ANALYSE ARCHITECTURALE
IMPLANTATION
-1- Les hameaux :
Dans les hameaux où l´on trouve une majorité de fermes, celles ci sont généralement bien individualisées séparées par des chemins ou des aires de travail ouvertes. C´est le cas le plus fréquent (fig.60). Toutefois, comme elles privilégient pour la plupart la même orientation au sud, on rencontre aussi des fermes alignées en barres constituées des logis et dépendances de chacune d´elles : Le Ganquis (fig.14), Kervilaine, Trébointel. D´autres présentent des dépendances réunies autour d´une cour fermée ouvrant sur la voie par un portail ou un porche (Kerdruellan, Crubelz, Kerprévost).
Dans les hameaux côtiers où l´on trouve une majorité de maisons de pêcheurs des 19e et 20e siècles, les maisons se sont implantées le long de voies existantes. Elles sont souvent mitoyennes, plus rarement isolées, et, suivant l´orientation primitive du parcellaire par rapport au sud, elles s´organisent en barres parallèles ou perpendiculaires aux voies (fig.59). Dans le cas d´une implantation perpendiculaire aux chemins, des servitudes de passage existent devant chacune des maisons alignées.
-2- Le long des routes :
La création de nouvelles routes départementales et l´augmentation sensible de la population au 19e siècle, ont engendré la construction d´un habitat récent implanté de façon linéaire le long des routes. C´est l´une des caractéristiques du développement urbain de Belz à cette époque, particulièrement sensible aux abords de Pont-Lorois, de Kernio, du Pont-Neuf ou de Bellevue, de part et d´autre du Bourg. Les maisons alignées sur la voie, rarement en retrait, sont généralement mitoyennes, réunies deux par deux avec dépendances postérieures ou latérales en appentis (fig. 56). Parfois ce sont quatre ou cinq maisons mitoyennes qui sont ainsi réunies (fig.54).
Plus rarement ces maisons forment des barres perpendiculaires à la voie (fig. 53).
A partir des années 1930, on commence à bâtir des pavillons isolés au centre des parcelles.
-3- Maisons urbaines au bourg :
Au bourg les anciennes fermes adoptent une implantation individualisée par rapport aux anciennes voies de circulation. Deux d´entre elles sont dans un enclos partiellement cerné de murs.
Les maisons sont en majorité implantées à l´alignement de la voie, voire en totalité dans la rue principale, rue De Gaulle.
MATERIAUX ET MISE EN OEUVRE
Les matériaux du gros oeuvre des maisons et des fermes reflètent l´homogénéité du sous-sol formé de granulite ou granite beige. Toutes celles antérieures au 20e siècle sont construites avec ce matériau extrait localement. Sur les façades des maisons construites entre 1910 et 1940, on note l´utilisation d´un granite gris étranger à la région, souvent traité en pierre de taille à la surface non polie ou volontairement éclatée, autours des baies.
Un seul exemple d´utilisation de pierre calcaire est répertorié sur une maison de Saint-Cado datée du 18e siècle.
La mise en oeuvre des façades est presque toujours en moellons de granite. Les exemples de façades en pierre de taille sont rares sur la commune : un exemple d'une ferme non repérée à Kervoine. Cependant la mise en oeuvre peut être soignée lorsque des moellons choisis de moyen ou grand appareil sont disposés en assises régulières, comme sur les fermes du Ganquis (fig.15), de Trébointel (fig.62) ou de Kerclément.
Traditionnellement les façades des maisons et des fermes bâties en moellons tout venant sont enduites (fig.43). Parfois leurs dépendances sont traitées de la même façon (fig.35). Cette mise en oeuvre se généralise pour toutes constructions au 19e siècle (les chapelles sont également enduites).
Dans l´entre-deux-guerres, la mise en oeuvre du béton armé pour la réalisation de balcons, de devantures commerciales, de bow-windows, et l´emploi conjoint d´enduits ciments projetés ou appliqués présentant des décors moulés, a permis la diffusion de modèles de façades caractéristiques des années 1930.
Les toitures sont majoritairement en ardoise, plus rarement en tuiles. Des anciennes chaumières couvertes de roseaux ou de seigle, il ne subsiste qu´un exemple (remanié) à Kerguindo (fig.34) et une dépendance à Kerdruellan (fig.29).
