Pêche à pied et environnement de la baie de Saint-Brieuc

L'activité de pêche à pied n'est pas exemple de dangers. Le principal est l'ingestion de bactéries ou de virus pathogènes par le biais de coquillages contaminés par des eaux souillées. Contrairement aux idées reçues, ce risque n'a pas cessé de décroître depuis le depuis le début du siècle, même si la situation reste préoccupante. En effet, l'installation de stations d'épuration permet maintenant d'éviter le rejet d'eaux d'égout directement à la mer. De plus, les progrès de l'hygiène font que certaines maladies ont été pratiquement éradiquées et que les germes pathogènes concernés arrivent plus au milieu marin.

Il peut être intéressant de reprendre les écrits de Lambert (1943) sur le gisement de coques de l'anse d'Yffiniac pour se rendre compte de l'évolution de la situation en cinquante ans. A cette époque le Gouëdic sert d'égout à Saint-Brieuc et recueille chaque jour 4000 m3 d'eaux usées brutes. Ces eaux décantent dans le port à flot du Légué et " le fond de la rivière est ignoble." Lors de l'ouverture des écluses "se déverse en bloc la quintessence, toute la masse semi-solide provenant des égouts de Saint-Brieuc." La typhoïde est une maladie répandue dans la ville, avec même des poussées épidémiques (1000 cas dont 100 mortels par consommation d'eau souillée en 1909 ; une soixantaine de cas annuels vers 1940). Dans ces conditions la consommation de coques souillées participait largement au maintien de la maladie sur place. Plus grave encore, une grande partie des trois tonnes pêchées quotidiennement partaient vers les marchés de la France entière et même au Portugal et en Angleterre, propageant le risque à une grande échelle.

Fort heureusement la situation a évolué. Même si la qualité sanitaire de ces coques reste mauvaise (mais en amélioration constante depuis une dizaine d'années), les conséquences d'une consommation directe de ces coquillages ne sont plus les mêmes. La typhoïde a disparu et les risques principaux sont les gastro-entérites (salmonelloses, viroses). On ne peut toutefois pas exclure les risque d'hépatite A, maladie d'origine hydrique et coquillière encore fréquente dans les endroits souillés par des rejets urbains. La pêche de loisirs y est d'ailleurs interdite et seule les activités professionnelles, avec purification obligatoire des coquillages pêchés, sont autorisées dans la partie la moins contaminée du gisement.