Dossier d’œuvre architecture IA29001872 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
  • opération ponctuelle
Levée de Pontaniou et édifice logistique et de stockage dit "Bâtiment aux Lions", rue de Pontaniou - arsenal (Brest)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne Nord
  • Hydrographies la Penfeld
  • Commune Brest
  • Lieu-dit Arsenal
  • Adresse rue de Pontaniou
  • Dénominations
    rue, digue, pont, édifice logistique, entrepôt industriel
  • Appellations
    Levée de Pontaniou, Bâtiment aux lions

"Dès la fin du 17e siècle, cet emplacement, dans un vallon, situé au débouché d´un ruisseau canalisé dans la conduite de Saint-Malo et au fond de la crique de Pontaniou, est occupé par "la Maison des Filles Repenties" tenue par des Feuillantines, religieuses bernardines.

Construite sous le Premier Empire, la "Levée de Pontaniou", son nom originel, permet la communication par une chaussée entre le plateau de l´Armorique (dit aussi de la Cayenne en référence à la caserne toute proche et aujourd'hui plateau de Pontaniou) et le plateau des Capucins. Les plans de Jean Bernard Tarbé de Vauxclairs (1767-1842), directeur des Travaux maritimes à Brest, ont été mis en œuvre par son successeur Jean-Nicolas Trouille (1752-1825) de 1807 à 1809. Une rampe en pente douce permet une communication directe entre l'atelier de charpenterie et le rez-de-chaussée du bâtiment faisant portes. De l´arsenal, en passant par le rez-de-chaussée de la levée de Pontaniou, on pouvait accéder du nord au sud à la rue Saint-Malo (la ville), au terrain de la Madeleine (les ateliers de la direction des travaux hydrauliques) et à la cour de la prison maritime.

Aujourd´hui, la levée de Pontaniou est connue sous le nom de bâtiment aux Lions en référence aux gargouilles à têtes de lion qui ornent la façade tournée vers la Penfeld et l'arsenal (vers l´est). Édifice aux multiples fonctions, il est à la fois chaussée-pont en terrasse, cuves à eau en terrasse pour lutter contre les incendies dans l´arsenal, bureaux (travée centrale du premier étage), magasins au premier étage (matériaux de calfatage : soufre, brais et résine), en entresol et en sous-sol (matériaux de calfatage : brais bitumineux ou goudron en vrac dans des cuves ou en tonneaux et jarres), latrines collectives au sous-sol (pour les bagnards) et portes de l´arsenal au rez-de-chaussée.

De 1932 à 1961, le bâtiment accueille au premier étage une cantine vite surnommée "La Gueule d´Or". En 1932 est achevé au pied du bâtiment le percement du tunnel ferroviaire du Carpon passant sous le plateau des Capucins. C´est l´édifice le plus remarquable de l´arsenal de Brest si l´on excepte le château et la base de sous-marins. À ce titre, le bâtiment aux Lions a été inscrit au titre des monuments historiques en mai 2009.

Désaffecté depuis de nombreuses années, le bâtiment aux Lions, ainsi que l´ancienne prison maritime de Pontaniou, le terrain de la Madeleine, la rue Saint-Malo et les ateliers du plateau des Capucins, forment un ensemble architectural de premier ordre au coeur de la ville. La valorisation de cet espace est en marche.

Une étude préalable à la restauration du bâtiment aux Lions a été réalisée en 2007 par Marie-Suzanne de Ponthaud, architecte en chef des Monuments historiques, à la demande du ministère de la Défense, propriétaire du lieu. Reste à imaginer un nouvel usage pour le bâtiment aux Lions, la rareté d´édifices anciens à Brest plaide pour une réaffectation en espace culturel et muséographique. Le terrain de la Madeleine pourrait alors être transformé en jardin et la porte de Saint-Malo offrir un regard nouveau sur l´arsenal".

(Lécuillier Guillaume, 2011).

