• inventaire topographique, ville de Vannes (secteur sauvegardé)
Hôtel, 15 rue Saint-Vincent ; place de la Poissonnerie (Vannes)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vannes
  • Commune Vannes
  • Adresse 15 rue Saint-Vincent , place de la Poissonnerie
  • Cadastre 1807 I3 1213  ; 1844 K8 1833  ; 1980 BS 130, 131, 132, 134
  • Dénominations
    hôtel
  • Parties constituantes non étudiées
    boutique, cour

Pierre Le Vacher établit la construction de son hôtel sur la plus grande parcelle au nord-ouest de la rue Saint-Vincent, bordée au nord et à l’ouest (entrée de la cour de l'hôtel place de la Poissonnerie) par le canal de la Marle alimentant le moulin des Lices dont il le séparait encore en 1844. La taille de cette parcelle fait supposer l’acquisition de plusieurs parcelles d’origine étroites et contiguës issues du lotissement d’origine de la rue Saint-Vincent et dont témoignent les parcelles à l’est de la rue.

L’hôtel est établi entre la cour à l’ouest et la rue à l’est sur laquelle se développe sa façade principale. La cour est limitée par deux piliers carrés en pierre de taille amortis en boules, marquant autrefois le bord ouest du canal sur la place de la Poissonnerie. Une seconde série de piliers dont ne subsiste que le pilier sud bordaient autrefois la rive est du canal. La cour pavée montre un léger dénivelé avec le corps principal, dénivelé absorbé par une volée d’escalier permettant l’accès au rez-de-chaussée par la tour d‘escalier. Ce dénivelé permet également un accès direct aux caves des appartements au rez-de-cour de l’aile en retour sud.

En alignement de rue, la façade principale de l’hôtel développe sur deux étages et un étage de comble une façade régulière à 6 travées, la porte d’entrée décalée vers le nord donnant accès à un couloir dallé menant au corps d’escalier ; l’escalier à trois révolutions et deux volées de granite s’apparente par ses arcs rampants en calcaire délimitant un jour central, à ceux de l’hôtel de Limur et du palais épiscopal, ces derniers sur un développement plus important. Ce modèle est relativement répandu en France dans les grandes demeures de cette période (hôtels urbains, bâtiments conventuels et châteaux) ; cependant, les balustres en pierre ont été remplacés au 19e siècle par une balustrade en bois sans caractère : un seul balustre subsiste sur le repos en demi-étage, sans doute en calcaire et recouvert comme les arcades d’un affreux enduit. Le rejet de l’escalier dans un corps en demi-hors-oeuvre sur la cour, couvert d’une toiture indépendante à croupes brisées, avec élévation à travées décalées dont les ouvertures sont comme ailleurs en calcaire (à l’exception de la porte d’accès à partir de la cour, qui, comme celle sur rue, est en granite) contribue à mettre en valeur cette demeure, dont l’usage initial semble pourtant locatif, selon l’acte de 1686 (voir annexe 1). Dans cet acte, la distribution comporte de l’étage noble (1er étage) au sud de la cage d’escalier, un grand appartement en équerre comprenant deux pièces sur rue et trois pièces dans l’aile de retour sur cour dont la cuisine, distribution qui doit se répéter à chaque niveau. Au nord par contre, les niveaux du corps principal ne contiennent qu’une ou deux pièces sur rue, l’aile nord en retour sur cour dédiée aux écuries non liée au corps principal.

Aucune espace intérieur n’a été vu (à part l’étage de comble de la partie nord qui ne comporte aucun lambris ni cheminées) : il est donc difficile de savoir si les décors intérieurs ont été conservés.

La structure de cet édifice (cour avec piliers d’entrée, tour d’escalier hors-œuvre, écuries), ses dimensions, sa hauteur sur rue qui tranche avec celle de l’hôtel voisin, pourtant contemporain, lui font attribuer la dénomination d’hôtel. Or, dès sa construction, l’appartement de l’étage noble est loué au seigneur de Naive qui sous-loue immédiatement une partie à Pierre de Moulinet conseiller du roi. Cette contradiction (l’hôtel est en principe destiné à la résidence d’une seule famille) est sans doute à mettre en lien avec la « crise du logement » qui sévit à Vannes avec l’arrivée du Parlement en 1675.

