et moderne de second cycle de 1200 élèves et d'une annexe de premier cycle de 800 élèves, sans internat - les conséquences du sous dimensionnement de ce dernier sont encore sensibles en 2021. La première pierre est posée, le 18 mai 1964. Les travaux se déroulent en trois tranches, de 1964 à 1968. Ils débutent par l'externat du premier cycle et la restauration scolaire ; suivent le bâtiment du second cycle, en deux temps, puis le bâtiments administratifs et les logements (voir photographies aériennes "Heurtier" dans les illustrations). La convention entre la Ville et l'Etat, adoptée par le Conseil municipal, le 14 septembre 1964, précise que le coût total de la construction s'élève à 11,12 millions de francs, que la participation de la Ville est de 17,14 %, en plus de l'apport du terrain pour lequel elle espère être subventionnée à 50%.
Parallèlement, sur la majeure partie de la parcelle, située à l'est de la cité scolaire, est construit un vaste complexe sportif, sous maîtrise d'ouvrage municipale. Par délibération du conseil, le 5 avril 1965, la ville s'engage à mettre les installations sportives "en priorité à la disposition des élèves pendant les heures de scolarité". M. Lacaille en est également l'architecte (voir dossier d'inventaire sur le "centre sportif Jean Guéguéniat" sur ce même site internet ; la réception provisoire des travaux est réalisée, en 1972).
La cité scolaire aujourd'hui
Un décret ministériel du 10 juillet 1968 officialise la transformation de "l'annexe" en lycée "autonome", sous le nom de "Lycée d'Etat classique et moderne de Saint-Marc", avec CES adjoint. En 1972, le collège Levot est rattaché à l'établissement qui, en 1983, prend le nom de "Lycée et collège de l'Iroise", mettant fin à d'éventuelles confusions entre le nom du quartier, ancienne commune, de Saint-Marc et le saint catholique.
Les principales évolutions du bâti sont les suivantes :
- en 1993, restructuration du service de restauration et sa transformation en Self ;
- en 1994, construction d'un CDI selon les plans de l'architecte Gildas Nedélec, qui modifie sensiblement le plan de masse, en occupant un tiers de la surface du patio et en le fermant totalement. La décoration au titre du 1% artistique est au centre du bassin de ce patio (Philippe Hiquily, 1973, voir dossier sue ce même site internet).
- en 1994, construction de deux salles de langues,
- en 2007, construction d'un nouveau gymnase (Patrice Liard et Christine Tanguy, architectes).
- en 2021, implantation d'un bâtiment d'ateliers pour les agents.
La cité scolaire accueille, en 2021, environ 1200 élèves, répartis pour moitié entre collège et lycée. C'est un établissement sans internat ni formation d'enseignement supérieur, mais qui prépare à l'ensemble des baccalauréats généraux.
Par-delà les références documentaires indiquées dans ce dossier, cet historique doit beaucoup à l'article d'Olivier Corre, historien et enseignant au lycée, dans Les Cahiers de l'iroise, (références complètes ci-dessous).
Chargé d'études à l'Inventaire