En 1971, les architectes Hervé Péron (1917-2000) et Alexandre Weisbein (1917-1973) proposent que la décoration du lycée mixte polyvalent avec collège d'enseignement technique annexé, de Morlaix, soit confiée à François Stahly (1911-2006) et Parvine Curie (née en 1936).

Réunie le 18 avril 1973, la commission agrée le projet de cinq stèles de 2,5 à 3 m de hauteur présenté par François Stahly, tout en se ralliant à "l'avis formulé par les autorités municipales souhaitant qu'elle soit exécutée dans un matériau du pays", en lieu et place d'un travertin de couleur rose.

La commission estime par ailleurs que les projets de François Stahly et Parvine Curie présentent trop de similitude de conception. La sculptrice a proposé une maquette pour un ensemble de quatre éléments en bois d'acajou. Il est donc demandé à l'architecte de "reporter le projet de Mme Parvine Curie dans un autre établissement pour lequel le crédit 1% serait similaire (...) et de présenter une nouvelle proposition de nature différente".

Stahly bénéficie alors d'une belle notoriété internationale. Il réalise notamment, de 1969 à 1974, le "jardin labyrinthique" de l'Empire State Plaza, siège de l’État de New-York à Albany. Il a par ailleurs déjà à son actif une quinzaine de 1% dans toute la France. Un refus d'agrément à son égard parait alors bien improbable, bien que Jean-Pierre Poggi, inspecteur principal de la création artistique et rapporteur devant la commission, ait jugé cet ensemble "bien sévère" et rappelé qu'il "n'a pas enthousiasmé les personnalités locales". En effet, le maire de Morlaix, dans un courrier adressé au préfet, le 12 février 1972, fait part du manque d'enthousiasme du Conseil municipal et précise : "(...) l'œuvre de Monsieur Stahly n'a guère touché notre sensibilité esthétique d'autant plus qu'il s'agit d'un motif (travertin persan "Soraia") qui ne nous paraît pas s'harmoniser avec le milieu naturel dans lequel se trouve Morlaix."

La "similitude de conception" reprochée par la Commission peut s'expliquer par la collaboration qu'ont entamé François Stahly et Parvine Curie, à Crestet (84) et Albany (USA).

Hervé Péron et son nouvel associé, Jean-Pierre Huéber (né en 1935), appelés à proposer un autre artiste, choisissent Georges Delahaie (1933-2014), que la Commission finit par agréer, le 26 juin 1975. Elle rejette deux projets précédents, le 10 juillet 1974 et le 14 mai 1975. La Commission n'a d'ailleurs pas suivi les avis de Alberte-Ruth Grynpas, inspectrice principale de la création artistique, favorable au deuxième projet et beaucoup moins au troisième.

Les différents projets de Georges Delahaie pour des 1% en Bretagne ont, par ailleurs, souvent fait l'objet de demandes de nouvelles maquettes. Pour le lycée de Morlaix, il en réalise même quatre (voir les illustrations du dossier). Il retire en effet l'une d'elles pour la remplacer, avant le deuxième passage devant la Commission.

Il justifie ainsi le projet retenu in fine :

"Tout repose sur des formes fondamentales, échangeant leurs lignes, et faites l'une pour l'autre, concert de formes, préoccupations spatiales que l'on aimerait photographier dans de vastes plaines ou sous un ciel immense — Monument druidique qui domine les solitudes.

La dynamique de la ligne, la tension du métal, la construction qui s'élance avide d'espace et pénétrable en même temps à l'espace suscite des impressions qui tiennent à la correspondance enthousiasmante des formes, un poème de put métal.

(Les formes agissent, les formes influencent notre psyché, les formes sont des événements et des êtres. Gabo.)"