Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
- enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Bretagne Nord
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Hydrographies
Rade de Brest
L'Aulne
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Commune
Rosnoën
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Lieu-dit
Ile d'Arun
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Cadastre
1962
C
1
;
1962
C
2
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Dénominationsédifice logistique, poudrière
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Destinationsdemeure
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Parties constituantes non étudiéesjardin, enclos, logement
Le magasin à poudre de l´île d´Arun a été construit en 1692-1693 sur des plans de l´ingénieur Mollart. Ce type d´édifice logistique était régi par un plan type, dû à Vauban lui-même, et variant selon la capacité recherchée. Celle du magasin à poudre de l´île d´Arun est comprise entre 248 t (sur trois niveaux de barils de poudre selon le standard vaubanien) et 496 t (sur six niveaux de barils, soit la capacité maximale). Mollart, on le sait, travaillait en étroite collaboration avec Vauban et l´intendant Desclouzeaux, pour qui il dessina les plans de nombreux bâtiments de l´arsenal, les aménagements de la crique de Pontaniou (avant Choquet de Lindu) et suivit de nombreux travaux de fortification.
De plan rectangulaire orienté est-ouest (les dimensions standards des magasins vaubaniens correspondent à une capacité de stockage théorique de 50 t), aux murs de maçonnerie très épais (plus de 3 m pour les murs latéraux contre 1,3 m pour les murs pignons), le magasin à poudre est doté d´évents d´aération en chicane. Le bâtiment est voûté en arc brisé à "l´épreuve de la bombe". Sa couverture originelle fait appel à un dallage en pierre de taille posé sur un massif de maçonnerie de moellon. Huit contreforts (quatre sur chaque façade latérale) ont, semble-t-il, été ajoutés vers 1717-1718 afin de verticaliser le souffle d´une éventuelle explosion toujours à craindre. L´extrados de la voûte a été revêtu d´une charpente et d´un toit en ardoise à la fin du 19e siècle.
Sur l´île d´Arun, le magasin est doté, dès l´origine, de trois niveaux planchéiés autorisant un stockage sur plus de 830 m². Les barils de 100 ou 200 livres de poudre noire étaient hissés grâce à un palan aux niveaux supérieurs par des "écoutilles" percées dans le plancher ou par les baies des pignons. Ils étaient "engerbés", c´est-à-dire entassés sur quatre à six rangs de hauteur. Chaque pignon est doté d´une porte double inversée (porte intérieure et extérieure) et de trois doubles-fenêtres. Plusieurs baies ont également été ouvertes dans le mur sud dans l´intervalle d´un contrefort à l´autre. À chaque niveau correspond au pignon une baie à un vantail donnant de la lumière et permettant de renouveler l´air. Le mur de clôture devait permettre selon l´état des travaux "d´avoir une place pour sécher la poudre", l´avis de l´ingénieur en 1693 étant de "pousser le mur qui regarde le soleil couchant le plus loin qui se pourra". Enfin, guérite, barrière et corps de garde permettent d´assurer la surveillance du site. Par sécurité, tous les éléments métalliques du magasin, gonds, serrures, pentures de porte, clous (le plancher, lui, est chevillé) sont en bronze ou laiton afin d´éviter la formation d´étincelles qui pourrait mettre le "feu aux poudres". Enfin, pendant les manutentions, le port de sabots de bois est obligatoire.
Dès 1866, le magasin de l´île d´Arun est qualifié de "dépôt secondaire" dans la Revue maritime et coloniale. L´îlot est désaffecté au début de la Première Guerre mondiale et l´ensemble est vendu aux enchères en 1927.
Toujours propriété privée, le magasin à poudre de l´île d´Arun demeure le seul édifice logistique de la période vaubanienne en rade de Brest. Son état sanitaire demeure satisfaisant, cependant une restauration des enduits extérieurs serait la bienvenue. En raison de la rareté de ce type d´édifice en Bretagne, une protection au titre des Monuments historiques est très souhaitable afin de conserver la trace de l´évolution du stockage des poudres.
