Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
- enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
Dossier non géolocalisé
-
Aire d'étude et canton
Bretagne Nord
-
Commune
Morlaix
-
Lieu-dit
Aéroport de Morlaix-Ploujean
-
Dénominationsbase aérienne, piste d'atterrissage, édifice logistique, blockhaus, abri
-
Destinationsaéroport
Projeté dès 1935 par la Chambre de commerce de Morlaix, l’aérodrome de Morlaix situé sur le territoire de la commune de Ploujean, est inauguré en mai 1939. Il est baptisé "Maréchal Foch" en raison de la proximité avec son ancienne demeure de Tréfeunteuniou (Traon Feunteniou). D’une superficie de 33 ha, l’aérodrome se compose alors d’une piste principale en herbe, d’une aérogare et d’un hangar.
Début juillet 1940, l’aérodrome civil est réquisitionné par l’Allemagne nazie. Agrandi et modernisé, l’aérodrome devient une base aérienne (Fliegerhorst) spécialisée pour les escadrons de chasse (Jagdgeschwader) de la Luftwaffe. Situé dans le nouveau périmètre, le lieu-dit Croas Quérou avec son "Bar des Ailes" est détruit. L’objectif principal de ces formations est l’interception des bombardiers alliés dans la Manche et la surveillance du Golfe de Gascogne. Afin de pouvoir faire atterrir les avions de nuit ou dans de mauvaises conditions météorologiques, la piste principale dispose d’un éclairage et du système de radiobalise Lorenz. Jusqu’à soixante avions, dont le célèbre Messerschmitt Bf109, chasseur monomoteur monoplace, sont accueillis simultanément sur ses pistes.
La base accueille notamment le troisième groupe du Jagdgeschwader 77 "Herz As" (du 24 au 28 mars 1941), le deuxième groupe du Jagdgeschwader 26 "Schlageter" (du 3 avril au 1er juin 1941), le premier groupe du Jagdgeschwader 2 "Richthofen" (du 1er août 1941 à décembre 1941 puis en juin 1942) et Nachtjagdgeschwader 1 (première escadre de chasse nocturne) en 1943.
La base aérienne de Morlaix est bombardée à plusieurs reprises :
- du 17 juillet (dans la nuit) au 14 août 1940 ;
- le 25 novembre 1941, par six bombardiers Bristol Blenheim de la Royal Air Force ;
- le 5 juin 1942 ;
- le 16 mai 1943, par douze avions Lockheed Ventura du 464e Escadron Royal Australian Air Force - RAAF. Suite à ce bombardement, le camouflage de la piste et de la zone d'atterrissage est renforcé.
- le 9 octobre 1943 : la piste principale est touchée ainsi que des infrastructures situées au sud-est. L’aérodrome rouvre après travaux le 24 octobre.
Pour tromper les bombardiers alliés, un faux terrain d’aviation est aménagé à 1 km au nord-ouest de Plouigneau (la piste principale alignée nord-est/sud-ouest est visible sur la vue aérienne de 1952).
Les pistes, l’aérogare et des hangars de la base aérienne de Morlaix sont minées et sabotés par les allemands le 14 juin 1944 comme le montrent les vues aériennes (cratères réguliers sur la piste principale).
Fin 1945, l'Armée de l'Air décide d’abandonner la base aérienne.
En mai 1946, la direction des bases aériennes qui a pour mission la reconstruction et l'entretien des aérodromes émet également un avis négatif à la conservation de la base.
La piste de dégagement ouest devient la départementale n° 46.
En juillet 1947, de nouvelles limites de l’aéroport - dont la superficie est réduite à 83 ha - sont fixées par le ministère des Travaux publics et des Transports. Les terrains agricoles constituant l'extension de l'aérodrome ex allemand sont acquis en 1952 par l'État avec l'aide des collectivités locales, puis mis à la disposition de la Chambre de commerce de Morlaix qui en devient gestionnaire en 1966.
Profitant de la présence de pistes de dispersion, des habitations sont construites en lieu et place des hangars.
En 1959, la commune de Ploujean est rattachée à la commune de Morlaix et l’aéroport prend le nom de Morlaix-Ploujean.
