Dossier d’œuvre objet IM22003412 | Réalisé par
  • inventaire préliminaire, Pléneuf-Val-André
Plans des navires Saint-Pierre et Saint-Paul
Œuvre recensée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communes littorales des Côtes-d'Armor - Pléneuf-Val-André
  • Commune Pléneuf-Val-André
  • Lieu-dit Dahouët
  • Dénominations
    plan

L'épopée des Gautier, à la fois charpentiers et architectes navals

Félix-Julien Gautier naquit à Dahouët le 17 mai 1792 au lieu et dans la demeure située au n° 2 rue des Islandais, aujourd'hui très remaniée et transformée. Il bourlingua comme charpentier de marine, navigant jusque sa retraite, quand il fut nommé maître du port de Dahouët en 1840. Il laissa une lignée de dix enfants, dont Félix et François qui marquèrent par leurs activités l'histoire maritime de Dahouët.

Félix, né le 30 décembre 1826, navigua au cabotage avec entre autre armateur Rubin de Ray puis fit sa première campagne à la grande pêche à Terre-Neuve à bord du "Triton" en 1842, et ensuite sur la "Philoména" et la "Reines des anges" de l'armement Le Péchon, avec F. Guinard pour capitaine. En 1852, il obtint le grade de "maître au cabotage". Sa carrière s'arrêta en 1870 à son décès en Angola.

Le plus célèbre de la lignée fut son frère François Mathurin, né en 1832, qui participa à l´âge de 20 ans à la guerre de Crimée pendant son service militaire ; où il fit la démonstration de ses talents de dessinateur, après avoir appris l´art de la navigation.

Son père lui avait déjà enseigné l´usage des outils de menuiserie marine, dont il sut valoriser tout l´art en proposant au conseil général de Saint-Brieuc un modèle de frégate, qui lui valut une mention honorable pour l´encourager à poursuivre une carrière où il pourrait se distinguer.

C´est en navigant et en étudiant les caractéristiques de chaque bateau qu´il fit la preuve de son talent. Ainsi en 1854, il construisit quelques chaloupes pour remplacer celles de son bord et reconvertit une ancienne embarcation d´un bateau naufragé en la transformant en une petite goélette pour le service hydrographique de l´ingénieur Bréguet.

A son retour, il entra au service de Gaillard, entrepreneur en bâtiment de Dinard, dont il épousa la fille. Puis il s´attacha au service des chantiers navals Dandin, dont il pris vite la direction et gèra l´affaire pour son propre compte, avenue Louis Martin sur les cales de Moka de 1868 à 1890.

Les chantiers navals de Saint-Malo construisirent plus de 140 navires pour les ports qui armaient à la grande pêche, des trois-mâts pour Terre-Neuve, comme le Saint-Paul et le Saint-Pierre, des goélettes, des vapeurs à roues à aubes, surnommés les « patrouillards » de Saint-Malo-Dinard.

Six à sept lancements annuels étaient effectués avec l´emploi de 60 et 80 ouvriers pour construire 6 à 7 navires par an. La guerre de 1870-71 freina cependant l´essor du chantier : L´herbe a poussé plus vite sur les chantiers que les coques des navires, put fire François Gautier.

Après la guerre, les années fastes reprirent avec 35 ans de construction navale jusqu´en 1907 pour la grande pêche de Terre-Neuve à Islande.

En 1892, l´un des fils de François Gautier, Gustave, né en 1867, collaborateur de son père, s´installa à son compte pour fonder son propre chantier, tout en conservant le style « Gautier », qui continuait à faire la renommée de ses bateaux.

En 1892, François Gautier s´associait avec son fournisseur de bois Buron jusqu´en 1900, puis avec ses deux autres fils Joseph et Edmond. Ils fondèrent en 1905 la « Société des Chantiers de construction Navales Edmond et Joseph Gautier Frères », avec la collaboration technique de leur père.

Avec le lancement du « Français », trois-mâts-goélette à double hunier de 32 m de long en 1903 et du « Pourquoi-Pas », trois-mâts barque mixte de 40 m de long, premier navire océanographique, construit en 1907-1908, pour le compte du commandant. Charcot, le chantier accrut encore sa renommée.

L´activité des Chantiers Navals s´arrêta en 1914. Elle reprit en 1917 sous une autre raison sociale, mais toujours avec la collaboration des Gautier, dont François sortit les derniers navires le « Père Pierre » et « Anne de Bretagne » en 1920 et 1921.

Le 29 juin 1918, François Mathurin Gautier décèdait à l´age de 84 ans, après avoir construit près de 400 navires.

Vers 1880, il offrit à la paroisse de Pléneuf la maquette du croiseur à barbette « Duguay Trouin » en mémoire de son père « maître de port » à Dahouët.

D´après les mémoires de Jules Herbert.

