La décoration du lycée au titre du 1% artistique est composée de deux sculptures de Robert Couturier et Roger Lersy, réalisées à plusieurs années d'intervalle.

La commission provisoire pour l'étude des projets de décoration dans les édifices publics, siégeant le 12 mars 1969, se prononce en faveur d'une sculpture de Robert Couturier pour un crédit de 100 000 francs. L'arrêté du ministère de la Culture, en date du 2 juin 1969, précise que l'agrément est donné pour : "Une sculpture en bronze de 6 m de hauteur environ, qui sera placée entre le bâtiment d'internat des jeunes filles et le bâtiment de demi-pension, du lycée polyvalent de Coëtquidan".

Avant la rédaction de l'arrêté, pour faire suite au vœu émis par la commission nationale de choisir l'emplacement avec le plus grand soin afin que la sculpture garde toute sa signification, l'architecte Fernand Roy argumente, dans un courrier du 13 mai 1969, en faveur de cette implantation : "il y a entre ces deux bâtiments une échappée qui permet de voir la forêt environnante et de ce fait, l’œuvre ainsi placée serait à la fois au voisinage des bâtiments, vue de toutes parts comme cela est souhaitable, mais en même temps, elle se discernerait et s'intégrerait sur le fond des arbres comme le souhaite précisément la Commission."

Cette sculpture, intitulée "Brocéliande", a été mise en place le 13 avril 1971.

Au cours de cette séance de mars 1969, la commission nationale du 1% écarte par ailleurs le projet du peintre Paul Valéry-Radot (peinture sur toile marouflée de 3X3,4 m, dans le hall du bâtiment de l'administration, thème inspiré par la forêt de Brocéliande, prix 30 000F) au motif que l'emplacement n'était pas satisfaisant ("les œuvres réalisées au titre du 1% sont faites pour les élèves") et d'une maquette jugée "pauvre et académique". Elle demande alors que lui soit faite une proposition entièrement différente.

Les architectes s'exécutent tardivement et proposent, en 1973, une sculpture de Roger Lersy, "la forêt transmuée" dont la maquette est refusée par la commission siégeant le 24 octobre 1973.

Le rapport de Michel Troche, inspecteur principal de la création artistique, rapporteur auprès de la commission, est sévère : "Pas très convaincant. Il se peut que les dimensions (3m sur 6m) accentue (sic !) avantageusement le caractère tourmenté (ou détérioré) de cette "transmutation". On dirait que M. Lersy ne réussit pas à intégrer une recherche d'harmonie linéaire et la surface expressionniste des volumes. Le laiton conviendra-t-il ? Acceptable avec regret."

Des membres de la commission expriment par ailleurs des "critiques à l'encontre du caractère agressif et gratuitement compliqué de ce projet".

Un vote intervient : sur 10 votants, 2 se prononcent pour que le projet soit réalisé tel quel, 6 pour que l'artiste procède à une autre étude.

La plaidoirie de Roger Lersy, introduit en séance à la demande de l'architecte (Fernand Roy) n'a pas donc suffit : "C'est après avoir étudié sur place, d'une manière très approfondie, l'environnement de [m]on œuvre, que [j'ai] conçu les formes volontairement lyriques.

Par ailleurs [je] tien[s] à préciser que la patine de sa sculpture sera très exactement celle de la maquette."

Une photographie de maquette, trouvée dans le dossier, est reproduite en illustration de ce dossier.

Le second projet proposé par Roger Lersy, intitulé "les murmures de la forêt", fait l'objet d'un rapport plus clément quoique sans enthousiasme : "meilleur relativement que les projets précédents". La délégation de la Commission, réunie le 23 septembre 1975, émet ainsi un avis favorable, tout en regrettant : "qu'une maquette en volume ne soit pas présentée, car des incertitudes demeurent sur la forme elle-même qui semble avoir été conçue pour servir de simple support du décor, mais qui, en fait, constitue un élément non négligeable de l'ensemble décoratif."

Le crédit restant affecté à l’œuvre se monte à 64 817 F.