L'origine de l'objet est inconnue mais sur la bannière la date de "1776" est brodée. Dans les comptes de fabrique de Saint-Juvat, la mention de la décharge de 12 livres 4 sols durant l'année 1776 pour la dépense d'un "pied de bannière, ferreuve et fallots" atteste de la présence d'une bannière à cette date, probablement celle conservée. Gilles Gallès est alors recteur de la paroisse.

Les archives paroissiales de Saint-Juvat ont été particulièrement bien conservés. Ainsi, nous apprenons qu'en 1638, lors de l'inventaire des joyaux, ornements et autres biens de l'église, deux bannières étaient déjà présentes au début du XVIIe siècle, dont une en damas façonné et l'autre en velours rouge. Elles étaient alors conservées dans des housses de bougran "a mettre la ditte bannière" (la toile de bougran est une toile en lin ou chanvre selon les localités). Puis, dans l'inventaire effectué en 1659, sur les quatre bannières inventoriées, une est désignée comme dédiée à saint Juvat.

La bannière conservée aujourd'hui, datant de 1776, est d'un point de vue stylistique et technique est assez originale par rapport aux autres bannières conservées dans le département des Côtes-d'Armor et même en Bretagne. Elle ne semble pas avoir été réalisée par un maître brodeur comme les autres bannières recensées de la même période.

Sa sobriété (figure simple apposée sur un fond de velours uni) l'a rapproche davantage de réalisations connues de communautés religieuses (voir la bannière de Langrolay-sur-Rance par exemple).

Pendant la Révolution française "des exaltés, venus de Dinan, s'étaient emparés de cette bannière qui n'avait pas été cachée à temps. Des femmes du bourg, dont l'une nommée Marie Jugon (1772-1845), empruntant alors des chemins de traverse se rendirent rapidement au manoir de Caragat pour aviser la dame du lieu de ce qui venait de se passer à l'église, et convenir d'un plan. Lorsque la troupe parvint à hauteur de l'avenue, elle y trouva Madame de Caragat qui, au seuil de sa propriété, fit bon accueil à ces hommes, les invita à se restaurer chez elle en conseillant de déposer leur trophée dans sa chapelle domestique où ils le reprendraient plus tard. Marie Jugon et ses compagnes récupérèrent la broderie pendant la collation, bien arrosée, des personnages. Quand le calme fut revenu, quelques années plus tard, la bannière sortit de sa cachette pour regagner l'église où elle fait encore la parure des processions". (extrait du texte distribué dans l'église)