Armement proposé par la commission de 1841.
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Ile d'Houat.
L'Ile d'Houat est située à 3 lieues du continent, à égale distance à peu près de Belle-Ile et de Quiberon. Sa longueur est de 3500 mètres, et se plus grande largeur de 900. Elle contient l'eau nécessaire à l'usage de ses habitants.
"En creusant un peu le sol, dit un ancien mémoire, on trouve de l'eau partout". Sa population est de 420 habitants.
A l'O. et au S.O., les côtes de cette Ile sont escarpées & couvertes de rochers ; à l'E. et au N., elles offrent au contraire plusieurs anses abordables, principalement à droite de la pointe d'En-Tal, sur laquelle était placé le Fort Vauban.
On voit que dans cette position, ce fort était enfilé & battu de tous côtés par les vaisseaux ennemis. Aussi, bien que toutes les commissions, et notamment la dernière, créée par Décision ministérielle du 7 novembre 1840, aient proposé de relever cet ouvrage & même de l'avancer plus encore vers la pointe d'En-Tal, pour qu'il découvrît mieux la plage de débarquement située à la droite de ce cap, la Commission ne croit pas devoir adopter cette opinion. Elle reconnaît qu'en raison de l'étendue de l'Ile d'Houat, un seul ouvrage remplirait difficilement la double fonction à laquelle n'a pu suffire le fort de Vauban : et elle pense qu'il convient alors de diviser le rôle de la défense ; de charger un bon réduit central du maintenir la possession de l'île, et de confier à des batteries de côtes, le soin d'assurer son action extérieure.
Le réduit central occuperait le point culminant qui se trouve à peu près à moitié chemin du village et de la pointe de Beg-er-Vachif.
L'Ile étend trois saillants dans la mer : la pointe de Beg-er-Vachif, la pointe d'En-Tal & la pointe d'Er-Bec. A 800 mètres de Beg-er-Vachif, est le passage dit du Béniguet, praticable aux plus gros vaisseaux : une batterie sur ce point fermerait ce passage aux bâtimens ennemis, et les forcerait à aller cherche le passage de la Teignouse. Le mouillage est dans l'anse du nord ; une batterie sur la pointe d'En-Tal en éloignerait l'ennemi & l'assurerait à nos bâtimens. Enfin vers la pointe d'Er-Bec, il n'y a ni mouillage habituel ni passage : il n'y a donc pas lieu à donner à ce point une action extérieure.
Comme les batteries placées sur deux de ces saillants seraient éloignées du réduit central, comme celle d'En-Tal, en particulier, se trouverait placée entre deux plages de débarquement, il est nécessaire de leur donner un appui immédiat & solide. La commission leur assigne pour réduit une tour n° 1. Ces deux postes capables ainsi d'une résistance énergique étendraient et appuieraient jusqu'aux points les plus éloignés du pourtour de l'Ile, l'action du réduit central.
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La Commission pense qu'une garnison de 300 hommes dans le fort central et de 50 hommes dans chacun des réduits de batteries, ce qui formerait un effectif de 400 hommes, non comptés les canonniers nécessaires au service des batteries, sera suffisant pour la défense de l'Ile. En 1761, l'ouvrage de Vauban n'est tombé qu'après la capitulation de Belle-Ile ; il n'était cependant défendu que par 250 hommes. On aurait d'ailleurs la ressource des pécheurs & des marins que la population peut fournir.
La Commission mixte de 1840, a proposé de construire plusieurs batteries intermédiaires sur le littoral. La Commission actuelle pense que ces ouvrages seraient plus dangereux qu'utiles, car ils seraient facilement enlevés, & le succès de pareil coups de main pourrait exercer une influence fâcheuse sur le moral de la population & des défenseurs.
(Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives de l'Artillerie ; Sous-série 3 W, Opérations militaires : 3 W 32, Documents concernant le 3e arrondissement maritime (Lorient). Projet d'armement des côtes de la France, de la Corse et des îles. Titre III : Projet d'armement du 3e arrondissement maritime (Lorient), 1841-1843, pages 144-146)
Historien, président de l'Association "1846, La fortification du 19e siècle : connaître et partager".