Cette bannière est dédiée aux deux saints patrons de Redon : la Vierge et saint Convoïon, fondateur en 832 de l'abbaye Saint-Sauveur.

Dans l'état actuel des recherches, la date de sa création est inconnue. Aucun document comptable (facture, devis ou autre preuve de dépense) n'a été retrouvé aux archives départementales.

Recontextualiser l’objet permet néanmoins d'émettre des hypothèses de datation.

Il faut rappeler en premier lieu que l’église abbatiale Saint-Sauveur devient église paroissiale en 1791. A l’instar de l’ancienne église paroissiale, Notre-Dame-du-Pesle. Elle est alors dédiée à la Vierge.

La commande d’une bannière paroissiale intervient donc logiquement dès le 19e siècle.

Le 1er septembre 1866, la Congrégation romaine des rites publie un décret qui officialise le culte public de saint Convoïon à Redon en l’étendant à l’ensemble du territoire du diocèse de Rennes. Cet acte est le résultat du travail conjoint du père eudiste Talabardon et du père Gaudaire, supérieur général de la congrégation de Jésus et de Marie et du collège Saint-Sauveur, soutenus par l’archevêque de Rennes, Godefroy Brossay-Saint-Marc. Il est le fruit de différentes enquêtes qui ont établi que le culte de saint Convoïon, alors tombé en désuétude depuis 70 ans environ, était encore en usage avant la Révolution dans l’abbaye Saint-Sauveur et dans la paroisse voisine de Comblessac. Le décret fixe la Saint-Convoïon au 17 janvier. Les 18, 19 et 20 janvier 1868, de grandes fêtes sont organisées à Redon en l’honneur du saint fondateur.

On note que les années 1860 et la période suivante sont globalement propices à la réhabilitation de saint Convoïon. Ainsi le Cartulaire de Redon, source majeure d’information pour la connaissance des débuts de l’abbaye, est publié pour la première fois en 1863, soit trois années seulement avant l’établissement canonique du culte de saint Convoïon.

Plus généralement, face au recul de la pratique religieuse et à l’anticléricalisme républicain, l’Église bretonne cherche dans cette période à revivifier la foi en s’appuyant sur l’affection de la population pour ses saints locaux. Le rétablissement du culte de saint Conwoïon à Redon comme celui de saint Corentin à Quimper en 1886 en est une bonne illustration.

En 1932, Redon fête le 11e centenaire de la fondation de Redon par saint Convoïon. En vue de ces célébrations, le chanoine Jean Hus, à la tête de la cure depuis 1929, mène une importante campagne de restauration de l'abbatiale. Elle consiste notamment à débadigeonner les murs pour un retour allégué à l'appareil roman. Il faut croire que le culte de saint Convoïon s'était à nouveau émoussé puisque le curé Hus est présenté dans la documentation contemporaine comme son restaurateur. Il fait ériger dans une des chapelles absidiales un autel en son honneur surmonté d'une statue à sa effigie.

Situer la bannière dans cette riche histoire s'avère d'autant plus délicat qu'elle n'est citée nommément dans aucun compte-rendu de fête ni dans aucun autre texte.

Au regard de l'ancrage du mouvement de relance des cultes locaux dans la seconde moitié du 19e siècle, et de celui de saint Convoïon en particulier, l'hypothèse la plus probable est une commande durant le dernier tiers de ce siècle ou au tout début du 20e siècle.

D'après une source orale, la bannière était encore portée en procession dans les années 1960.