L´île d´Arun puis l´île des Morts : deux implantations particulières à l´échelle de la rade de Brest
Implanté le plus fréquemment dans un bastion creux ou dans une dépression artificielle faisant cour pour le dissimuler et le protéger des tirs de l´ennemi, le magasin à poudre est en outre isolé de la place forte par un mur de sécurité. Le choix de Vauban d´un stockage distant de la place forte de Brest et obligeant à traverser la rade s´explique par la nécessité de rayonner sur l´ensemble du périmètre défensif étendu à la rade, au goulet et au vestibule. De l´île d´Arun, où des "canons-bollards" permettaient d´échouer sur la grève à marée basse, la poudre était acheminée par chaloupe au port arsenal de Brest, soit pour l´armement des navires en Penfeld ou mouillés en rade, soit pour être stockée dans les magasins à poudre des batteries et forts de la rade. Selon les propres estimations de Vauban dans son Traité de la défense des places, une fortification à quinze bastions de circuit, le cas de Brest, nécessite "en temps de guerre" de 7 500 à 9 000 hommes. De la même manière, il parvient à estimer l´artillerie nécessaire à la défense de la place forte, soit 144 canons et 60 mortiers, ce qui lui permet d´estimer la quantité nécessaire de poudre, au total 350 t, à produire et à entreposer. Le plan de Brest de 1740 de Frézier ne représente que deux magasins à poudre situés du côté de Recouvrance (magasin à poudre du bastion de Lesneven au nord et magasin à poudre de la Pointe au sud 11), le château faisant citadelle dispose également de lieux de stockage souterrains. Dans la rade, chaque fortification dispose d´un ou plusieurs magasins à poudre.
Cent ans plus tard, la capacité du magasin de l´île d´Arun n´étant plus suffisante, on envisage pour la première fois la construction d´un nouveau dépôt de munitions sur l´île des Morts (1791). Les travaux s´échelonnent de 1808 à 1814. La Revue maritime et coloniale de 1866 précise que les établissements de la pointe à Brest du côté de Recouvrance se composent "d´une poudrière et d´un parc, où l´artillerie confectionne dans des ateliers convenablement isolés les uns des autres, pour diminuer les chances d´incendie ou d´explosion, la poudre fulminante, les cartouches, gargousses, fusées, feux de Bengale et autres artifices de la marine. Ces deux établissements datent : pour la poudrière, de 1667 ; pour les ateliers, de diverses époques, depuis 1821 jusqu´en 1856, année où l´on a construit l´embarcadère pour monter les projectiles".
En raison de l´augmentation de la portée des projectiles et de leur capacité nouvelle à se superposer en un même point, les poudrières de l´île des Morts sont progressivement abandonnées dans la décennie 1880 au profit de celles de la pyrotechnie Saint-Nicolas à Guipavas".
(Lécuillier Guillaume, 2011).
Magasin à poudre construit en 1692-1693 sur les plans de l´ingénieur Mollart en étroite collaboration avec Desclouzeaux, intendant de Brest et Vauban, commissaire général des fortifications. Guérite, barrière et corps de garde permettaient d´assurer la surveillance du site desservi à marée haute par des chalands.
Les contreforts du magasin à poudre ont vraisemblablement été ajoutés vers 1717-1718.
L´extrados de la voûte a été revêtu d´une charpente et d´un toit en ardoise à la fin du 19e siècle.
La capacité du magasin de l´île d´Arun n´étant plus suffisante, on envisage pour la première fois en 1791 la construction d´un nouveau dépôt de munitions sur l´île des Morts à Crozon. Les travaux s´échelonnent finalement de 1808 à 1814.
Dès 1866, le magasin de l´île d´Arun est qualifié de "dépôt secondaire". L´îlot est désaffecté au début de la Première Guerre mondiale et vendu aux enchères en 1927.
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Période(s)
- Principale : 4e quart 17e siècle
- Secondaire : 2e quart 19e siècle
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Dates
- 1692, daté par travaux historiques
- 1693, daté par source
- 1694, daté par source
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Auteur(s)
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Auteur :
de Mollart Paul-Louisingénieur militaire attribution par travaux historiquesde Mollart Paul-LouisCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
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Personnalité :
Le Prestre de Vauban Sébastienpersonnage célèbre attribution par travaux historiquesLe Prestre de Vauban SébastienCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
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Auteur :
L'île d'Arun est située dans la rade de Brest, au confluent de l'Aulne et de la rivière du Faou. Cet ensemble logistique destiné au stockage de la poudre à canon était composé d'un grand magasin à poudre entouré d'un mur de clôture, d'un corps de garde et d'une guérite pour abriter une sentinelle.
De plan rectangulaire orienté est-ouest, aux murs de maçonnerie très épais (plus de 3 m pour les murs latéraux et 1,3 m pour les murs- pignons), dotés d´évents d´aération en chicane, le magasin à poudre est voûté en arc brisé à "l´épreuve de la bombe". Sa couverture originelle fait appel à un dallage en pierre de taille posé sur un massif de maçonnerie de moellon. Huit contreforts (quatre sur chaque façade latérale) ont été ajoutés afin de verticaliser le souffle d´une éventuelle explosion toujours à craindre. L´extrados de la voûte a été revêtu d´une charpente et d´un toit en ardoise.