STRUCTURE, PLANS ET ELEVATION DES FERMES
Sur les 56 fermes repérées, 39 sont des logis étable combinant de façon plus ou moins distinctes la partie réservée aux habitants et celle réservée aux animaux. Dans tous les cas le logement communique avec l´étable, et un comble à surcroît règne sur l´ensemble.
Il n´existe pas à proprement parler de logis étable à une seule porte. Même si cette appellation est conservée pour les fermes à pièce unique les plus modestes, avec porte unique en façade, il existe toujours une porte au nord pour les animaux. Les exemples les plus significatifs se trouvent à Kernours (fig. 40), à Bodéac (fig.2), à Crubelz (fig.12). D´autres logis étable à pièce unique de plan plus allongé présentent deux portes en façade antérieure comme ceux de Trébointel, de Kerrio (fig.45) ou de Kerdonnerc´h (fig.25). Enfin des logis étable construits ou transformés au 19e siècle, présentent une élévation plus importante avec chambre et grenier combinés dans le haut surcroît, comme à Kerdruellan (fig.26) ou à Crubelz (ferme n°2). Dans ce dernier cas il existe un double niveau de grenier au-dessus du RDC. Ce type de ferme est très répandu dans la commune voisine d´Erdeven (fig.13).
Les greniers qui occupent les combles à surcroît des logis étable sont accessibles par une porte haute en façade (plus rarement en pignon). Un escalier extérieur, généralement parallèle à la façade, permet d´y accéder, cependant ils ont souvent été détruits à l´époque contemporaine (fig.41 et 65).
Les 17 autres fermes ont un logement séparés voire isolés des bâtiments agricoles. Il s´agit souvent d´un logis neuf, construit à côté de l´ancien logis étable dont la fonction domestique est abandonnée (fig.39, fig.62 Trébointel). Cette séparation physique des hommes et des animaux apparaît au 19e siècle et se poursuit au siècle suivant : Kernours, Bodéac (fig.3), Magourin ou Trémadec (fig.64). Pourtant il existe à Kerlivio un exemple rare de logis à usage unique d´habitation (et peut-être de grenier), construit fin 17e-début 18e siècle dans le prolongement d´une étable. Cette maison possédait deux pièces par niveau, l´étage étant desservi par un escalier intérieur. La cuisine à l´est, conserve son évier, placard mural et potager (fig. 36-38).
DEPENDANCES DES FERMES
Certaines fermes présentent des écuries bien identifiables à leur sol pavé. Lorsqu´elles sont distinctes de l´étable, elles sont adossées dans le prolongement du logis (fig.35). Les dépendances isolées des fermes sont souvent à fonctions multiples (fig.18 Kercadoret). Dans cette région de vergers, les nombreux celliers qui abritent aussi le pressoir, appelés ty-chichtr, servent aussi de grenier ou de remise (fig.4 et 5 Bodéac, fig.27 Kerdruellan). On recense des fournils servant également de grange dans tous les hameaux (fig.63 Trébointel). Certains servaient également de remise à charrettes (fig.61 Trébointel).
STRUCTURE, PLANS ET ELEVATION DES MAISONS
Les 325 maisons repérées se répartissent en plusieurs familles suivant leur implantation, leur plan, leur élévation et leur distribution.
- Les maisons de pêcheurs sont des maisons sans étage à un ou deux pièces sous comble à surcroît, qui présentent un appentis postérieur ou latéral. Plus rarement l´appentis peut être en retour sur la façade principale. Le modèle le plus simple est à pièce unique : Kerguerhan (fig.31 et 33), Kerdonnerc´h (fig.20), le plus représenté est à deux pièces symétriques et comble à surcroît éclairé d´une lucarne (fig.23 Kerdonnerch, fig.48 Larmor).
Les logis modestes de plan massé à étage, à une ou deux pièces par niveau, sont en fait une variante des maisons précédentes (fig.52 Le Paludic, fig.59 Saint-Cado). L´étage carré augmente la surface habitable mais il arrive également qu´il s´agisse de logis double à deux unités d´habitation (fig.24 Kerdonnerch). De même les maisons jumelles édifiées à partir de la fin du 19e siècle, sont caractéristiques des villages côtiers et répondent à la forte demande de logements qui existe à l´époque de la grande pêche. On les observe à Etel comme à Belz : Pont-Lorois (fig.55), Manébras (fig.49).
