• inventaire préliminaire, Langueux
La digue des Grèves (Langueux)
Œuvre recensée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communes littorales des Côtes-d'Armor - Langueux
  • Commune Langueux
  • Lieu-dit les Grèves
  • Adresse rue des Grèves
  • Cadastre 1995 106 AW, BA, BD non cadastré ; domaine public
  • Dénominations
    digue
  • Parties constituantes non étudiées
    cale

Projets d'endiguement :

Les trois projets d´assèchement de l´anse d´Yffiniac visant à acquérir des terres cultivables ne furent jamais exécutés. Ils démontrent cependant les divergences d´intérêts économiques et en dernier lieu écologiques, liées à l´exploitation des ressources naturelles des grèves.

En 1762, Monsieur Le Febvre de la Brulaire, conseiller de la Grande Chambre au Parlement de Bretagne et propriétaire à Saint-Brieuc avait eu l´autorisation de construire une digue, de la pointe d´Hillion à celle de Cesson, sous réserve d´achever la digue en dix ans, d´y établir des portes pour la retenue et l´écoulement des eaux, de dessécher les terrains qui sont entre les deux côtes, de l´entretenir à perpétuité et enfin de payer une redevance au roi car les terres gagnées par la digue revenaient au promoteur.

L´impressionnante digue d´environ 3500 m de long sur 230 m de large, fut commencée mais les protestations des opposants à la digue firent arrêter la construction en 1767 par arrêt du Conseil des Etats de Bretagne.

En effet, l´assèchement de l´anse entravait les activités humaines liées aux ressources de la grève : l´activité des Salines avait recours au sable des grèves, les habitants prélevaient la marne pour fertiliser les terres ; les animaux d´élevage, porcs et vaches, se nourrissaient sur les grèves, les pêcheurs à pied y prenaient des coquillages.

En 1833, un nouveau projet très onéreux fut proposé, suscitant des polémiques entre agriculteurs et sauniers. La disparition des salines, richesse de la commune, ne pouvait être envisagée, et le projet, trop important, fut abandonné. Les salines disparurent progressivement à partir de 1850, ne pouvant plus lutter avec le sel gemme. A partir de 1864, la marne et l´argile ont fourni les matières premières de la briqueterie qui commençait, alors, son activité.

Un dernier projet, proposé en 1959 par M. Richet, député des Côtes du Nord, visait à la création de polders dans l´anse d´ Yffiniac après endigage. Ce projet devait restituer 716,75 ha à la culture ; un petit bassin de 10 ha devait éviter les inondations. L´enquête publique montra nettement l´hostilité des Langueusiens pour des motifs agricoles, piscicoles et écologiques. Le Conseil Municipal donna un avis défavorable au projet.

Cependant l´endigage n´était pas rejeté par tous, surtout lorsqu´en 1963, les collectivités locales proposèrent la création d´un lac artificiel à vocation touristique en arrière de la digue.

Aujourd´hui, les grèves de l´anse d´Yffiniac sont à l´abri de tout projet d´endigage avec la création en l´an 2000 de la Réserve Naturelle de la baie de Saint-Brieuc, qui interdit tout aménagement littoral, qui pourrait nuire au fragile équilibre écologique du marais maritime.

Digue aménagée à partir des années 1850 dans le cadre du prolongement de la Route départementale n° 6 d'Yffiniac à la mer. Avant la construction de la digue de Langueux, un talus de terre argileuse, sans cesse reconstitué et restauré par les habitants des Grèves, en particulier les maraîchers, protégeait les terres inondables. Ceux-ci obtenaient des concessions du Domaine Public Maritime afin d'extraire la marne, qui permettait de réparer et de consolider cette digue de terre et de soutenir les terres cultivées. Elle a été prolongée au début du 20e siècle, de Coquinet jusqu'à Saint-Ilan, dans le cadre des travaux d'aménagement du premier réseau ferroviaire d'intérêt local. Les travaux ont été dirigés par l'ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées Harel de la Noë au début du 20e siècle. L'ouvrage a considérablement changé la physionomie des Grèves au début du 20e siècle. Les extraits de plans par masse de culture annexés en illustration mettent en évidence l'absence de réseau de communication linéaire entre Coquinet et Boutdeville avant sa mise en place. 1905 : Mazurié de Keroualin, directeur de la briqueterie de Saint-Ilan, entre 1895 et 1915 suggère le passage du réseau ferré départemental (ligne St Brieuc/Moncontour) au sein de l´usine pour livrer plus rapidement les produits dans toute la Bretagne. Ce projet réalisé par l'ingénieur Harel de La Noë va permettre d'édifier un quai et un mur de soutènement au niveau du talus, qui borde la route départementale. Cette digue n'empêchera pas dans les premières années que la route soit innondée. En 1920, le chargement de petits voiliers borneurs de 25 à 35 tonneaux, pour les expéditions des produits des tuileries se fait encore dans la baie d'Yffiniac, par le port de Saint-Ilan, dans une forme de bassin d'échouage, grâce à la passe du chenal transversal et d'un chemin d'accès empierré. La digue longe aussi le chemin des douaniers qui surveillait autrefois le littoral à cause de la contrebande du sel. Conséquence de l´activité des salines, de l´essor du maraîchage, puis du développement de l'usine, avec l'habitat à la fois agricole et ouvrier, la moitié de la population langueusienne est concentrée sur la frange littorale dès la fin du 18e siècle jusqu´à l'époque moderne. Les maisons sont perpendiculaires au rivage pour se protéger de la mer et des vents. Aujourd´hui, l´organisation de l´habitat aux Grèves montre toujours l´étroite relation des hommes avec l´estran. La digue est devenue un lieu de promenade et loisirs pour les habitants des grèves. C'est aussi un lieu d'observation et d'interprétation de la vie marine et sociale des grèves. Il est intéressant de remarquer que les nombreuses "portes à la mer" de la digue ordonne toujours la circulation des eaux douces et des eaux salées, entre la grève et les terres prises sur la mer.

Digue aménagée, pour la commune de Langueux, sur une longueur d'environ 3 kilomètres du pont du Moulin de la Grève au ponceau de Saint-Ilan. L'ouvrage, appareillé en maçonnerie de schiste et grès, granite et gneiss, n'est pas tout à fait rectiligne et suit une certaine courbe, qui permet d'amortir le flot. Deux escaliers rustiques en pierre de taille permettent de descendre à la grève, ainsi que plusieurs cales de faible pente.

  • Murs
    • grès
    • schiste
    • granite
    • gneiss
    • ciment
    • moellon
  • Mesures
    • l : 300 000
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à étudier

Les conditions, les étapes d'aménagement de cette digue restent à préciser. L'étude s'avère souhaitable.

Documents d'archives

  • AD Côtes-d'Armor : 4 num 1/11.

    Numplan 1, plans par masse de cultures

Bibliographie

  • FRABOULET, Michel. Les rives de l´anse d´Yffiniac : étude de géographie régionale. Mém. D.E.S. Géographie : Rennes : UHB Rennes 2, 1958.

Annexes

  • Annexe n°1
Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2003