Historique rédigé à partir des travaux de recherches menés par Marcel Hodebert.
La Bécanière était la terre seigneuriale de la paroisse de Javené, bien que son étendue était bien inférieure à celle de la Marche (900 journaux). Son domaine ne se développait que sur quelques terres proches, comme le montre un aveu de René du Bois-Lebon, rendu au baron de Vitré en 1776.
Le seigneur de la Bécanière disposait d'un droit de moyenne justice dans le bourg de Javené. Les domaine était constitué de quelques fiefs. Le château actuel est construit à l'emplacement de l'ancien manoir.
Ce lieu est connu à partir de 1443, à l'époque, les propriétaires en sont les de la Vieux-ville (Le Châtellier), ils le restent jusqu'en 1659.
Différents propriétaires s'y succèdent. Ainsi, en 1443, la Bécanière appartient à Jacques de la Vieux-Ville et à Perrine de Gayne. En 1628, César de la Vieux-Ville, alors propriétaire du lieu, prétend être le fondateur et patron de l'église, du cimetière et du presbytère de Javené.
En 1659, la Bécanière est vendue à Catherine de Montboucher, dame de la Melleray. Les de Brégel le possèdent ensuite. Puis, à la fin du 17e siècle, le domaine passe par alliance aux de Pontavice et aux le Bon, seigneurs de l'Eschange.
René Amaury de Montboucher vend la Bécanière à François Pierre du Bois le Bon, écuyer en 1684.
Les de Montbourcher possèdent le domaine en 1710, qui est ensuite vendu aux du Bois-le-Bon. Il passe par alliance vers 1769 aux Picquet seigneurs du Bois-Guy.
Un aveu du 25 juillet 1628 rendu par César de La Vieuville permet de connaitre l'aspect de l’ancien manoir de la Bécanière à cette époque : « La maison seigneuriale est composée d’une grande salle basse contenant trente pieds environ, au bout de laquelle il y a office et cuisine, deux pavillons au bout dans lesquels il y a quatre chambres et cabinets pour décharge, grenier et boulangerie, et une maison servant pour la demeure du métayer, le tout contenant de long 300 pieds, couvert d’ardoise, cour pavée contenant 100 pas autour et un jardin au derrière de la métairie contenant un demi-journal ».
En 1769, René du Bois-Le Bon fait construire le château actuel qui remplace l'ancien manoir.
Madame du Bois-Guy fut le dernier seigneur de la Bécanière. Au moment de la Révolution, en 1793, ses biens furent mis en vente au profit de la Nation. On considéra Madame du Bois-Guy comme émigrée alors qu’en réalité elle resta cachée un certain temps dans son château de Parigné. A Javené, elle possédait la métairie, le château et le moulin de la Bécanière.
Après plusieurs tentatives d’adjudication, personne ne se présenta pour acheter les biens de la « citoyenne Boisguy », ce qui permit à sa propriétaire de les récupérer après la Révolution. En 1794, un inventaire du château avait été dressé pour sa mise en vente. Il permet de connaitre l'aspect des lieux à l'époque :
« Un grand corps de logis couvert d’ardoises avec cuisine et cabinet ou office à côté, salon et autre cabinet à côté, le tout au rez-de-chaussée ; cave sous la cuisine ; un corridor en rentrant au bout duquel est l’escalier avec une rampe en fer qui conduit au 1er étage, aux mansardes et au grenier. Au premier étage sont deux grandes chambres et deux autres petites, le tout avec cheminée ; deux autres petits cabinets de toilette ou garde-robe, le tout au couchant ; deux autres cabinets sans cheminée au levant, un corridor répondant à celui d’en bas au bout nord duquel sont les latrines et au midy, deux autres petits cabinets dont un avec cheminée, tous lesquels appartements sont très proprement boisés et ont des armoires et buffets d’attache de la plus grande commodité ; au-dessus desdites chambres sont quatre mansardes dont deux avec cheminée sur tout quoi sont les greniers. Contenant : 32 pieds de large sur 66 de long, le grand jardin et grande cour devant, le tout muré. Dans ladite cour au nord, sont une petite maison habitée par le fermier Breion, cellier et étable à côté. De suite, vers le levant, plusieurs autres bâtiments en pierre en appentis et couverts d’essentes ; au midy, dans la même cour, sont le puits, un four et un fournil en pierre, une écurie en terrasse et colombage et trois autres petits appartements en pierre au levant de la même cour, le tout couvert d’essentes ; en dehors de la même cour et au levant, est une grange belle et spacieuse en terre et colombage devant laquelle est l’aire, au côté nord du jardin est un verger bien planté et en bons pommiers, lequel pourpris contient par fonds dans sa totalité environ trois journaux… ».
Criblée de dettes, Madame du Bois-Guy fut obligée de vendre sa propriété paternelle de la Bécanière et beaucoup d’autres biens, le château du Bois-Guy notamment.
Le 24 janvier 1803, la propriété de la Bécanière fut donc achetée par Joseph Anne Tréhu de Monthierry, avocat à la Cour, originaire de Saint-Germain-en-Coglès. Au moment de l'achat, il précise que « le château n’est plus habité depuis 1792 et qu’il est absolument saccagé et inhabitable ; il n’y a plus ni portes, ni serrures qui puissent servir ; les vitres des fenêtres sont cassées et il lui faut installer des contrevents afin d’empêcher le vent de jeter l’eau dans cette maison ».
Julien Tréhu de Monthierry, commissaire de la guerre, résidant à Saint-Brieuc en 1809, maire de Rennes et député, hérite ensuite de la Bécanière. Son fils, Charles Tréhu de Monthierry, député, fait donation de La Bécanière, par acte du 16 septembre 1852, à Victoire Zimmer, sans doute sa fille naturelle, qui devait épouser Placide Provost. Leur fille, Amélie Provost épouse Hyacinthe Le Chartier. En 1952, à la mort de Georges Le Chartier, le domaine de la Bécanière est partagé entre ses deux enfants Hubert (1921-1978) et Marguerite. Le château est attribué à Marguerite Le Chartier, épouse de Robert Niaux.
Le bâtiment actuel, en particulier la distribution interne, correspond encore tout à fait à la description de 1794. En revanche, tous les bâtiments annexes cités ont disparu ainsi que le mur de clôture. Au 18e siècle, le château de la Bécanière était entouré de communs,
destinés aux usages domestiques et à la ferme. Ces bâtiments étaient encore visibles sur le premier cadastre communal qui remonte à 1820. Aujourd'hui, ils ont été remplacés par un bâtiment construit au cours du second quart du 20e siècle au nord de la cour et qui abritait des remises.
La métairie de la Bécanière et le moulin de Bécan existent encore aujourd'hui.
Photographe à l'Inventaire