Dominant à l'est le boulingrin du Carré Duguesclin, au pied de la terrasse en fer à cheval, la colonne dite de Juillet est un monument "patriotique" élevé à la mémoire de deux jeunes Bretons, morts à Paris lors des journées de 1830, à l'initiative du poète rennais Hippolyte Lucas. C'est un hommage à Louis Vanneau, polytechnicien, et François Papu, chirurgien, qui, selon le texte figurant sur la plaque de la version parisienne de la colonne (place de la Bastille), "combattirent pour la défense des libertés publiques" lors des Trois Glorieuses. La décision du Conseil Municipal, le choix de l'emplacement et l'adjudication des travaux ont lieu en 1835, à la suite de l'ordonnance du 10 juillet 1835 qui autorisa la Ville à élever ce monument.
La colonne est construite par M. Lebreton, entrepreneur, adjudicataire, pour la somme de 3301 francs d'après les plans tracés par Charles Millardet, architecte, qui a réalisé, à cette occasion, sa quatrième œuvre publique rennaise, après la chapelle funéraire du Cimetière du nord, l'escalier de la promenade de la Motte (déplacé en 1902 à l'entrée du parc du Thabor, rue de Paris) et le théâtre municipal de la place de la Mairie.
La statue dite La Liberté (ou Génie de La Liberté), réalisée en 1837 par le sculpteur Jean-Baptiste Barré fut posée avec du retard, Millardet ayant initialement proposé un symbole animalier (le coq) auquel est préféré une figure féminine tenant d'une main une lance et de l'autre la charte de 1830, symbole politique du nouveau régime, suggéré par le Ministère de l´Intérieur.
L'ensemble sculpté (colonne et statue) est démonté et ses éléments déposés au début des années 2000 pour des raisons de sécurité. Les matériaux fortement dégradés, la pierre calcaire était rongée par le temps et les liaisons entre les pierres étaient fragilisées, menacaient la stabilité de l'ensemble. Les ornementations du soubassement étaient devenues quasiment invisibles. La restauration complète de la colonne a été achevée en 2012, celle-ci est remontée à son emplacement.
Desassemblée de la colonne, la statue, qui a subi les outrages du temps et des intempéries, n'était plus en mesure d'être restaurée, son visage était totalement effacé, la main tenant la lance avait presque disparu et une partie du drapé de son vêtement s'était détachée. Eu égard à sa valeur patrimoniale, et malgré les détériorations subies, la statue de Barré a été conservée et a intégré les collections municipales.
L'artiste Nathalie Tran-Hamery est chargée de sculpter une nouvelle statue dans un bloc de calcaire de la Vienne, dite pierre de Lavoux. À partir d'autres œuvres de Barré, mieux conservées, sont réimaginés ses traits anciens. La lance, en alliage de cuivre et de laiton brossé, a été forgée par l'atelier Bournigal à Pleucadeuc. C'est cette nouvelle œuvre qui prend place en 2014 sur le chapiteau du sommet de la colonne de Juillet. Elle y sera fixée à l'aide d'un gougeon d'acier de 50 centimètres qui surmonte la colonne et scellée par un mortier de chaux et de sable.
Direction de la Culture de Rennes (Ville et Métropole) - Service patrimoine