La "levée de Pontaniou" a été construite entre 1807 et 1809 par Jean-Nicolas Trouille, ingénieur des ponts et chaussées et directeur des travaux maritimes de Brest d'après les plans - adaptés et modifiés - de son prédécesseur Jean Bernard Tarbé de Vauxclairs. Elle a permis de clôturer l'arsenal de Brest au niveau de l'anse homonyme où s’effectue la construction navale mais aussi, de faire communiquer les plateaux de Pontaniou au sud (anciennement nommé plateau de l’Armorique puis de Cayenne) et des Capucins au nord par une digue - pont - chaussée, actuellement rue de Pontaniou. Sous la chaussée, se trouve un édifice logistique solidement voûté, à l’origine affecté au stockage du matériel de calfatage, brais, goudrons, résines et souffre… et à usage d’ateliers et bureaux. La levée de Pontaniou figure notamment sur le plan-relief de Brest réalisé entre 1807 et 1811.

Le bâtiment aux Lions tire son nom des dix gargouilles à têtes de lion qui ornent la façade orientale tournée vers la Penfeld. De l´arsenal, en passant par le rez-de-chaussée, on pouvait accéder, du nord au sud : à la rue de Saint-Malo (quartier de Recouvrance), au terrain de la Madeleine (aujourd’hui vide de toute construction mais qui abrite à partir de 1792 des ateliers de la direction des travaux hydrauliques puis un restaurant) et à la cour de la prison maritime de Pontaniou.

Dans la seconde moitié du 19e siècle, le bâtiment abrite un atelier de menuiserie de l’arsenal.

Une rampe en pente douce dite "berlinoise" est aménagée contre la levée afin de permettre - tout en restant dans l’enceinte de l’arsenal - la communication entre les plateaux de Pontaniou et des Capucins.

De 1932 à 1961, le premier étage du bâtiment aux Lions et le terrain de la Madeleine abritent le restaurant coopératif de la Société Avenir des travailleurs. Baptisée "la Madeleine", la cantine ouvrière est surnommée "La gueule d´or" en référence aux gargouilles dorées.

En prévision des évènements nautiques de "Brest 2000" et de son ouverture exceptionnelle au public, le bâtiment aux Lions a été réhabilité par le service des Travaux maritimes (pour un budget de 500 000 fr.).

En 2007, une étude préalable à la restauration du bâtiment a été réalisée par Marie-Suzanne de Ponthaud, architecte en chef des Monuments historiques, à la demande du ministère de la Défense, propriétaire du lieu.

En mai 2009, le bâtiment aux Lions a été inscrit au titre des monuments historiques puis classé en 2011 en totalité, c’est-à-dire en incluant les murs, rampe et escalier le reliant aux plateaux adjacents de Pontaniou et des Capucins.

Co-financée par les ministères de la Culture et de la Défense, la restauration du bâtiment aux Lions est en cours (2015 - fin 2022) : l’un des principaux enjeux a été d’assurer l’étanchéité de la terrasse portant la rue de Pontaniou.

Le bâtiment aux Lions est désaffecté depuis une trentaine d'année.

Située dans l'arsenal de Brest, sur la rive ouest de la Penfeld, la levée de Pontaniou est à la fois un ouvrage d’art en maçonnerie et remblai de terre faisant digue, pont, chaussée et un bâtiment logistique et de stockage fermant le vallon homonyme.

Le bâtiment logistique et de stockage est orienté à l’est vers la Penfeld et l’arsenal, à l’ouest vers le terrain de la Madeleine. Il s’agit d’un bâtiment sur quatre niveaux en moellon de gneiss de Brest à l’exception du soubassement, de l’encadrement des ouvertures (portes et fenêtres), des chaînages d’angles, des bandeaux et corniches en pierre de taille de granite de l’Aber-Ildut (faciès rose et blanc). Au premier étage, fenêtres rectangulaires à linteau droit ; au rez-de-chaussée : baies en arc plein cintre et au sous-sol : baies en arc segmentaire.