Depuis 2007, l’aéroport est propriété de Morlaix Communauté, qui en a délégué la gestion à la Chambre de commerce et d’industrie de Morlaix. Une zone d’activité économique baptisée "Kergariou" a été créée au-sud est de la poste d’envol.
-
Période(s)
- Principale : 2e quart 20e siècle
-
Dates
- 1940, daté par source
- 1941, daté par source
- 1942, daté par source
- 1943, daté par source
- 1944, daté par source
-
Auteur(s)
-
Auteur :
Organisation Todtingénieur militaire attribution par travaux historiquesOrganisation TodtCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
-
Auteur :
La base aérienne de Morlaix forme un vaste ensemble fortifié d’une superficie de plus de 300 ha avec au centre la piste principale d'envol. Ses accès et abords sont protégés par un réseau de barbelés et 3 032 mines (1 069 mines antichar et 1 963 mines antipersonnel) réparties dans treize champs de mines distincts ou à disposer en cas d’alerte dans quatre barrages routiers (Straßensperre). Les vues aériennes verticales de 1964 de l'Institut national de l'information géographique et forestière montrent de nombreux édifices ou édicules - pistes, hangars, baraquements (logements, installations sanitaires, ateliers), bunkers... - , aujourd’hui disparus.
Des postes d’observation et de combat assurent la défense rapprochée de la base : postes d'observation et de tir dits "Tobruk-Stände" au nord, le long de la route départementale n° 786 et postes de tir ouverts ou couverts sur la crête au nord-est de la base notamment. Elle comprend plusieurs bunkers situés au sud-est de la piste d’envol au lieu-dit Kergariou (ensemble fortifié numérotée "Mo 79".) : un bunker - poste de commandement de type 608 ; un abri à personnel de type 502 ou 622 (dalle de couverture visible) et un bunker de construction Verstärkt Feldmässiger (visible). Au nord, dans l’axe de la piste d’envol est implanté un bâtiment en béton armé et maçonnerie de brique (Feldmaßige Ausbau) à usage de casernement. Il comporte un couloir central desservant quatre pièces dont deux sont dotées d'un conduit de cheminée. L´arrière du bâtiment et la dalle de couverture ont subi les effets d’une explosion.
La base est dotée de pistes en dalle de béton : une piste principale d’envol dite Rollfeld alignée nord-est/sud-ouest (1 200 m de longueur par 60 m de largeur), une route annulaire (Ringstraße) ou piste de dégagement, une aire de compensation (pour le réglage du compas magnétique de bord), des pistes de dispersion et des hangars pour abriter les avions. Au nombre d’une trentaine, les hangars (Flugzeughalle) sont construits en charpente métallique sur soubassement en béton armé et/ou maçonnerie de brique et couverts de toile goudronnée. Chaque hangar est desservi par une piste et peut abriter deux chasseurs (leur envergure est proche de 10 m). Plusieurs pistes de dispersion et hangars à avion sont visibles à l’état de vestiges.
Dans le bois de Tréfeunteuniou se dresse une construction rectangulaire en béton armé - non couverte - entourée de talus de terre. Il pourrait s’agir de l’emplacement du dépôt de munitions de la base aérienne.
Un ensemble de plusieurs batteries antiaériennes protège la base :
- au nord-est de la piste d’envol, une batterie antiaérienne armée de 4 canons de 88 mm. Cette batterie était primitivement installée au nord du Dourduff en Mer au lieu-dit Brignonic. Malgré la végétation, on peut observer deux grands encuvements et deux plus petits en maçonnerie avec abri attenant en béton léger ; deux "corps de garde" avec plate-forme pour pièce antiaérienne et/ou projecteur et de petites soutes à munitions à l’état de vestiges. Cette batterie est numérotée "Mo 78".
- à l’ouest de la piste d’envol, le long de la piste de dégagement ouest, une batterie antiaérienne armée de deux canons de 3,7 cm (deux bunkers de type L409A) et doté d’un projecteur de 60 cm (bunker de type L411A). Cette batterie est numérotée "Mo 73".
