Les châteaux :
Il existait uniquement un château à Chelun, il s'agissait d'une motte féodale située à la Vieille Motte. Les mottes féodales sont des types de fortification qui se développent essentiellement au cours du 11e siècle et du 12e siècle. En effet, ce type de château est représenté sur la tapisserie de Bayeux (vers 1060) par exemple où l'on voit les mottes féodales de Rennes et de Dinan. À partir du début du 12e siècle, les châteaux en pierre remplacent progressivement les mottes féodales. Les châteaux à mottes étaient donc nombreux au 11e-12e siècle, ils étaient en effet destinés à assurer la défense du seigneur contre ses voisins et non contre un ennemi extérieur. Ils se présentaient de la manière suivante : une motte de terre naturelle ou artificielle (le plus souvent) sur laquelle se trouvait une fortification en bois ; la motte étant entourée de douves et d'une palissade en bois. Le donjon en bois se trouvant au centre de la motte n'était pas destiné à l'habitation mais constituait plutôt un refuge en cas d'attaque. Les habitations étaient plutôt situées aux pieds de la motte féodale, dans une basse-cour (baile) ; elles étaient construites en bois. A la Vieille Motte, subsiste la motte de terre ainsi qu'une partie des douves.
Les manoirs :
Au début du 20e siècle, Paul Banéat recensait 5 manoirs ou anciens manoirs sur le territoire de la commune. Actuellement il subsiste des vestiges de deux de ces anciens manoirs à Chelun au Bois du Liet et à la Motte. Les autres, le manoir des Prés, de la Mare et de la Trécouillère, n'existent plus. A ces endroits, se trouvent aujourd'hui des fermes, sans aucun vestiges des manoirs si ce n'est dans le site d'implantation puisque, par exemple, à la Trécouillère, il reste un point d'eau à l'entrée de la cour qui pourrait bien correspondre aux anciennes douves. Par ailleurs, il semble qu'il existait également une maison noble à la Forterie en lisière de la forêt où se trouvait également un prieuré ; elle appartenait au duc d'Alençon.
D'après le cadastre de 1827, le manoir de la Motte était un ensemble important puisqu'il est représenté sous la forme de deux bâtiments principaux perpendiculaires l'un à l'autre. Le bâtiment situé au nord a aujourd'hui disparu, il possédait des tourelles aux quatre angles. Le bâtiment situé à l'est subsiste partiellement, il a perdu sa toiture. Sa corniche à modillons et ses encadrements en pierre calcaire, son escalier à vis en bois permettent de faire remonter sa construction à la fin du 16e ou bien au début du 17e siècle. Son plan est inhabituel puisque qu'il est composé de deux pièces aux extrémités du bâtiment avec cheminée sur le mur de refend ; à priori, la partie centrale ne possédait pas de cheminée. La fonction de cette partie est difficilement identifiable, peut-être s'agissait-il d'un cellier. Ce manoir était situé en lisière de forêt et possédait une chapelle qui avait déjà disparu au début du 20e siècle, lors de la rédaction de l'ouvrage de Paul Banéat.
D'après Paul Banéat, au début du 20e siècle, le manoir du Boisduliers se présentait de la manière suivante : deux corps de logis ; le premier était de grandes dimensions et comprenait un rez-de-chaussée et un étage. Le second n'avait qu'un rez-de-chaussée. Les ouvertures étaient en plein cintre et protégées par des grilles en fer forgé. Le tout occupait une cour carrée entourée de douves en eau. Le manoir avait une chapelle et un colombier. Il était qualifié de châtellenie et possédait un droit de haute justice. Il appartenait aux d'Espinay en 1390, de nombreuses familles en ont été propriétaires par la suite : de Téhillac, le Breton, du Boisadam, le Roux, de Larlan de Kercado, Gardin du Boishamon. L'ancien manoir des Prés dépendait de cette seigneurie du Boisduliers. Malgré des transformations et la disparition de certains bâtiments constituant le manoir, il semble qu'il s'agissait d'un manoir du 15e siècle remanié au 17e siècle, comme l'indique le décor en stuc de la cheminée de l'étage qui date de cette époque.