De ces deux bâtiments conçus et construits par les chantiers Gautier à Saint-Malo, l'un a fait naufrage par deux fois sur les côtes d'Islande. Armé en 1897 par la Société des Oeuvres de mer, le Saint-Paul s'est échoué sur la côte de Reykjavik dés sa première saison, le 2 mai 1897 puis de nouveau en 1899, le 4 avril sur la plage de Koteyar, sur la côte Sud, vaincu par une tempête de trois jours. Définitivement perdu, il est vendu aux enchères quelques jours après le naufrage. Enchères qui firent date dans la région car on avait rarement vu navire aussi richement doté en mobilier (candélabres en argent, lustres, appliques, armoire à pharmacie), mais aussi en nourriture et boissons ; 900 litres de vin, 40 de rhum ou encore 251 litres de ce que les Islandais appelaient " koníak ". Candélabres, lustre, appliques murales, jusqu'à une petite statuette de la Vierge, la chapelle de Langholt représente à elle seule un véritable sanctuaire du Saint-Paul. Et ce n'est sans doute pas un hasard : "les gens ici se sont rendus compte du naufrage au moment de la messe, la messe de Pâques. le Saint-Paul était échoué sur le sable, non loin de la côte" (témoignage enregistré de Vilhjálmur Eyjolfsson, résidant à Hnausar, dont les parents ont accueilli dans leur grange les naufragés). Juste retour des choses, quand on sait que la totalité de l'équipage (20 hommes) fut sauvée. Aujourd'hui les lumières du Saint-Paul éclairent encore, le temps d'une messe, la petite église de Langholt à Médalland (Islande). Cependant, un deuxième navire du même nom fut réarmé en 1903. Le Saint-Pierre II identique au Saint-Pierre I et au Saint-Paul a effectué deux campagnes en Islande avant d'être vendu à un armateur en 1905. Ces trois navires ont été construits au chantier Buron de Saint-Malo, dont le contremaître et architecte n'était autre que François Gautier, avant que celui-ci ne reprenne le chantier à son propre nom. Dessinés par l'architecte Gautier, il mesurait 37 mètres et pouvait utiliser une surface de voilure de 612, 4 mètres carrés. L'armoire du Saint-Paul à Mörtunga (Islande) : C'est dans un "pavillon de chasse" que l'armoire du Saint Paul trône actuellement, dans la grange de M. Olafur Oddsson. Utilisée par le médecin de bord comme meuble à pharmacie, M. Oddsson nous assure qu'"il y a peu encore, on pouvait sentir l'odeur des produits pharmaceutiques", nous invitant à mettre le nez à l'intérieur. Faute de sentir quoique ce soit, l'armoire renferme aujourd'hui des vêtements de chasse ; autres usages, autres odeurs. Le banc du pont du Saint-Paul, acheté aux enchères en avril 1899 se trouve toujours actuellement dans la cuisine d'Oof Ragna Olafsdottir, arrière-arrière-petite-fille de l'acquéreur. Les mâts du navire le Saint-Paul, quant à eux, ont servi à construire avec d'autres bois d'épave une des maisons traditionnelles de l'écomusée de Skogar dans la région de Skaftafell. Ils ont été particulièrement utilisés pour réaliser des panneaux de bois, après avoir été débités en planches. Le commandant du Saint-Paul était le cdt.Théophile Lacroix, dont le rapport fut publié dans le bulletin des Oeuvres de mer en janvier 1900. L'équipage après avoir été recueilli et réconforté put rejoindre le port de Reykjavik avec cent chevaux et dix guides au cours d'un voyage qui dura huit jours sous la neige.

Plans originaux de forme, de voilure et détails de structure des navires Saint-Pierre et Saint-Paul, construits par le chantier Gautier en 1898, pour servir de navire d'assistance et de navire hôpital sur les côtes d'Islande et de Terre-Neuve. Ces plans manuscrits sur papier font partie d'une collection de près de 500 plans archivés actuellement auprès de l'arrière-petit-fils de François Gautier : Alain Marie Gautier.

  • Catégories
    dessin
  • Matériaux
    • papier
  • Précision dimensions

    l = 200 ; la = 80

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler

L'ensemble des plans de l'oeuvre de François Mathurin Gautier et de ses fils charpentiers navals et architectes représente une collection de près de 500 plans, qui mérite d'être conservée dans son intégralité.

Bibliographie

  • AUBERT, Louis. Islandais et Terre-Neuvas : les hôpitaux flottants. Saint-Brieuc : Imprimerie Goinguené-Le Maout, 1899.

  • ROTURIER, Patrice. Islandais, mémoire de la grande pêche. Rennes : Apogée, 1999.

Documents audio

  • PRIGENT, Guy. Témoignage audio de Vilhjalmur Eyjofsson de Hnausar sur le naufrage du Saint-Paul. Islande, 2003.

    Témoignage audio.
Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003