- au nord-ouest de la piste d’envol (à 2 900 m), la batterie antiaérienne du Ménez numérotée "Mo 71b" armée de six canons de 10,5 cm (elle n’est pas achévée).
- au nord-ouest de la piste d’envol (à 4 500 m), côté Léon, la batterie antiaérienne de Saint-Julien à Taulé armée de quatre canons de 4 cm Flak 28. Cette batterie est numérotée "Mo 63a".
Deux ensembles fortifiés se situent immédiatement autour de la base aérienne :
- à l’est de la piste d’envol, autour du Château de Kerozar (à 1 600 m) : un grand abri/casernement bétonné en construction Feldmaßige Ausbau ; plusieurs abris bétonnés « tôle métro » (Splittersicherer Unterstand mit « Heinrich-Wellblechen »). Cet ensemble fortifié numéroté « Mo 72a », est l’état-major de la défense antiaérienne de la base aérienne de Morlaix (Stab Gemischte Flak Abteilung 441).
- à 1 200 m au sud de la poste d’envol autour d’une maison de notable au lieu-dit Kerscoff : trois bunkers-abris de type 621. Cet ensemble fortifié est numéroté "Mo 68".
-
État de conservationdésaffecté, vestiges, envahi par la végétation
-
Statut de la propriétépropriété d'un établissement public intercommunal, propriété de Morlaix Communauté.
-
Intérêt de l'œuvrevestiges de guerre, à signaler
-
Éléments remarquablesbase aérienne, piste d'atterrissage, blockhaus, édifice logistique
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Collection particulière
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
Bibliographie
-
HUGUEN, Roger. La stratégie du Bomber Command et ses applications en Bretagne (1940-1944) In : La Résistance et les Français : Enjeux stratégiques et environnement social [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1995 (généré le 14 novembre 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/16349>. ISBN : 9782753525245. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.16349.
-
HUGUEN, Roger. La Bretagne dans la bataille de l'Atlantique, 1940-1945 : la stratégie du Bomber Command appliquée à la Bretagne. Coop B reizh, 2003, 666 p.
-
HENRY, L. DEZENG IV. Luftwaffe Airfields 1935-45. France (with Corsica and Channel Islands). Juillet 2014, 387 p.
-
DOHER, Olivier. Fortifications allemandes en France 1940-1944. Un aperçu du minage dans le groupe de fortifications côtières de Morlaix (KVG Mo) de Locquirec à Plouescat. Non publiée, version du 31 juillet 2014, 558 p.
-
CASADEBAIG, Sophie. DIEU, Yoann. Kergariou, Rapport de diagnostic archéologique. Le Faou - Quimper : Conseil Général du Finistère, Centre départemental de l'archéologie - Service Régional de l'Archéologie de Bretagne, 2015.
Périodiques
-
TRANVOUEZ, Yvon. "La mémoire d’un bombardement britannique : Notre-Dame-des-Anges (Morlaix,1943-2003)". Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 111-1 | 2004, mis en ligne le 20 mars 2006. URL : http://journals.openedition.org/abpo/1308 ; DOI : 10.4000/abpo.1308
-
CHAZETTE Alain. DESTOUCHES, Alain. TOMINE, Jacques. PAICH, Bernard. LEMONNIER, Cédric. "Morlaix Kerozar (Stab Gem.Flak-Abteilung 441 Mo 72a)". Mur de l'Atlantique - Volume n° 19. Les clefs de la Bunkerarchéologie. 2020, 64 p.