Son architecture ordonnancée et harmonieuse, empreint d’une grande sobriété, reflète les constructions du Premier Empire. Seule concession au décor, dix têtes de lion en plomb moulé et doré, scellées sur la façade orientale, ornent les gargouilles chargées d’évacuer les eaux de ruissellement de la rue de Pontaniou. A l’est, les gargouilles en granite sont en forme de fût de canon.

D'une longueur de 58 mètres pour un peu plus de 10 mètres de largeur, ce bâtiment abrite à l’origine :

- en sous-sol : une galerie voûtée servant de magasins et donnant sur la terrasse orientale basse ; trois cuves pour les matériaux de calfatage comme des brais bitumineux ou goudrons (au nord, trois autres cuves sont restées à l’état de projet), elles sont accessibles par des trappes aménagées dans le sol du rez-de-chaussée ; au sud, seulement accessibles par un escalier, des latrines collectives (à 18 places selon les emplacements au sol) voûtées en cul-de-four accessibles par une porte puis trois (les latrines nord sont restées à l’état de projet) ; plusieurs canalisations souterraines pour les eaux du vallon de Pontaniou dont l’une alimente les latrines. A l’extérieur, à ce niveau côté Penfeld, chaussée - terrasse secondaire accessible par trois escaliers.

- au rez-de-chaussée : des magasins voûtés éclairés par des ouvertures traversantes et trois portes-passages. Le passage central permettait d’accéder à l’enclos de la Madeleine ; celui du nord, au bas de la rue de Saint-Malo (passage réduit puis muré) et celui du sud via un escalier, à la cour de la prison de Pontaniou (passage muré). A l’extérieur, à ce niveau côté Penfeld, chaussée - terrasse principale pavée desservant les trois portes-passages fermées par des grilles. Côté ouest, le terrain de la Madeleine. A l’extrémité nord de la terrasse, l’escalier des Capucins ; à l’extrémité sud, la rampe plaquée à la levée descendant du plateau de Pontaniou.

- au premier étage : des ateliers et bureaux uniquement accessibles depuis les deux escaliers latéraux droits situés à l'ouest côté terrain de la Madeleine. Du côté est, neuf travées de fenêtre ; côté ouest, trois travées composées de deux portes et d’une fenêtre centrale. Quatre ouvertures ne sont pas d’origine (encadrement de fenêtre en ciment).

- sur la terrasse : la chaussée pavée de la rue de Pontaniou (aujourd'hui piétonne) ; derrière le mur de clôture qui ferme la rue côté est, des bassins à eau reposant sur la corniche ont été conçus pour éteindre un éventuel incendie des matériaux inflammables stockés dans les cuves au sous-sol. Deux portes permettent d’accéder aux réservoir depuis la rue de Pontaniou.

  • Murs
    • gneiss moellon
    • granite pierre de taille
  • Toits
    granite en couverture, schiste en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en maçonnerie
  • État de conservation
    désaffecté, restauré
  • Techniques
    • ferronnerie
    • sculpture
  • Représentations
    • lion
    • ornement figuré
    • canon
  • Précision représentations

    Dix têtes de lion en plomb moulé et doré ornent les gargouilles de la façade orientale.

    Des fûts de canon en granite ornent les gargouilles de la façade occidentale.

  • Mesures
    • l : 58 m
    • la : 10,5 m
    • h : 23 m
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat, terrain militaire.
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    rue, digue, pont, édifice logistique, entrepôt industriel
  • Sites de protection
    zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager
  • Protections
    classé MH, 2011/02/04
  • Précisions sur la protection

    L'ensemble formé par le bâtiment aux Lions en totalité, ainsi que les murs, rampe et escalier le reliant aux plateaux adjacents de Pontaniou et des Capucins (cad. IR 49 ; CN 134, 135) : classement par arrêté du 4 février 2011.

  • Référence MH

Avis du Service de l'Inventaire du patrimoine culturel à la Commission Régionale du Patrimoine et des Sites, Fortifications littorales, juin 2008 : "Edifice le plus remarquable de l´arsenal de Brest si on excepte le château et la base de sous-marins. C´est dans sa dimension de "porte - passage" de l´arsenal de Brest que cet édifice trouve sa place dans cette Commission Régionale du Patrimoine et des Sites "patrimoine militaire fortifié". Le Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel appuie très fortement la proposition de protection au titre des Monuments Historiques en tant qu'édifice logistique remarquable à la fois pont et porte de l'arsenal".

