DESCRIPTION [état en 1980 avant démolition]
1. Situation et composition d'ensemble
Edifice situé à la sortie ouest de La Mézière, immédiatement au nord du chemin communal conduisant du bourg au hameau des Landelles.
L'ensemble d'habitation est composé d'un jardin de plan grossièrement carré entouré sur trois côtés de bâtiments de dépendances et du logis au nord (cf. Des. 1). Deux portes percées dans les murs ouest et nord donnent accès au verger et à un champ situé derrière la maison. Les murs (très épais) sont construits en terre banchée et couverts d'un toit en ardoises. Vers la route, le jardin est fermé par deux bâtiments à usage de remises (récents), portail entre les deux.
2. Matériaux et mise en oeuvre
- Elévation antérieure.
. Rez-de-chaussée : maçonnerie de moellons de grès beige (fig. 12).
. 1er étage ; pan de bois avec hourdis (Des. 5 - fig. 19, 20, 21, 22).
La totalité de l'élévation est revêtue d'un crépi (enduit sur grillage et lattis). Encadrements des baies en bois ou en granite.
- Elévations latérales.
Mêmes matériaux et même mise en oeuvre que sur l'élévation antérieure hormis le corps accolé au nord construit en briques pleines et enduit.
- Elévation postérieure.
. Corps de bâtiment ouest, en majeure partie : briques pleines apparentes (fig. 9).
. Corps de bâtiment est : matériaux et mise en oeuvre identiques à ceux de l'élévation antérieure et crépi.
Toitures : en ardoises.
Sols : parquet et carrelages.
3. Structures, plans, coupes
Logis de plan en L, un corps de bâtiment accolé dans l'angle (cf. Des. 2).
Le logis, aspecté au sud, est composé d'un corps principal formé de deux bâtiments de plan grossièrement carré (corps A et B) séparés par un épais mur de refend. A ce corps principal sont accolés deux autres corps : l'un au nord, l'autre dans l'angle de ce dernier avec le corps principal. Bâtiment à un étage et comble, simple en profondeur.
4. Elévations
- Elévation antérieure (cf. fig. 6)
Elévation irrégulière divisée en deux parties délimitées par un versant du mur de façade du corps A. Une seule travée axiale à gauche et à droite, disposition anarchique des baies, accentuée par les modifications récentes de leurs proportions.
. Corps A
Porte-fenêtre à encadrement de granite peint en blanc à linteau délardé en accolade, et surmontée d'une fenêtre à encadrement de bois. Abouts des poutres apparents (trois plus une poutre de rive) supportant une sablière sur laquelle reposent les solives (fig. 13).
. Corps B
Baies du rez-de-chaussée entièrement remaniées (encadrements de briques) ; au 1er étage, les dispositions d'origine paraissant avoir subsisté : fenêtres à encadrements de bois non alignées ; un about de poutre et coyaux apparents.
- Elévation latérale gauche (cf. fig. 7)
Elle aussi divisée en deux parties :
A droite : mur-pignon du corps de bâtiment principal ouvert au rez-de-chaussée d'une fenêtre rectangulaire à encadrement de granite (fig. 11) et feuillure, grille de fer forgé. Au 1er étage : deux fenêtres à encadrement de bois et de tailles différentes. Abouts de solives et poutre de rive apparents. Le pignon est essenté avec égoût retroussé.
A gauche : deux fenêtres rectangulaires superposées à encadrements de briques crépis, linteaux de bois.
- Elévation postérieure (fig. 9)
Très irrégulière. A droite, mur aveugle, porte -haute dans le pignon-. Au-dessus du rez-de-chaussée, saillie du conduit de cheminée sur toute la hauteur de l'élévation.
Dans l'appentis à gauche, porte et fenêtre rectangulaires et saillie du conduit de cheminée.
La partie gauche est ouverte d'une petite baie au rez-de-chaussée et d'un jour au 1er étage à encadrement de bois. About de la poutre de plancher en saillie par rapport au nu du mur à droite de la fenêtre du rez-de-chaussée.
Elévation latérale droite (fig. 10, 14)
Mur-pignon aveugle. La totalité du pignon et une partie du mur sont essentées avec un décor en croix.
5. Couverture (Des. 4)
Toit à deux versants à égoûts retroussés, à pignons couverts, avec différence de niveau accusée entre les deux corps A et B (fig. 14). Les raccords sont maladroits : croupe partielle (fig. 15, 16). Pénétration du toit du corps accolé au nord (noues). (fig. 9).
Les corps de bâtiments accolés sur l'élévation postérieure sont couverts par les prolongements des longs pans.
- Toiture en ardoise
- Charpente ancienne en chêne
- Charpente du comble du corps A à deux fermes.
Ferme 1 (est) à entrait supportant le plancher de comble et poinçon. Deux aisseliers de part et d'autre du poinçon (leurs deux points d'appui sont décalés) assemblés à tenons et mortaises (fig. 24). Deux contrefiches (voir fig. 17 le détail du point d'appui de l'arbalétrier sur la contrefiche : il n'y a pas d'assemblage). La ferme 1 a été consolidée par un doublage en sapin (fig. 23), plus récent, composé de deux arbalétriers et d'un faux entrait assemblés par boulons.
Ferme 2 (centre) : identique à la précédente mais le poinçon a été sélectionné et les contrefiches ont été descendues pour être remplacées par un faux entrait (fig. 25).
Le dernière ferme appartient au pan de bois du pignon du mur ouest (fig. 18). Les goussets portent sur la poutre de rive située au-dessous du niveau du parquet.
Deux pannes, chevrons, coyaux et lattes.
La charpente (plus récente) du corps accolé au nord pénètre dans celle du corps A (fig. 25).