Dès l´origine, le magasin dispose de trois niveaux planchéiés permettant un stockage sur plus de 830 m². Les barils de 100 ou 200 livres de poudre noire étaient hissés grâce à un palan aux niveaux supérieurs par des "écoutilles" percées dans le plancher ou par les baies des pignons. Les barils étaient "engerbés", c´est-à-dire entassés sur quatre à six rangs de hauteur.
Les pignons sont dotés d´une porte double inversée (porte intérieure et extérieure) et de trois doubles-fenêtres. Plusieurs baies ont également été ouvertes dans le mur sud, dans l´intervalle d´un contrefort à l´autre. À chaque niveau correspond au pignon une baie à un vantail donnant de la lumière et permettant de renouveler l´air.
Par sécurité, tous les éléments métalliques du magasin, gonds, serrures, pentures de porte, clous (le plancher, lui, est chevillé) sont en bronze ou laiton afin d´éviter la formation d´étincelles qui pourrait mettre le "feu aux poudres".
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Murs
- schiste
- microdiorite quartzique
- kersantite
- enduit partiel
- moellon sans chaîne en pierre de taille
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Toitsardoise
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Plansplan rectangulaire régulier
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Étages2 étages carrés
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Couvrements
- voûte en berceau brisé
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Couvertures
- toit à longs pans
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Typologiesmagasin à poudre vaubanien
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État de conservationétat moyen, inégal suivant les parties
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Statut de la propriétépropriété privée
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Intérêt de l'œuvrevestiges de guerre, à signaler
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Sites de protectionsite inscrit, parc naturel régional
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Précisions sur la protection
"Site inscrit des Monts d'Arrée (Site pluricommunal) : arrêté du 10/01/1966.
Situé en face de Landévennec, au confluent de la rivière du Faou et de l´Aulne, cet îlot d´environ 4000 m2 occupe un site naturel et stratégique exceptionnel. L´installation de la poudrerie royale de Pont-de-Buis à la fin du 17e siècle conduit à la construction de cette poudrière, grand magasin à usage militaire comportant trois niveaux étayés de quatre contreforts de chaque côté. Il était destiné à sécher, à stocker et à protéger les poudres et explosifs avant leur transport vers Brest et les autres ports français. Les manoeuvres par chalands se faisaient à marée haute et aujourd´hui encore, un canon, debout, fixé au sol de la grève inondable, témoigne du lieu d´amarrage des bateaux. Pour certaines baies, on utilise le tuffeau, un matériau importé. Des photographies anciennes montrent le lieu avant la plantation d´arbres près des abords. C´est un des rares édifices de ce type conservé en Bretagne". Maison, îlot accessible à marée basse. (Douard Christel ; Toscer Catherine, 1995).
- (c) Archives départementales du Finistère
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Collection particulière
- (c) Service départemental de l'architecture et du patrimoine du Finistère
- (c) Région Bretagne
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
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- (c) Inventaire général, ADAGP
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- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
Bibliographie
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FRIJNS, Marco, MALCHAIR, Luc, MOULINS, Jean-Jacques, PUELINCKX, Jean. Index de la fortification française. Métropole et Outre-mer. 1874-1914. Vottem (Belgique) : autoédition, 2008, 832 p.
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LÉCUILLIER, Guillaume (dir.), BESSELIÈVRE, Jean-Yves, BOULAIRE, Alain, CADIOU, Didier, CORVISIER, Christian, JADÉ, Patrick. Les fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal. Rennes : éditions Presses Universitaires de Rennes, collection Cahiers du patrimoine, 2011, n° 94, 388 p.
p. 288-291
Documents figurés
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BUREL, Marcel. Dans la rade de Brest, l´île de Trébéron et l´île des Morts. Bannalec, Imprimerie régionale, 2003, 190 p.
Annexes
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"Le chemin de la poudre et l’île Trébéron" in Les fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal, Presses Universitaires de Rennes, 2011
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
Fait partie de
Cale, édifices logistiques et ensemble de trois magasins à poudre de l'île des Morts (Crozon)
Lieu-dit : Ile des Morts
Lazaret puis sanatorium de l'Île Trébéron (Crozon)
Lieu-dit : Ile Trébéron
Poudrière, Ile d'Arun (Rosnoën)
Lieu-dit : Ile d'Arun
Pyrotechnie Saint-Nicolas : ensemble de trois magasins à poudre et bâtiments annexes (Guipavas)
Lieu-dit : Saint-Nicolas
Usine de produits explosifs dite poudrerie de Pont-de-Buis (Pont-de-Buis-lès-Quimerch)
Adresse : Pont-de-Buis
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.