L’œuvre du 1% du lycée hôtelier de Dinard est une sculpture de Georges Delahaie (1933-2014). Cet artiste a été formé à l’École régionale des beaux-arts d'Angers et à l’École supérieure des beaux-arts de Paris. Son atelier était implanté non loin de Dinard, à Plouër-sur-Rance (22). Il est l'auteur d'une quarantaine d'œuvres pour la commande publique, des décorations au titre du 1% artistique, des fontaines, des Marianne... Parmi ses œuvres intégrées à l'architecture, il a été agréé pour quatre sculptures dans des lycées bretons, à Dinard, Morlaix, Loudéac et Guimgamp. Dans ce dernier, l'architecte Patrice Simon, qui donne les plans du lycée de Dinard, était déjà présent aux côtés d'André Remondet, architecte en chef de l'opération.

Pour Dinard, l'architecte Patrice Simon et le sculpteur avait proposé une première œuvre refusée par la commission nationale le 8 avril 1976, malgré l'avis favorable délivré par l'inspecteur d'académie le 4 mars : "le motif devrait parfaitement s'harmoniser avec le granit du hall d'entrée. Emplacement judicieux : ce hall est très fréquenté par le personnel et les élèves. Il faudra toutefois déplacer la plaque de marbre apposée par M. Haby lors de l'inauguration."

L’œuvre refusée était ainsi présentée par l'artiste :

"La vague. Le bas-relief, dont l'emplacement choisi par une volonté affirmée d'exprimer l'immensité de la vague océane, se développera sur le mur du hall par delà la cloison de verre qui le sépare de l'entrée.

C'est par le heurt des courbes et des droites et par le choix des volumes et des lignes que s'exprime la puissance redoutable de :

"La mer mouvante qui chemine

Au glissement de ses muscles errants"

St JOHN PERSE"

La commission récuse cette proposition, suivant le jugement de l'inspecteur de la création artistique, JP Poggi : "Pour un crédit de cette importance on aurait pu s'attendre à un projet plus inventé et prenant en compte le souci d'intégration à l'architecture de façon plus contemporaine."

La commission confirme en observant :

"que l'importance du crédit alloué devrait permettre la création d'une œuvre d'une particulière qualité. Or, elle regrette que malgré ses dimensions importantes, le projet proposé manque de monumentalité. Elle note, par ailleurs, que la composition basée sur un jeu systématique de lignes orthogonales qui se développent dans un espace rectangulaire strict est particulièrement monotone. Cette absence de liberté formelle ne manquerait pas, en outre, d'être accusée par le fait que les éléments seraient, pour la plupart, plaqués contre le mur au lieu de s'en détacher par plans successifs."

Elle demande donc à l'artiste une autre maquette. Georges Delahaie s'exécute présente ainsi son nouveau projet :

"Sur le mur de droite du hall d'entrée de l'établissement, une composition décorative réalisée en tôle de cuivre de 15/10e d'épaisseur, sur armature métallique.

Dimensions :

hauteur : 2,4 m

Longueur 11,5 m,

Épaisseur ; 1,15 m."

Par delà le changement de matériau (cuivre en lieu et place du laiton), la nouvelle proposition s'intitule "Voiles et vagues" et est présentée ainsi par le sculpteur :

"Sur une mer de couchant, les ondulations féminines sont tout d'un coup déchirées par des voiles triangulaires........... c'est la régate, la course...."

La mer reste au cœur de l'inspiration, mais l'artiste donne des gages à la commission qui, réunie le 4 novembre 1976, "estime que ce nouveau projet, d'une facture plus sensible et plus inventive que celle de la précédente proposition répond de manière satisfaisante aux observations qu'elle avait formulées lors du premier examen de l'affaire.

Elle donne, en conséquence, un avis favorable à sa réalisation, et ce malgré l'avis de l'inspecteur Troche : "Plus animé que le projet précédent, mais sans grandes qualités plastiques"...

La sculpture réalisée est de facto, par ses dimensions, réellement monumentale. Elle est doublement intégrée à l'architecture : fixée sur un mur et placée de part et d'autre de la façade vitrée du hall d'accueil. Elle invite ainsi à entrer dans l'établissement, la plus grande partie étant visible à l'intérieur.