Coffre de la cheminée est, maçonné en tuilots et briques pleines ; il est décalé par rapport à l'axe longitudinal de la charpente (fig. 23).
Charpente du comble du corps B : ancienne, en chêne. Une seule ferme plus une ferme constituant le pan de bois du mur est. Coffre de la cheminée de construction identique au précédent et également désaxé.
6. Distributions intérieures
Rez-de-chaussée (Des. 2)
Corps A et B séparés par un couloir de distribution transversal, conduisant à la cage d'escalier.
Corps A
Une porte en arc plein cintre à trois claveaux de granite et encadrement chanfreiné (uniquement sur la face côté couloir) ouvre sur le salon ; emmarchement de deux degrés (fig. 28).
Salon ouvert d'une porte-fenêtre au sud et d'une fenêtre à l'ouest (fig. 26, 27).
Plafond plâtré (deux poutres coffrées).
Murs couverts de lambris de hauteur en chêne et châtaignier à panneaux chantournés et moulurés.
Parquet "échelle" en chêne.
Cheminée sur le mur est encastrée dans le lambris (les placards de part et d'autre sont profonds de 0,80m). Au moment de l'enquête des éléments du lambris avaient déjà été ôtés et cela permet de démontrer que la cheminée, dans son état actuel, est le résultat d'un remaniement (réduction de la taille du foyer) (fig. 29). Au stade ultime, avant la démolition totale, la structure de la cheminée est parfaitement visible (fig. 30). Cheminée originelle hauteur 1,70m, adossée, piédroits en granite, corbeau en bois supportant une pièce de bois recevant le linteau de bois, hotte droite en tuilots. Le rétrécissement est construit en terre, tuilots et pans de bois.
Corps B
Cloison entre le couloir et la cuisine en bois. Une fenêtre au sud (remaniée), réduit (récent) dans l'angle nord-est. Plafond à poutre et solives apparentes, remplissage en "fusées" enduit (bâtons de bois, entourés de paille cimentée à l'argile).
Cheminée contre le mur est : engagée, piédroits de granite beige, chanfreinés, corbeau de bois à copeaux, linteau de bois à tablette (fig. 31).
Dimensions :
longueur totale : 2,00m
largeur jouée : 0,60 m
largeur totale manteau : 1,10 m
hauteur piédroits : 1,34 m
hauteur corbeau : 0,30 m.
Corps accolé au nord du corps A : salle de bains. Placards de bois le long du mur sud du couloir. Escalier en bois à jour central, une volée tournante à droite.
Premier étage (Des. 3)
Corps A
Du palier du 1er étage, cinq degrés donnent accès à un couloir latéral au nord qui distribue une chambre contiguë à une petite pièce ouverte à l'ouest (elle-même divisée en deux).
Chambre
Une fenêtre au sud (décentrée), une porte vers le couloir, une porte vers la pièce de l'ouest.
Couvrement : plafond de plâtre.
Murs sud, ouest et est : lambrissés de hauteur à panneaux chantournés (fig. 32). Parquet "échelle".
Cheminée désaxée par rapport au centre du mur, intégrée dans le revêtement. Lors de la démolition, les structures originelles sont apparues (fig. 36, 37) : piédroits appareillés en granite, chanfreinés, congés au sommet, corbeaux en talon, en granite (linteau bois disparu).
Au nord, deux autres chambres se situent au-dessus de la salle de bains et du vestibule ; cheminée à manteau de bois peint en faux marbre.
Corps B
Vestibule latéral distribuant une petite pièce au sud et une chambre occupant toute la largeur du corps. Le mur de séparation entre ces deux pièces est construit en pan de bois, la fenêtre de la petite pièce est ouverte dans l'angle.
Chambre ouverte d'une fenêtre au sud, plafonnée de plâtre. Parquet "échelle". Lambris de hauteur sur le mur est délimitant deux alcôves qui encadrent la cheminée centrale. Celle-ci est adossée à un épais massif en saillie (fig. 33, 34). Panneaux chantournés (fig. 35). Seule la traverse supérieure de l'alcôve gauche est intacte, l'autre ayant été sciée. Chaque alcôve est éclairée par un petit jour (Des. 3).
Dimensions :
largeur totale intérieure : 2,40 m
largeur baie : 1,80 m
profondeur : 1,45 m
largeur : 1,54 m
Escalier à une volée droite de treize marches desservant le comble.
CONCLUSIONS
Edifice composite intéressant par sa structure et la mise en oeuvre des divers matériaux. L'étude archéologique permet d'avancer une hypothèse sur les diverses étapes de construction des corps de bâtiments.
Le mur épais (0,84m) séparant les corps A et B paraît bien antérieur à l'ensemble des autres constructions (voir les cheminées et la porte plein cintre qui ouvrait sur l'extérieur), et pourrait dater du 17e siècle.
Lors des travaux postérieurs (18e siècle) qui donnèrent au bâtiment son aspect actuel, ce mur fut gardé mais les cheminées qui y étaient adossées furent modifiées et rétrécies pour les inclure de manière satisfaisante dans les lambris.
Les adjonctions au nord sont postérieures (19e siècle) et sont construites en briques.
La demi croupe placée entre les toits des corps A et B paraît résulter d'une incapacité à résoudre les problèmes de niveaux, il s'agit en fait, d'une nécessité déterminée par la porte du comble du corps A (fig. 23).
Les dispositions mobilières de la chambre du 1er étage (corps B) sont peu fréquentes et reflètent certainement des influences rennaises. Les moulurations de la cheminée en particulier, sont en tout point identiques à celles des appartements construits après l'incendie de 1720.
Dans la chambre du corps A, les lambris du mur de la cheminée ont été refaits au 19e siècle.