Extrait de : Vallée du Blavet. Le canton de Baud. Bretagne. Images du Patrimoine. Rennes, 2003.
Melrand, chapelle Notre-Dame de Locmaria, retable
La mise en place du retable majeur, en 1680, amène à supprimer la clôture qui sépare la nef du transept afin d´offrir aux fidèles une vue directe sur le choeur. Ce renouvellement du décor intérieur accompagné d´une redistribution de l´espace répond aux besoins de la nouvelle liturgie imposée par la Réforme de l´église catholique au 17e siècle. Le retable occupe la totalité du chevet, il regroupe ainsi les images du culte afin de frapper les esprits. Réalisé entièrement en tuffeau des bords de Loire, sa composition architecturée à trois travées plates et deux niveaux s´organise autour de la maîtresse-vitre du 16e siècle, démontée pour être intégrée dans le retable comme un tableau d´autel. Cette intégration, unique en Bretagne, a posé des problèmes de composition : pour racheter la différence de niveau imposée par la grande hauteur du vitrail, l´usage de balustres amorties par de petits corps latéraux alourdit quelque peu l´ensemble. Le retable de Locmaria est une oeuvre des derniers retabliers issus de Laval. La structure n´est plus soulignée par les marbres comme dans les oeuvres antérieures, la profondeur du retable est réduite ainsi que les surfaces sculptées. On évolue progressivement vers le dépouillement et la stylisation en comparaison de retables lavallois plus anciens comme celui, tout proche, de Saint-Nicodème en Pluméliau. Le choix de la statuaire obéit à un programme iconographique cohérent, illustration du thème de la sainte famille, très populaire dans l´art de la Contre-Réforme. Les armes des Kerveno, commanditaires du retable, figurent au sommet, soutenues par des anges porte-blason.
Détails du retable
Un décor historié, sculpté en demi-relief, orne le soubassement du retable. Sur la prédelle, de part et d´autre du tabernacle, les scènes de la Nativité et de l´Annonciation se répondent. En pendant également, les bustes de Jésus présenté au temple et de la Vierge sont situés sous les travées latérales. Les stylobates sur lesquels reposent les colonnes centrales présentent, dans un savant motif de médaillon entrelacé de volutes, les bustes de la Vierge à l´Enfant et de saint Christophe (?). Celui de la colonne latérale gauche est habillé d´un putto engainé de feuilles créant elles aussi des motifs en volutes. Ce répertoire décoratif savant est issu du maniérisme franco-italien dont se sont largement inspirés les retabliers lavallois durant tout le 17e siècle.
Chargée d'études Inventaire