Situé légèrement en hauteur par rapport à la mer, l´écart (appelé « village » en Bretagne) de Moustérian est un site ancien, occupé, selon l´érudit local Emile Morin, dès l´époque romaine. Sur la carte de Cassini (dressée vers 1787), il est orthographié Moustarion. Au milieu du 19e siècle, ce village compte 187 individus, pêcheurs ou laboureurs, logés dans 41 maisons. C´est un des principaux villages de la paroisse de Séné (aussi important que le bourg en nombre d´habitants). En fait, il se compose de deux parties distinctes, séparées en 1845 l´une de l´autre d´une centaine de mètres. La partie nord du village est localisée vers l´intérieur, à proximité de la fontaine de Calafré (aujourd´hui rue de Calafré). Au milieu du 19e siècle, c´est un espace encore largement agricole dont les maisons, peu nombreuses, correspondaient au noyau primitif d´habitat. La partie sud du village se situe au débouché de l´actuelle rue de Moustérian sur la mer et s´étire en direction de la pointe du Bill (au sud-ouest) à une dizaine de mètres d´altitude au-dessus de la grève. C´est ici que se sont fixés les pêcheurs dans des maisons qui se sont progressivement alignées en une rue qui constitue l´unique voie de ce quartier. Moustérian n´est donc pas un village à la centralité forte - ce n´est pas un bourg-relais comme celui de Cadouarn - c´est juste un lieu d´habitat. Les pêcheurs utilisent alors la grève pour l´échouage de leurs bateaux mais, à la différence des villages de Cadouarn et de Langle, le site ne bénéficie pas de l´abri d´îles proches au large. Ce fait géographique limite donc les potentialités de développement des activités maritimes du site. La population agricole de la partie nord du village travaille soit leurs terres à proximité, soit pour les deux principaux fermiers des environs (ferme de Bilherbon et ferme de la Villeneuve) qui ont réussi à endiguer l´anse du Bill en 1830 et à créer un vaste polder herbager. En effet, l´endiguement de l´anse du Bill a créé cent hectares supplémentaires de terres consacrés à l´usage agricole, mais la population agricole de Moustérian n´augmente pas pour autant suite à cette opération, les terres étant principalement dévolues à l´élevage. Aussi, malgré le dynamisme de la pêche et de la marine de commerce au 19e siècle qui entraîne une présence plus forte de marins navigant au commerce (petit cabotage) et surtout de pêcheurs, le village va stagner. Seulement quatre maisons sont construites au cours de la seconde moitié du siècle. Dès le début du 20e siècle, comme dans les autres villages de Séné mais le phénomène est ici plus précoce et accentué du fait de la position défavorable du village, la population de Moustérian diminue. En 1931, seulement 116 individus habitent Moustérian, essentiellement des marins pêcheurs, des marins de commerce (en partie retraités) et des cultivateurs. Suite à la rupture de la digue en 1937, l´espace agricole du Bill est repris par la mer. Après la Seconde Guerre mondiale, la pointe du Bill se couvre de villas balnéaires, prolongeant ainsi le village de Moustérian en front de mer qui perd, avec son dernier commerce, sa fonction de village. Moustérian est devenu la plage de proximité des habitants de Séné et la municipalité installe d'ailleurs son école de voile à la pointe du Bill. Le village de Moustérian compte maintenant une majorité de constructions récentes.