Reconstruite vers 1300 sur les ruines d’un ancien prieuré, l'église de Saint-Suliac expose un alignement de trois réseaux ouvragés : les deux chapelles rassemblées dans la première moitié du 14e siècle empruntent au vocabulaire décoratif anglais, alors que la petite baie à l’ouest affiche le renouveau formel du 15e siècle, consécutif à la paix d’Auray, qui met fin au conflit successoral breton (1341- 1364). Le plan, étalé sur deux vastes collatéraux, est pleinement identifiable à un large corpus d’églises bretonnes, peu développées en hauteur, couvertes de charpentes lambrissées, offrant aux verrières une exposition remarquable. Le porche se distingue à la fois par son emplacement au nord, sa couverture en voûte d’ogives – une des seules de Haute-Bretagne – et la richesse de son ornementation. Quelques traces témoignent d’une Annonciation peinte sur l’un des quartiers, peut-être au 14e siècle. Les bancs sont surmontés d’une file de colonnettes réunies par de petits arcs trilobés, ressemblant à ceux du réfectoire de Léhon. Y sont installées, sous des dais, des statues de saints reposant sur des animaux. Cette procession, imitant les grands chantiers cathédraux, a été restaurée et complétée en 1896-1897 de deux sculptures d’Alfred Caravanniez (1855-1917).
[Véronique Orain, Lionel Besnard, étude d'inventaire topographique, 2023]
Photographe à l'Inventaire