OUVRAGES DE QUELERN par Philippe Truttmann, septembre 1972.
(Y compris lignes, réduits, caserne Sourdis et bâtiments divers)
Situation : à la base de la presqu´île de Roscanvel et barrant l´isthme à 2 500 mètres au sud-sud-ouest de l´agglomération de Roscanvel.
CASERNE SOURDIS
Au moment de la descente anglaise sur Camaret en 1694, on installe des troupes en cantonnement provisoire dans le ravin de Pen-Ar-Poul et à l'emplacement de la caserne actuelle (Plan de Traverse du 16 janvier 1699). Ces troupes étaient destinées soit à intervenir contre le débarquement attendu, soit en cas de réussite de la tentative à assurer la défense des retranchements devenus ensuite les lignes de Quélern.
Malgré la construction à la fin du 17e siècle et au 18e siècle de petits bâtiments militaires à l'intérieur des lignes, le logement des effectifs nécessaires à la défense des lignes n'était pas réglé.
La caserne Sourdis construite de 1793 à 1826 fut décidée pour réduire ce déficit. Dans le projet d'origine, le bâtiment, établi selon le plan-type de casernement de Vauban, devait comporter quatre travées indépendantes juxtaposées (On sait que le casernement type dû à Vauban (approuvé par Colbert en 1679) était constitué par une travée éleméntaire juxtaposable indéfinitivement. Si la caserne Sourdis avait été terminée, elle aurait eu une capacité de 800 hommes, c'est à dire l'effectif estimé nécessaire par De Caux en 1776 pour défendre les lignes de Quélern.) ; deux seulement furent achevées, le rez-de-chaussée de la troisième ayant été seulement amorcé.
Implantation : le bâtiment est situé au pied du plateau de la presqu'île, sur un replat à proximité immédiate du rivage de la baie de Roscanvel et de la porte des lignes dite porte de Crozon. Orienté nord / sud, sa façade principale fait donc face à l'est, on bénéficie ainsi d'un excellent défilement contre les coups du large et les coups venant du sud (arrêtés par le rempart des lignes). Seuls sont à craindre les coups venant de l'est (bombardement naval) ce qui implique soit un forcement du goulet, soit un débarquement et une attaque à revers du dispositif.
Organisation : plan rectangulaire. Le bâtiment est divisé par un refend transversal, en deux "cellules" ou "travées" identiques, à trois niveaux (rez-de-chaussée plus deux étages, plus combles, plus grenier).
Chaque cellule est elle-même divisée en trois, toujours transversalement, par deux refends délimitant une sous-travée centrale contenant, à chaque niveau, la cage d'escalier et une chambre de sous-officier, et séparant deux grandes chambres de troupe ; ce qui donne, à chaque niveau deux chambres de troupe (à 15 lits) et une chambre de sous-officier.
Chaque chambrée de troupe comporte deux fenêtres (une à chaque extrémité), une porte donnant sur le palier de la cage d'escalier, une cheminée adossée au refend extérieur de la travée (ou au mur pignon). Ces dispositions ont l'inconvénient de laisser une trop grande place aux cages d'escalier, puisque chaque travée a la sienne.
Etages planchéiés sur poutraison en bois.
Extérieur : façade en maçonnerie enduite au mortier, sur laquelle tranchent les chaînes d'angle, les encadrements de porte et de fenêtre en gros appareil de granite clair, harpé, et les bandeaux de granite soulignant chaque niveau.
Les refends étaient prévus pour dépasser la toiture : cette disposition n'apparait que pour le pignon sud (Disposition permettant aux refends de jouer le rôle de mur coupe-feu, ce qui rend plus délicate la réalisation d'une toiture étanche.) dont les rempants sont découpés en escalier.
Toiture à grande pente, en ardoise, percée de deux rangées de lucarnes. Cette toiture n'est pas portée par des fermes mais des poutres longitudinales encastrées dans les refends tranversaux.
L'amorce de la troisième travée, inachevée, se limite à un embryon de façade au rez-de-chaussée transformé ultérieurement en appentis.
Conclusion : bâtiment massif, assez banal, mais simple et fonctionnel que les harpages des chaînes d'angle et des encadrements de baies mettent en harmonie.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.