Les presbytères (Erwan Le Texier)
Les biens ecclésiastiques ont connu bien des vicissitudes sur la commune de Liffré. L'église d'origine, "qui remonte à un temps immémorial" (selon une enquête de 1845), fortement remaniée au cours des siècles, a finalement été détruite pour céder la place à l'actuel édifice, orienté non plus sud-est, mais sud. Ce changement a permis de construire la mairie sur le même terrain, anciennement propriété de la fabrique et désormais bien communal.
L'ancien presbytère, exhaussé en 1823, est signalé comme trop petit dans la même enquête de 1845, avec pourtant cuisine, salon, cellier, trois chambres (pour les trois desservants) et des greniers. Il est encore propriété de la fabrique. Le presbytère actuel, construit en 1856 sur les plans de l'architecte Jacques Mellet, en reprend l'emplacement. On en profite pour modifier son orientation : le cadastre de 1828 présente deux édifices orientés est-ouest, séparés par une cour, au lieu de l'édifice actuel, orienté nord-sud, installé à l'emplacement de la cour en question.
La Benazerie
Face au presbytère, de l'autre côté de la route, se trouvait la chapellenie de la Benazerie, provenant de la fabrique de Liffré, qui fut parmi les premiers biens à avoir été estimés à la vente sur le canton, les 23 et 24 mars 1791. L'expert décrit l'édifice et ses dépendances avec assez de précisions. Construit en pierre (du grès, probablement) et couvert en ardoises, matériaux tout à fait classiques pour un bâtiment appartenant à l'Eglise, l'édifice, en deux travées principales, était composé d'une buanderie avec cheminée pour chauffer l'eau et d'une étable. Les cloisons intérieures étaient en bois et terre, signe que les moyens financiers étaient toutefois réduits. La buanderie avait deux portes (nord et sud) et surtout une fenêtre vitrée pour favoriser la clarté du travail.
A l'extrémité ouest se trouvait un refuge à porcs, que l'on rencontrait dans la majorité des maisons, même en ville. Ce petit bâtiment était, comme toujours, couvert en paille, car le confort de l'homme passe avant celui du cochon. Des prés et un grand jardin de curé entouré de haies s'étendaient tout autour.
On ne nous signale ni demeure (donc pas de chambre, cave, latrines, etc., que l'on trouve souvent dans les logis de prêtres), ni surtout de chapelle. Il faut comprendre que la chapelle desservie se situait à l'intérieur de l'église, et que le chapelain vivait dans une maison qu'il possédait ailleurs.
L'adjudication eut lieu la 6 août 1791 au profit d'un Rennais nommé Costard. En 1828, l'ensemble appartenait à Julien-Marie Delalande, dont c'était peut-être la résidence principale. Soixante ans plus tard, la chapellenie était toujours dans la famille Delalande. Aujourd'hui, le toponyme lui-même a disparu, et à l'angle de la rue des Ecoles et de l'avenue du Président François Mitterrand se trouve désormais une maison de commerce du début du 20è siècle. Si le tracé des rues n'a pas été modifié, sur les prés se sont installés des établissements scolaires, et le jardin de la Benazerie est devenu lotissement. Dernière maison du bourg sur le cadastre napoléonien, la Benazerie se situe désormais à 300 mètres de la sortie du bourg, témoin de l'urbanisation croissante de Liffré au cours du dernier siècle.
Photographe à l'Inventaire