La marne ou « Terre des Grèves » :
La marne appelée localement « terre de Grèves » compose en partie le sol limoneux du fond de baie. Véritable richesse pour les Grèvassins, elle est utilisée tant pour le maraîchage que pour la fabrication des briques et autres produits.
«Nos grèves sont recouvertes d´une marne que la mer entretient et qui forme un engrais précieux : toutes les communes environnantes viennent s´y approvisionner» : observations sur le projet de dessèchement des grèves d´Hillion et de Langueux (archives communales).
« les sables fertilisent la terre ! »
Composée de sable, d´argile et de calcaire (19 à 20%), elle est surtout utilisée comme amendement et engrais des terres de culture souvent trop lourdes et pauvres en calcaire. C´est au 18e siècle que l´utilisation de la marne dans la baie est mentionnée pour la première fois : un châtelain d´Hillion a démontré aux paysans que les sables fertilisaient la terre. Depuis, les Grévassins utilisent la marne pour favoriser la production maraîchère mais aussi pour fabriquer certains produits comme les briques de Saint-Ilan, le savon briochin, des produits vétérinaires, etc.
Jusqu´en 1945, chaque cultivateur partait vers la fin de l´été avec pelle, chevaux et tombereaux extraire la marne dans des lieux bien spécifiques de la baie car sa qualité (teneur en calcaire, par exemple) diffère selon les secteurs. Des voix empierrées encore visibles aujourd´hui permettaient d´accéder à l´étendue de vase. Après la guerre, la marne était déposée sur le bord de la route pour permettre aux tracteurs et camions de la charger.
Un ancien raconte :
« Certains jours c´était une vraie bataille de la marne !
Nous étions une trentaine de personnes à se suivre avec l´attelage.
On commençait très tôt pour répéter l´opération deux ou trois fois dans la journée ! »
La marne était ensuite déposée dans un coin du champs pour qu´elle se « délite » pendant un ou deux ans, c´est-à-dire se fragmente spontanément sous l´effet de l´humidité, rendant le calcaire actif. Puis, répartie en « marnerons », petits tas, soumis aux variations climatiques, elle continue de se désagréger. Elle est alors répandue, « égayée » sur le champs, par temps sec, au début du printemps, avant le labourage. En renouvelant l´opération tous les 3 ou 5 ans, on augmente la production d´au moins un quart sur 10 ans.
Un commerce entre terre et mer :
Après la guerre un véritable commerce de la marne s´est développé, permettant aux communes rurales de s´approvisionner en cette précieuse ressource. Source de revenus pour les maraîchers locaux, des convois de marne étaient expédiés par le Petit Train depuis la halte de Saint-Ilan jusqu´à Moncontour.
Le Domaine Public Maritime (DPM) mit en place une réglementation limitant la quantité, la périodicité et la profondeur d´extraction pour diminuer l´impact des pelleteuses sur l´estran. Les conséquences de l´extraction de marne sur l´écosystème sont difficiles à évaluer : dérangeante pour les populations d´oiseaux, elle ralentie par contre l´envasement progressif de l´anse.
Aujourd´hui, un seul extracteur de marne continue l´activité dans la baie classée réserve naturelle. Il prélève 800 m3 de marne par an qu´il livre aux maraîchers et aux particuliers.