- Les maisons de patrons ou de capitaines sont plus rares à Belz qu´à Etel. De plan massé à étage, sous comble à surcroît, elles sont bien identifiables lorsqu´elles présentent un toit à croupe : Kerentrech (fig.30), Saint-Cado.
Au bourg, rue des Sports, une maison de plan en U avec deux pavillons en retour, possède cette même caractéristique de couverture. Son implantation en retrait de la voie avec petit jardin antérieur révèle la qualité de son propriétaire. Mais le fait qu´elle soit sans étage lui confère une valeur d´unicum (fig.11).
- Les maisons de bourg que l´on rencontre aussi dans certains gros hameaux sont de plan massé à étage sous comble à surcroît (fig.21-22 Kerdonnerch). Elles présentent le plus souvent une façade de type ternaire ordonnancée avec ou sans lucarnes (fig.7). Il n´existe pas d´exemple à deux étages carrés. Quelques maisons de notables, industriels ou armateurs sont double en profondeur (fig.8).
- Trois maisons de notables isolées du contexte urbain sont repérées dans les hameaux de Kervoine (fig.46) et de Manéguégan (fig.51), et en bordure de route à Bellevue
- Des maisons de lande, isolées en bordure de route, sont repérées à Kerorel (fig.42), Maison-Rouge et Lann-Kervoine (fig.47). Celle à l´ouest de Bellevue fait aussi partie de cette famille (fig.1).
TOITURES DES MAISONS FERMES
Sur les 381 maisons fermes repérées, 16 présentent des toitures à croupes. Il s´agit en majorité de logis à caractère urbain, de maisons de capitaines, de négociants ou de notables. Toutefois quelques habitations plus modestes sont également couvertes d´un toit à croupe (fig. 58). Certaines sont sans étage : maisons de pêcheur à Kerispern, maison de gardien de parcs sur l´îlot de Nichtarguer.
Une seule maison présente un toit brisé à croupe : Le Coedic.
Les toitures de longs pans des fermes et des maisons à pignons découverts sont une constante sur tout le territoire jusqu´aux années 1910-1920 et ne sont donc pas liées à l'utilisation du chaume. Dans le cas d´anciennes chaumières, la pente du toit est proche voire supérieure à 45° (fig.9). Il n´existe pas d´exemple de maison ou de ferme couverte d´un toit à coyaux.
On notera la présence de quatre maisons dont le toit est à un seul pan : à Kergo, Saint-Cado, Kerentrech et Kerdonnerch (fig.23).
ORNEMENTATION
L´ornementation des façades est modeste à Belz, qu´il s´agisse des fermes ou des maisons du bourg. Par contre, les puits des fermes de type morbihannais reçoivent souvent un décor sculpté (fig.37). Lorsqu´elle existe, l´ornementation se manifeste sur les ouvertures : linteaux moulurés en accolades en particulier aux 16e et 17e siècles (fig.44 Kerrio, fig.19 Kerclément, fig.15 Le Ganquis), ou encore sous la forme de crossettes ou de masques sculptés au départ des rampants des pignons. Sur certaines fermes, les remarquables souches de cheminées en pierre de taille, ornées de corniches moulurées, accompagnent les transformations ou constructions neuves du 19e siècle.
On notera des sculptures en haut-relief (remplois ?) sur la façade de la ferme du 16e siècle au Ganquis, représentant unes scène de chasse (fig.16), ainsi que sur l´une des lucarnes du logis de Kerprévost. Un calice et un ostensoir sculptés singularisent une maison de prêtre à Kercadoret (fig.17).
Les lucarnes en pierre de taille participent à l´ornementation des façades dont elles terminent l´élévation. Elles sont mises en oeuvre sur les maisons modestes comme sur les plus riches, et adoptent des formes variées, dont la plus répandue est à fronton triangulaire (fig.28, 50).
Modénatures et enduits : Dans les années 1930, la mode des décors en enduit projetés et moulés se généralise sur les façades des maisons y compris lors de rénovations de logis plus anciens (fig.32). Parfois cette modénature qui participe au décor s´exprime dans l´esprit du style Art Déco (fig.10 et 6).
Les balcons et gardes corps en fer forgés ou en fonte apanage des maisons les plus riches, sont rares (fig.57 Saint-Cado).