Bibliographie

  • COLLECTIF (sous la dir. de la Commission du patrimoine de la marine et du service des travaux immobiliers maritimes avec le concours du service historique de la Marine). Pierres de mer, "Le patrimoine immobilier de la Marine nationale". Paris, Association pour le Développement et la Diffusion de l´Information Militaire, collection : les Armes et les Hommes, 1996.

  • LÉCUILLIER, Guillaume (dir.), BESSELIÈVRE, Jean-Yves, BOULAIRE, Alain, CADIOU, Didier, CORVISIER, Christian, JADÉ, Patrick. Les fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal. Rennes : éditions Presses Universitaires de Rennes, collection Cahiers du patrimoine, 2011, n° 94, 388 p.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)
    p. 301-303
  • SENNEVILLE (de) (G.) (Inspecteur général de l'Equipement), Bilan de la phase de démarrage de la mission d'étude Penfeld à Brest (2002-2005). Conseil général des Ponts et Chaussées, Rapport n° 2002-0073-01, Avril 2005, 122 p. http://www2.equipement.gouv.fr/rapports/themes_rapports/administration/2002-0073-01.pdf (Version électronique).

Périodiques

  • "Le Bâtiment aux lions, un pont aux multiples magasins" in Sillage, le magazine de la ville de Brest et de la CUB, mai-juin 200, n° 75.

    p. 28-29
  • CHAURIS, Louis. "Brest : vieilles pierres et pierres neuves dans une cité reconstruite". Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, 2012.

    p. 5 - 36
  • CISSÉ, Gérard. "Sous les pavés, les gouttières de la levée de Pontaniou". Les Cahiers de l’Iroise, "Les sous-sols brestois. Mémoires ensevelies", hors-série n° 5, septembre 2017.

Documents figurés

  • Collection Nivart. MS144_207. Plan cavalier de la ville de Brest et de ses environs. Vues du bourg de Recouvrance et du château et de la ville de Brest du côté de la rade et du côté de la Penfeld. Attr. au chevalier de Clerville. 1667.Plan, support papier, 1,270 x 1,130 mètre, 3e quart 17e siècle, 1667.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : Détail de SHDMD07001856_P
  • Collection Nivart. MS144_203. Plan du port et de l´arsenal de Brest, ensemble du château et de la ville avec le bourg de Recouvrance. Lég. Armes de Colbert. Figuration de vaisseaux. Sign. Bellevue du Mains. 1677. Plan, support papier, 0,832 x 0,677 mètre, 4e quart 17e siècle, 1677.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : Détail de SHDMD07001852_P
  • Collection Nivart. MS144_199. Plan cavalier de la ville de Brest, de son port et du bourg de Recouvrance avec l'indication de l'état des travaux de l´arsenal et du port. 1678 (?). Plan, support papier, 1,079 x 0,782 mètre, 4e quart 17e siècle, 1678 (?).

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : Détail de SHDMD07001848_P
  • Collection Nivart. MS144_214. Plan de la ville, château et port de Brest. Sign. Duhamel. 28 juin 1700. Visa de Desclouzeaux, intendant de la Marine.Plan, support papier, 0,899 x 0,630 mètre, 1er quart 18e siècle, 28 juin 1700.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : Détail de SHDMD07001867_P
  • Fi. Documents Figurés. 10Fi. Diapositives et négatifs. Photographies, 4e quart 20e siècle, 1980.

    Archives municipales et communautaires de Brest : 10Fi00334

Annexes

  • "La levée de Pontaniou et le bâtiment des Lions" in Pierres de mer. Le patrimoine immobilier de la Marine nationale, 1996
  • Le toponyme Pontaniou
  • Iconographie
Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2005, 2011, 2022
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

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