Armement proposé par la commission.
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Ile de Groix.
Les trois commissions de 1818, de 1825 et de 1836, ont demandé la construction d'un fort qui permît de concentrer la défense de l'île de Groix ; mais les opinions ont été diverses sur la position qu'il convenait de donner à cet ouvrage.
La commission de 1818 a pensé qu'il faudrait l'établir "près d'un des petits ports qui regardent la côte". La commission de 1836 a demandé simplement "qu'il fut supplée à l'insuffisance de la redoute revêtue, existante, qui forme l'unique réduit de l'île". Et elle a semblé ainsi, sans s'expliquer formellement, se borner à conseiller l'agrandissement et l'amélioration du fort Lacroix.
S'il se fut rencontré sur le littoral de l'île, une position qui pût servir de refuge aux bâtiments de la marine militaire ou marchande, et de lien de communication avec le continent, cette position aurait pu devenir en même temps le réduit de l'île. Mais il n'existe aucun port dans l'île de Groix ; les petites criques de Tudy et de Melin ne méritent pas ce nom.
En l'absence d'un port la position du fort Lacroix est préférable à toute autre. 1e Comme lien de communication avec le continent, cette position est la plus rapprochée de Lorient ; le mouillage abrité contre les vents du sud au NO en passant par l'O, est le mouillage le plus fréquenté par les bâtiments de moyenne grandeur. 2e Le fort Lacroix maîtrise ce mouillage et défend immédiatement les seules plages de débarquement de l'île.
3e enfin, sous le rapport des frais d'établissement le fort Lacroix a l'avantage de présenter un ensemble d'ouvrages et de bâtiments, qui n'auront besoin que d'être appropriés pour remplir le rôle que la commission leur assigne.
le choix du fort Lacroix pour réduit de l'île dispense de construire un fort nouveau, ainsi que le proposait une des commissions citées plus haut.
Fort Lacroix.
Le fort Lacroix serait agrandi et approprié.
Il serait armé de 11 bouches à feu :
à la batterie basse :
- 3 pièces de 30 tirant sur le mouillage
- 3 obusiers de 22 tirant sur le mouillage et flanquant la plage de gauche
- 2 obusiers de 22 défendant la plage de gauche
à la batterie supérieure :
- 3 obusiers de 22
Le fort et ses dépendances seraient classés de 1re importance.
Le fort Lacroix est une batterie circulaire, fermée à la gorge par un mur bastionné, crénelé, précédé d'un fossé et dont la porte est couverte par une demi-lune. Dans son état actuel, il est peu susceptible de défense du côté de la terre. Quelques coups de canon suffiraient pour détruire le faible mur de gorge. Le corps de garde ne peut contenir que 20 hommes ; il est par conséquent d'une capacité insuffisante. Il devient nécessaire de le remplacer par une caserne qui puisse loger 150 hommes ainsi que les vivres et munitions nécessaires pour une défense de 8 jours. Cette batterie placée à 30 mètres au-dessus du niveau de la mer est trop élevée pour pouvoir battre les plages de débarquement qui l'avoisinent. Elle ne peut d'ailleurs contenir que quatre pièces. La commission propose d'établir au dessous et à gauche de l'épaulement actuel, une batterie basse, à peu près sur l'emplacement où, en l'an VII, on avait mis une pièce de 16 ; de lui donner un retour qui permette de voir la plage de gauche, si ce n'est en totalité, du moins en partie, et de relier ces deux batteries ensemble par deux murs latéraux qui les garantissent contre des surprises de nuit.
L'enceinte actuelle devra en outre être enveloppée par une autre enceinte de manière à pouvoir contenir les établissements indiqués ci-dessus. Elle sera fermée à la gorge par un petit front bastionné, terrassé et précédé d'un fossé. Le chemin couvert se prolongera des deux côtés assez bas pour découvrir les plages voisines de débarquement.
C'est le moyen le plus simple de remédier à la grande élévation de la batterie supérieure. C'est en même temps le moyen de supprimer une seconde batterie basse appelée batterie des Goyaves, que l'on avait établie à 150 mètres sur la droite, pour défendre la plage du même nom. La plage des Goyaves ou des Grands Sables, est la plus étendue et la plus abordable de l'île, mais elle sera suffisamment protégée par les ouvrages dépendant du réduit, et par la batterie de Nosterven, dont il va être question, et qui est située près de la pointe du Bazeau.
(Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives de l'Artillerie ; Sous-série 3 W, Opérations militaires : 3 W 32, Documents concernant le 3e arrondissement maritime (Lorient). Projet d'armement des côtes de la France, de la Corse et des îles. Titre III : Projet d'armement du 3e arrondissement maritime (Lorient), 1841-1843, p. 44-46)
Historien, président de l'Association "1846, La fortification du 19e siècle : connaître et partager".