doctorante en Histoire, Tempora, université Rennes 2 et université de Lorraine
- enquête thématique départementale, Inventaire des bannières d'Ancien Régime conservées dans le département des Côtes-d'Armor
- (c) Shantty Turck
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Côtes-d'Armor
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Commune
Langrolay-sur-Rance
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Adresse
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Emplacement dans l'édifice
église Saint-Laurent
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Dénominationsbannière de procession
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AppellationsBannière de saint Laurent
La bannière de l'église de Langrolay-sur-Rance date du 18e siècle et provient de la Maison du Bon Pasteur à Rennes, spécialisée dans la broderie de luxe.
De 1702 à 1792, au cœur de la ville de Rennes, dans le quartier de la Motte, une communauté de femmes regroupant laïques et religieuses s’adonnent aux travaux d’aiguilles. Elle est affiliée à la Maison dite du Bon Pasteur à partir de 1722 et reçoit ses Lettres Patentes de Louis XV en 1734.
La vocation première de ces communautés est d'accueillir les filles en difficulté passagère, notamment les filles des rues en tant que pénitentes, ainsi que des femmes en retraite en tant que pensionnaires. Ces communautés sont reconnues d'utilité publique et les instances de pouvoir les autorisent facilement. En Bretagne, trois Maisons du Bon Pasteur s'ouvrent au 18e siècle : à Saint-Servan, à Nantes et à Rennes.
Mais elles ne se spécialisent pas toutes dans la broderie de luxe comme à Rennes, tout particulièrement dans la broderie et la confection d’ornements liturgiques et de bannières de procession. La lecture des registres comptables, conservés aux archives départementales d’Ille-et-Vilaine, permet de recenser une quarantaine de bannières de processions dont celle de Langrolay-sur-Rance, qui ont été soit fabriquées, brodées ou raccommodées par ces femmes.
Dans les registres comptables, en juin 1768, est ainsi mentionnée une partie du paiement de 150 livres « pour avoir brodé et dessiné et monté une bannière pour la paroisse de Langroroys, diocèse de Saint-Malo ». A noter qu'au 18e siècle, une bannière peut valoir entre 150 £ à 1000 £, selon la matières employées et la complexité des travaux de broderies appliquées.
Dans le département des Côtes-d’Armor, une autre bannière semble tout droit sortie de cet atelier, par comparaison stylistique et technique, c'est celle de Trégastel. L'écriture comptable dans les registres de la Maison du Bon Pasteur ne précisant pas systématiquement le nom des commanditaires, nous ne pouvons cependant l'affirmer avec certitude. Toutefois, en ce qui concerne la bannière de l'église de Langrolay-su-Rance l'attribution est certaine.
Dans l'église est également conservé un objet exceptionnel, c'est le fond de bannière de cette même bannière c'est-à-dire le support en velours sur lequel était apposé les broderies. Ce fond, remplacé par une étoffe neuve de même couleur au cours du 19e siècle, constitué de deux pans de velours, garde les fantômes des coutures des applications de broderie. Cette conservation permet de comprendre de quelle manière les bannières étaient montées dans l'atelier de la Maison du Bon Pasteur de Rennes.
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Période(s)
- Principale : 2e moitié 18e siècle
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Dates
- 1768, daté par travaux historiques
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Nom historique du lieu d'exécutionCommune : Rennes
Lieu-dit : Rue Bel-Air
Adresse : 5 rue Martenot
Édifice ou site : la Maison du Bon Pasteur -
Auteur(s)
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Auteur :
La Maison du Bon Pasteur (1702 - 1792)atelier de, BRODERIE attribution par travaux historiques, attribution par sourceLa Maison du Bon Pasteur
Communauté de femmes travaillant les arts textiles installée à Rennes rue Martenot
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Auteur :
La bannière de Langrolay-sur-Rance est constituée d'un fond de velours rouge d'un seul tenant replié sur lui-même constituant deux faces. Sur l'une des faces est apposée la figure du martyr saint Laurent, vêtu en diacre avec une dalmatique et tenant sa grille dans sa main droite et l'autre main posée sur la poitrine. Elle est brodée en fils de soie et fils de métal. Sur l'autre face, l'avers, est figuré le Christ en croix en broderie, les bras en V et le serpent à ses pieds. Les parties carnées, le visage et le corps, sont brodées au fil de soie avec la technique de la peinture à l'aiguille. Aux pieds de saint Laurent et du Christ en croix, le tertre est brodé entièrement au fil de soie polychrome avec la technique de la peinture à l'aiguille. Au-dessus de la croix est inscrit en broderie noire "INRI". 4 fleurs de lys sont apposées aux coins de la bannière, entièrement brodées en couchure avec du fil de métal argenté. Les fleurs de lys sont liserées de fil de laine noire. La bannière est de forme rectangulaire et bordée d'un galon métallique doré avec une frise en passementerie dessinant des boucles et soulignant les cinq lambrequins. Le bas de la bannière est bordé d'une frange métallique. Elle est conservée sur une hampe en bois dorée au niveau des pommeaux. Notons la présence d'une corde permettant aux porteurs de la maintenir à flot.
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Catégoriestissu, broderie, passementerie
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Structures
- double face
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Matériaux
- soie, brodé
- fil métal, brodé
- laine, brodé
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Iconographies
- SAINT LAURENT, CHRIST SERPENT, A FLEUR DE LYS
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Inscriptions & marques
- armoiries, sur l'oeuvre, brodé
- inscription donnant l'identité du modèle, sur l'oeuvre
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Précision inscriptions
Quatre Fleur de lys se trouvent aux quatre coin de la bannière, face Christ en croix.
Au-dessus de la croix du Christ se trouve brodé le sigle "INRI' en fils de laine noire.
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État de conservation
- bon état
- remontage
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Précision état de conservation
Conservation exceptionnelle du premier fond de velours de la bannière qui se trouve suspendu actuellement dans la chapelle des fonts baptismaux de l’église. Le fonds est entier d'un seul tenant et porte les marques-fantômes des applications brodées et des anciennes coutures.
la bannière est conservée sur sa hampe en bois d'origine, généralement posée contre le mur du chœur de l'église, ce qui risque de l'altérer.
La bannière sort encore, en 2024, lors des processions.
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Statut de la propriétépropriété de la commune
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Intérêt de l'œuvreÀ signaler
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Protections
Le fond de velours rouge d'origine est conservé actuellement dans l'église, dans son intégralité. C'est un objet rare et précieux pour l'étude de la fabrique des bannières au 18e siècle. Il s'agit aussi d'une pièce exceptionnelle car on y aperçoit encore les fantômes des applications de broderies et les anciennes coutures.
- (c) Shantty Turck
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Documents d'archives
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oui
Bibliographie
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en cours de publication
Turck Shantty, "Un laboratoire de broderie au XVIIIe siècle : la Maison du Bon Pasteur de Rennes" dans Transmission/Transmissions, actes des journées d'études de l'association Française des études textiles, 23 et 24 novembre 2023, Paris, 2025.
oui -
TURCK, Shantty, Les bannières d'Ancien Régime des Côtes-d'Armor- Un patrimoine textile, une source pour l'histoire, Rapport pour le Ministère de la Culture, non publié, 2023.
oui
doctorante en Histoire, Tempora, université Rennes 2 et université de Lorraine
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