L’intérêt de cet édifice réside surtout dans son absence de remaniements importants et dans la conservation d’éléments tels que la cour postérieure avec ses piliers d’entrée, ses écuries, ainsi que son escalier, unique à Vannes par ses minces arcs rampants de pierre autour d'un jour central.

Etabli sur une parcelle cernée au nord et à l´ouest par le canal du moulin des Lices, cet hôtel est construit vers 1685 d'après les sources, pour le banquier vannetais Pierre Le Vacher, sieur de Lohac, en partie à des fins locatives. Après la Révolution, l'hôtel appartient en 1844 à la veuve Jourdan. Des modifications interviennent dans la 1ère moitié du 19e siècle (comblement de la partie nord du canal) et dans la 2e moitié du 19e siècle : ouvertures du rez-de-chaussée sur rue agrandies, comblement du canal à l´ouest. Au milieu du 20e siècle, un partage de propriété entraîne l´adoption de deux types d´enduit et la modification des lucarnes sur la façade principale. Sur l´aile en retour, certaines ouvertures de la façade nord ont été agrandies ; une galerie fermée en bois est ajoutée au rez-de-chaussée (surélevé) de l´élévation ouest. L´accès à la cour (passage sur le canal) semble également avoir été déplacé vers le sud. Dans les années 2000, la reprise des façades de boutique sur la façade ouest a permis de découvrir la trace d´une partie des anciennes ouvertures.

L´hôtel est établi sur une large parcelle de plan presque carré dont l´irrégularité vient de ce qu´elle épouse le tracé du canal de la Marle au nord et à l´ouest. Son plan se compose d´un corps principal sur la rue avec corps d´escalier postérieur en demi-hors-oeuvre, et de deux ailes en retour sur la cour postérieure donnant à l'origine sur le canal. L'accès à la cour est marqué par deux séries de piliers en pierre de taille marquant sans doute le tracé du canal aujourd'hui comblé. De la 2e série, sur la cour, ne subsiste que le pilier sud, amorti en sphère, en partie inséré dans la maçonnerie du bâtiment ajouté au 19e siècle.

Les élévations enduites sont percées d´ouvertures en travées à encadrement de calcaire, à l´exception des portes, à encadrement de granite, et sans doute des ouvertures du rez-de-chaussée (disparues). Le corps principal comprend deux étages carrés et un étage de comble ; le corps en retour au sud, couvert en appentis, a deux étages carrés, le second au nord, à usage d´écurie, n´a qu´un seul étage. La porte d´entrée sur la rue Saint-Vincent donne accès au corps d´escalier qui contient un escalier en pierre à deux volées séparées par un repos, se développant autour d´un noyau ajouré à arcades rampantes. Cette porte d´entrée, décalée, implique une distribution non symétrique, la principale partie habitable se situant dans la partie sud et dans l´aile en retour qui comprennent d´après l´acte de 1686, cinq chambres dont deux sur rue et deux dans l´aile en retour qui intègre aussi une cuisine. Le second escalier décrit dans l´acte de 1686, sans doute dans l´aile de retour, n´a pas été vu.

  • Murs
    • granite
    • enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, 2 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés
    • croupe
  • Escaliers
    • en maçonnerie
    • escalier demi-hors-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • Typologies
    en alignement de rue ; double en profondeur ; cour postérieure
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Sites de protection
    secteur sauvegardé

Documents d'archives

  • A. D. Morbihan. 6E 760 : 13 mars 1686 : Bail de 3 ans passé entre N.H. Pierre Le Vacher Sr de Lohac banquier à Vannes à écuyer Pierre de Combles Sr de Naive.

    Archives départementales du Morbihan : 6E 760
  • A. D. Morbihan. 6E 760 : 28 mars 1686 : Sous Bail de 2 ans passé entre écuyer Pierre de Combles Sr de Naive à messire Pierre de Moulinet chevalier seigneur de Loizy.

    Archives départementales du Morbihan : 6E 760

Annexes

  • Bail, 1686
  • Bail, 1686
  • Sources iconographiques
Date(s) d'enquête : 2009; Date(s) de rédaction : 2009