C'est tardivement, le 26 Fructidor an VII, que ce bien national a été estimé par trois experts travaillant au nom du département, des Domaines Nationaux et du soumissionnaire. La description en est assez vague ; à l'époque seule compte l'estimation finale. On ne connaît donc pas les dimensions, ni les ouvertures. Le cadastre ancien (1827) permet de comprendre la disposition des deux bâtiments principaux : l'un, à deux travées, renferme le logis à cheminée et une étable, l'autre la salle du moulin et un dépôt pour les pochées. Un troisième bâtiment plus petit, aujourd'hui disparu, apparaît sur le cadastre ancien. Il s'agit probablement d'un refuge à porcs construit par la suite.
Selon les experts, l'ensemble est de faible importance. Ils signalent également que le moulin manque d'eau et que la demeure est une "mauvaise maison", en pierres brutes et couverte en paille, avec un grenier rudimentaire en terre, au-dessus. Ceci peut expliquer la mise en vente tardive. Les bâtisseurs ont attaché beaucoup plus de soin au moulin, en pierres et couvert en ardoises avec essentage ; un simple grenier surmonte le dépôt.
Le moulin est vendu à Julienne Beaucé veuve Guéret. En 1827, il est aux mains de deux exploitants vivant sur place : Guillaume Guéret et David Nicolas. Le moulin est donc resté dans la même famille. Ils ne possèdent sur place qu'un jardin et quelques terres dans les villages alentour. Le moulin compte deux foyers, soit douze personnes. En 1903, après avoir appartenu à un certain Pierre Galesne, habitant la Pagerie (village situé 500 m. au nord), le moulin passe à Louis Rouzel.
Aujourd'hui, si les étangs de Liffré et Sérigné et la digue n'ont pas été modifiés, en revanche le ruisseau a été détourné plus au sud. Le déversoir, au pignon sud du moulin, est le seul témoin de l'activité originelle des lieux car les deux bâtiments ne sont pas ceux décrits en 1791 et qui apparaissent sur le cadastre de 1828. Par contre, les emplacements des édifices ont été repris et les hauteurs de chacun d'eux doivent être conforme à celle de leurs prédécesseurs. Ils abritent toujours deux ménages.
Le jardin du moulin s'étend désormais autant à l'est qu'au sud. Le chemin menant au moulin n'est plus une impasse. La route qui mène désormais à la Pagerie est bordée de trois maisons et au sud-est se trouve une exploitation agricole du 19e siècle.
Erwan Le Texier.