Lien web
- Film, à 2 mn 31, bombardement aérien du 16 mai 1943 (17h43) de l'aérodrome de Morlaix par le 464e Escadron Royal Australian Air Force - RAAF équipé de Lockheed Ventura (12 600 ft soit 3 840 m d'altitude), Imperial War Museums
- Photographie d'un bombardement aérien de l'aérodrome de Morlaix, 16 mai 1943 ? (les bombes tombent au nord de la piste principale, à proximité de Tréfeunteuniou) par le 464e Escadron Royal Australian Air Force - RAAF équipé de Lockheed Ventura, Imperial War Museums (HU 93012)
- Photographie d'un bombardement aérien de l'aérodrome de Morlaix, 16 mai 1943 ? (les bombes tombent au nord de la piste principale, à proximité de Tréfeunteuniou) par le 464e Escadron Royal Australian Air Force - RAAF
- Atlas Direction générale de l'Aviation civile - DGAC - MORLAIX-PLOUJEAN, 2010
- RELIKTE. Remains of european fortifications 1935-1945 (cartographie du Mur de l'Atlantique)
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
Contient
- Aire de compensation des compas magnétiques de bord des avions, aéroport de Morlaix-Ploujean (Morlaix)
- Bunker - poste d'observation et de tir dit "Tobruk-Stand", Ploujean (Morlaix)
- Bunker - poste d'observation et de tir dit "Tobruk-Stand", Ploujean (Morlaix)
- Casernement, Ploujean (Morlaix)
- Corps de garde bétonné avec plate-forme pour pièce antiaérienne et soutes n° 1, Ploujean (Morlaix)
- Encuvement pour pièce antiaérienne avec soutes, Ploujean (Morlaix)
- Encuvement pour pièce antiaérienne de 88 mm Flak 36 avec abri à personnel et soutes n° 1, Ploujean (Morlaix)
- Encuvement pour pièce antiaérienne de 88 mm Flak 36 avec abri à personnel et soutes n° 2, Ploujean (Morlaix)
- Encuvement pour pièce antiaérienne de type L 409a (Mo 73), Ploujean (Morlaix)
- Encuvement pour pièce antiaérienne de type L 410a (Mo 73), Ploujean (Morlaix)
- Hangar (magasin de munitions ?), Ploujean (Morlaix)
- Hangar pour avion, Ploujean (Morlaix)
- Hangar pour avion, Ploujean (Morlaix)
- Hangar pour avion, Ploujean, Kervoal (Morlaix)
- Mur pare-éclats, Ploujean (Morlaix)
- Piste de dégagement, Ploujean (Morlaix)
- Piste principale de la base aérienne allemande puis de l'aéroport de Morlaix-Ploujean (Morlaix)
- Piste, Ploujean (Morlaix)
- Pistes, Ploujean (Morlaix)
- Pistes, Ploujean (Morlaix)
- Pistes, Ploujean (Morlaix)
- Plate-forme pour pièce antiaérienne, Ploujean (Morlaix)
- Poste d'observation avec plate-forme attenante pour pièce antiaérienne n° 2, Ploujean (Morlaix)
- Poste d'observation n° 1, Ploujean (Morlaix)
- Poste d'observation n° 2, Ploujean (Morlaix)
- Poste d'observation n° 3, Ploujean (Morlaix)
- Poste d'observation n° 4, Ploujean (Morlaix)
- Soutes explosées n° 1, Ploujean (Morlaix)
- Soutes explosées n° 2, Ploujean (Morlaix)
Fait partie de
Batterie antiaérienne (Mo 71b), Le Ménez, Ploujean (Morlaix)
Lieu-dit : Ploujean, Le Ménez
Batterie antiaérienne de Saint-Julien (Mo 63a, 63b) (4 canons de 4 cm Flak 28), Saint-Julien (Taulé)
Lieu-dit : Saint-Julien
Château dit manoir de Traonfeunteuniou (Morlaix)
Lieu-dit : Traon Feunteniou
Station de radionavigation (Mo 48c) puis stand de tir, Saint-Fiacre (Lanmeur)
Lieu-dit : Saint-Fiacre, Au nord de Kervern
Station de repérage radar codée "Molch" (Mo 56c), Pointe de Ruffélic (Plougasnou)
Lieu-dit : Pointe de Ruffélic
Station de repérage radar de la Kriegsmarine (Mo 56b), Kerhouin (Plougasnou)
Lieu-dit : Kerhouin
Station de repérage radar, à proximité de la chapelle de Saint-Michel, Ménez-Mikel (Saint-Rivoal)
Lieu-dit : Ménez-Mikel
Adresse : A proximité de la chapelle de Saint-Michel
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.