Usine de confection militaire, dite Etablissement Collin, créée en 1873. En 1890, l'usine Collin comprend trois ateliers distincts d'équipement, de chaussures et d'habillement. Durant l'année 1890, le premier atelier occupe un assez grand nombre d'ouvriers grâce à l'importance des commandes traditionnelles et à des commandes supplémentaires obtenues par voies d'adjudication. Dans les ateliers d'habillement et de chaussures, la réduction au minimum des commandes traditionnelles et la suppression par l'Etat des commandes supplémentaires produisent un tel ralentissement du travail que la moitié des ouvriers est congédiée et l'autre moitié a subi une réduction de la journée de travail passant à 6 heures et demi. En 1906, le successeur G. Daisay fabrique toujours des fournitures militaires telles que chaussures, habillement et affaires de campement. En 1912, une succursale est mentionnée à Fougères, 5 pl. du Marché. La date de cessation de l'établissement est inconnue. Aujourd'hui, les bâtiments abritent une école d'architecture.
En 1912, les machines outils utilisées pour la fabrication des chaussures de cuir sont rangées en trois catégories : les machines outils du ouest américain dites United, les machines anglaises de la société Boston, puis les petites machines courantes de différentes marques. La machine United appartient à la société qui, en Amérique, a trusté l'industrie du machinisme en chaussures et qui s'efforce en Europe d'acquérir les brevets des machines fabriquées par des maisons indépendantes françaises ou anglaises. Mue par des moteurs à l'aide de courroies de transmission, elle permet de fabriquer entièrement divers modèles de chaussures.
En 1889, l'usine Collin emploie 175 ouvriers dont 70 femmes. Du 22 au 26 novembre 1900, grève des 48 ouvrières mécaniciennes de la confection militaire qui souhaitent une augmentation de salaire. En 1912, l'usine emploie 200 ouvriers dont 60 ouvriers monteurs en chaussures, 30 ouvriers au finissage et 12 ouvriers à la coupe. Du 8 au 9 juillet 1912, ces ouvriers protestent contre une décision ministérielle leur paraissant devoir gravement léser leurs intérêts, à savoir l'adoption de la couture mécanique pour la confection des chaussures avec notamment l'emploi de la machine United qui a pour résultat d'éliminer au moins 80 % des ouvriers. En 1919, l'Etablissement Daisay emploie 1260 salariés, 460 travaillant dans les établissements et 800 travaillant à domicile, 220 sont alors spécialisés dans la chaussures, 50 dans l'équipement et 990 dans l'habillement : 172 hommes, 1070 femmes et 18 enfants.
(Isabelle Barbedor, inventaire topographique, 1999)