« Il n´existe pas aux environs de Saint-Malo de monument religieux plus curieux et plus intéressant que l´église de Saint-Suliac ; elle porte le cachet du XIIIe siècle, et dans plusieurs de ses parties elle a conservé le caractère de simplicité gracieuse et l´élégance des formes architectoniques de cette époque. » Dans sa brève présentation de l´église de Saint-Suliac, en 1886, Guillotin de Corson s´est plu à reprendre les termes de la description qui en est faite dans Bretagne contemporaine, une vingtaine d´années auparavant. Plus loin, sont encore mentionnés « les chapiteaux composés de légers feuillages, de roses et d´étoiles, [.. les] feuilles découpées dans le granit avec une habileté et une finesse d´exécution des plus remarquables [.. la] multitude de tores, de filets et de scoties d´une pureté exquise. » A ces éléments d´architecture s´ajoutent encore aujourd´hui les très nombreux lavabos en crédence, les fenêtres, la gargouille sud et le porche nord « d´un dessin pur et d´une ornementation pleine d´harmonie » ; le long de ses parois, sur un entablement étaient installées six statues sculptées vers 1300 dont deux ont disparu au moment de la Révolution. Les statues, portant des traces de polychromie, sont chacune placées sous un dais et reposent sur un animal ; elles représentent, à gauche, saint Pierre et la Vierge (?) ; à droite, des attributs en enduit peint ont été maladroitement ajoutés lors des réparations : un médaillon portant un agneau rappelant saint Jean-Baptiste sur une statue de saint diacre, peut-être saint Laurent ; un livre sur une statue de saint non identifié. La tête de l'une des statues disparues pourrait être celle représentant saint Paul - fixée dans le mur extérieur à droite du portail occidental.
A l´ouest, le portail du 15e siècle, en arc surbaissé, a été remonté dans la façade au 17e siècle.
Au 17e siècle précisément, il semble que la fabrique ait acheté du mobilier, dont il ne reste d´autre trace qu´un inventaire conservé aux Archives départementales : un maître-autel en bois doré avec retable, surmonté d´une gloire, des lambris en bois peint, des stalles aux accoudoirs armoriés, un lutrin doré, une chaire à prêcher enfin, encore visible sur les cartes postales du début du 20e siècle et qui fut supprimée vers 1970. Tout le reste a disparu au cours des travaux décidés à la fin du 19e siècle.
Vers 1896-97, à l´initiative du recteur Alphonse Berthier, les statues manquantes du porche sont remplacées par celles des deux derniers prieurs, Pierre Le Herpeux et Alphonse Saint-Pair ; leur réalisation est confiée au sculpteur Alfred Caravanniez installé alors à Saint-Servan (Saint-Malo). Le nouvel ameublement se poursuit dès 1902, dont la majeure partie sera confiée à l´atelier rennais de menuiserie Rual. Il fournit le maître-autel, orné d´un devant d´autel représentant la Cène et des statues de saint Samson et saint Malo ; il pose les lambris du choeur, les stalles, deux bancs et la clôture de choeur (aujourd´hui transformée en autel face aux fidèles). Deux grandes statues en plâtre de saint Alphonse et saint Augustin viennent achever le décor du choeur.
Dans la chapelle sous le clocher, jusqu´alors consacrée à la Vierge, il installe un autel-retable dédié au Sacré-Coeur, orné d´une grande statue en bois, signée du sculpteur rennais Charles Goupil ; l´autel a été déposé.
Dans le bas de la nef se trouvait, d´après le chanoine Brune « un autel dédié à saint Suliac et élevé sur un tombeau » que l´on croyait « être celui du saint abbé lui-même ». Deux petites chapelles sont créées en vis à vis, toutes deux fermées par des clôtures, remplois de la moitié du 19e siècle ; au sud, celle dédiée à saint Suliac abrite une dalle funéraire, dite « tombeau de saint Suliac », un tableau du 19e siècle montrant son enterrement, un autel-retable en bois, de style néogothique, portant une statue du saint et deux petits reliquaires qui contenaient des ossements et un anneau portant une pierre semi-précieuse. Au nord, la chapelle des fonts renferme les fonts baptismaux sous une statue en plâtre de saint Michel, d´après Raphaël.
Toutes les verrières sont remplacées par l´atelier rennais Rault à partir de 1902. Elles représentent la Communion de la Vierge, la Vierge et saint Joseph, et des scènes de la vie de saint Suliac. Seule la grande verrière sud ne sera remplacée qu´en 1908 ; il s´agit d´une verrière ex-voto montrant « une procession des marins sur la grêve de Saint Suliac », dont la composition et la technique de fabrication laissent à penser qu´elle pourrait l´oeuvre de l´atelier du verrier lorrain Champigneulle. Cette verrière éclaire l´autel de la Vierge également conçu et réalisé la même année par Rual ; elle porte une grande statue de la Vierge à l´Enfant venant au secours de marins tombés à la mer. Le haut-relief intégré à cet autel est l'oeuvre de Jean-Baptiste Cherdel, connu par ailleurs pour une copie du buste en marbre de la comtesse Du Barry par Augustin Pajou, copie conservée au Musée des Beaux-Arts de Rennes.
Le confessionnal situé dans la chapelle nord a été lui aussi fabriqué par l'atelier Rual, vers 1908.
Le chemin de croix et les lustres d´église encore visibles sur les cartes postales du début du 20e siècle, ont disparu.
Lors de cette enquête, la documentation sur les cloches est celle du service des Monuments historiques. Par convention, on considère que l'église est orientée est-ouest ; les verrières sont numérotées impaires au nord, paires au sud, en commençant par l'est ; la verrière orientale (maîtresse-vitre) porte le numéro 0, la verrière occidentale le numéro 00.
Photographe à l'Inventaire