Le pont de Keridreuff était, jusqu’en 1856 et la construction du pont d’Audierne, le seul passage empruntable par des véhicules pour franchir le Goyen (l’autre solution étant de prendre un bac « piéton » qui faisait la liaison entre Audierne et Poulgoazec). Le nom de l’écart rappelle d’ailleurs cette situation : Keridreuff siginie village du passage ou du gué (Office de la langue bretonne, 2009). C’est près du pont que se situent d’ailleurs certaines des maisons les plus anciennes dont les dates portées renvoient à la fin du 17e siècle (1670, 1677 et 1692). La date la plus ancienne relevée dans le village se trouve plus loin vers l’est, à l’entrée de la venelle des Pommiers (1614).
Il est question, dans la monographie du chanoine Perennes sur les paroisses de Plouhinec et Poulgoazec, du « petit un manoir du Mener que l’on voit à Keridreuff [avec] sa porte en accolade, où l’on lit la date de 1501 ». Ce dernier n’a pas été observé en 2020 et est signalé comme détruit dans les conclusions de l’enquête d’inventaire de 1984.
Les autres dates relevées sur les bâtiments renvoient aux 18e siècle (1747, 1770 et 1777 rue Voltaire et 1759 sur l’un des moulins à eau à l’est du village) et au 19e siècle (1808 rue Voltaire, 1818 sur la fontaine près de l’ancienne chapelle et 1821 rue du Moulin).
Village à vocation ouvrière, il prospérait à la fin du 19e siècle avec sa minoterie (qui remplaça en 1868 les deux moulins à eau visibles sur le cadastre de 1837) et sa conserverie (inscription F. SCHANG 1926 sur un corps secondaire de la maison de son propriétaire au 10, rue Voltaire).
De la chapelle Saint-Mahal dont subsistent aujourd’hui quelques vestiges au cœur du village, on a peu d’informations sinon son évocation dans l’aveu du marquisat de Pont-Croix en 1730 et les traces de mariages qui y eurent lieu à la fin du 17e siècle.
La distance qui sépare Keridreuff du bourg de Plouhinec dont il dépend alors (3,5 km) a motivé les habitants du village à adresser une pétition à l’évêque de Quimper dès 1923 pour demander un rattachement à la paroisse de Pont-Croix située de l’autre côté du pont. Le rapprochement « spirituel » fut effectif l’année suivante, sans heurt.
S’en est suivi un rattachement administratif officialisé en 1948 mais les liens entre Keridreuff et Pont-Croix étaient déjà très forts. On peut noter à ce sujet, entre autres, qu’un marchand négociant de Pont-Croix avait l’un de ses « magasins » à Keridreuff (en haut de l’actuelle rue Voltaire) et que dès le début des années 1930, la conserverie Schang s’affichait comme pontecrucienne sur ses factures.
Bien qu’ayant conservé l’implantation de ses rues et bâtiments dont les caractères architecturaux ont été globalement bien préservés, le village a évolué ces dernières décennies, notamment à travers son développement vers l’est et la construction d’une quinzaine de maisons dans la seconde moitié du 20e siècle. Dans le cœur ancien du village on observe, hormis les habituels remaniements de façades, une série de restaurations récentes (moulin à marée, habitations des rues Voltaire et du Moulin) ainsi que les destructions de la conserverie et l’abandon de la minoterie.
Chargée d'études à l'Inventaire