Dossier d’œuvre architecture IA29001880 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Prison militaire maritime puis civile, maison d'arrêt dite Prison de Pontaniou, rue de Pontaniou (Brest)
Œuvre étudiée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Brest-Recouvrance
  • Hydrographies la Penfeld
  • Commune Brest
  • Adresse rue de Pontaniou , rue Pierre Ozanne
  • Cadastre CN 135
  • Dénominations
    prison
  • Appellations
    Prison de Pontaniou, Prison maritime
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, enceinte, porte, logement

Mentionné dès 1631, le toponyme Pontaniou, poull, la mare, l’étang, la fosse et taniou, feu, c’est-à-dire, la "fosse des feux", fait référence à l’activité ancienne de calfatage sur la grève et/ou la présence de forges. Élevée en 1787, la fonderie de Pontaniou est transformée en prison entre 1805 et 1810 par Jean-Nicolas Trouille, directeur des travaux maritimes de Brest d'après les plans établis par son prédécesseur Jean-Bernard Tarbé de Vauxclairs. "Les maux de l’humanité vont être satisfaits par la prise de possession de la nouvelle prison installée dans l’ancienne fonderie du port. Les détenus ne seront plus entassés pêle-mêle sans distinction d'âge, d'état et de délits, ils respireront un air pur et suffisant ; ils jouiront, à des heures données, d’une promenade salutaire, soit dans les préaux, soit dans les galeries, suivant le temps enfin, ils éprouveront les effets consolateurs de cette distinction que l’on doit mettre entre le crime et les simples fautes ; tels ont été les sentiments qui ont dirigé notre prédécesseur Monsieur Tarbé lorsqu’il a tracé les distributions de l’établissement". (Jean-Nicolas Trouille, 19 novembre 1810).

La prison de Pontaniou à Brest a fonctionné de 1811 à 1990, soit pendant 179 ans. Avec le Bâtiment aux Lions, le terrain de la Madeleine, la rue Saint-Malo et les ateliers du plateau des Capucins, elle forme un ensemble architectural remarquable au cœur de la ville de Brest. Créée en 2018, l’association Brest-Pontaniou regroupe des personnes qui souhaitent faire préserver la dimension mémorielle de ce bâtiment, tour à tour fonderie, prison maritime, puis civile. Publiés dans Les Cahiers de l’Iroise en 2019, les travaux de Caroline Soppelsa éclairent l’histoire de la prison maritime de Pontaniou. Ce dossier d’Inventaire a été mis à jour en 2024 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires en Bretagne.

De la fonderie de la marine à la prison maritime

A l'origine de la prison maritime se trouve une fonderie de l'arsenal de Brest élevée en 1787 dans les jardins et dépendances du couvent de la Madeleine (détruit par un incendie en 1782). L’activité de la fonderie est ensuite transférée aux forges de la Villeneuve à Guilers.

La fonderie de la rue Pontaniou est transformée en prison à partir de 1805 d'après les plans établis en 1803 ou 1804 par l’ingénieur des ponts et chaussées Jean-Bernard Tarbé de Vauxclairs (1767-1842). Elle est achevée entre 1808 et 1810 par Jean-Nicolas Trouille (1752-1825), ingénieur des ponts et chaussées et directeur des travaux maritimes de Brest (1808-1819).

Particularité de cette prison, elle est accessible depuis l’arsenal via une porte et un escalier du Bâtiment aux Lions de la levée de Pontaniou (construit entre 1807 et 1809 par le même ingénieur). Cet accès débouche dans la cour d’honneur de la prison (à l’est) où se trouvait un corps de garde avec cellule de dégrisement.

Dotée de 240 places, la nouvelle prison permet de séparer les espaces dédiés aux détenus (classés selon différentes catégories, selon leur âge, leur statut et les actes commis) et au personnel (concierge, gardiens, cuisinier et aides). Marins, ouvriers et employés de l’arsenal de Brest pouvaient être incarcérés dans cette prison spéciale, sous l’autorité militaire du tribunal maritime, pour des infractions, délits ou crimes commis dans l’enceinte de l’arsenal. Pour son maître d’œuvre, l'objectif est de trouver "sureté, commodité et salubrité" (1810).

Au moment de l’achèvement du chantier en 1810 (puis en 1815), Jean-Nicolas Trouille rédige un rapport détaillé décrivant le bâtiment carcéral et son fonctionnement : ce document est conservé au service historique de la marine à Brest dans la série K.

La prison est organisée en deux quartiers distincts séparés par une grille (dont on voit encore les gonds au rez-de-chaussée) : au sud, le premier quartier, qualifié de "maison d’arrêt" est destiné aux "hommes détenus pour des fautes de simple police" ; au nord, le second quartier, nommé "maison de justice", est réservé aux criminels. Pour éviter de mélanger les détenus, la prison est dotée de deux cours - au nord et au sud avec chacune un préau - auxquelles on accède par la cour ouest alors divisée en deux espaces.

Latrines et point d’eau pour la toilette se trouvent dans les cours. Des pots de chambre à couvercle sont utilisés dans les chambrées.

L’organisation de la prison en 1810

Les prisonniers de statut social supérieur peuvent payer pour disposer d'une chambre avec lit individuel et chauffage.

Rez-de-chaussée

Six chambrées de 8 hommes permettent d’accueillir au total 48 prisonniers (sur lit de camp collectif). Parmi celles-ci, deux chambrées peuvent être totalement privées de lumière du jour : pour Jean-Nicolas Trouille, ils "ne devront servir que dans des moments de presse, ou lorsque par punition on voudra y mettre des prisonniers insoumis ou turbulents".

Trois chambrées de 2, voire 4 hommes, chacune dotée d’une cheminée permettent d’accueillir au total 12 prisonniers (sur lit individuel avec chauffage).

Premier étage

Dix chambrées de 8 hommes - six chambrées au nord, cinq au sud - permettent d’accueillir au total 80 prisonniers (sur lit de camp collectif) ;

Une chambrée de 4 hommes, dotée d’une cheminée, permet d’accueillir 4 prisonniers (sur lit individuel avec chauffage).

Etage de comble

Deux salles de 32 hommes permettent d’accueillir 64 prisonniers (sur lit de camp collectif) ; l’une de pièces peut être utilisée comme "lieu propre à la récréation des prisonniers pendant les mauvais temps d’hiver ou un atelier commode" (1810).

Six chambres de 4 hommes permettent d’accueillir 24 prisonniers parmi les plus jeunes (sur lit individuel) ;

L’infirmerie permet d’accueillir 4 prisonniers (sur lit individuel).

Le plan-relief comme source iconographique

Datée de 1807, les élévations des établissements maritimes du port de Brest pour le plan-relief figurent la "prison de Pontaniou" située face aux formes et la "nouvelle prison de Pontaniou" couverte en pavillon. Vers l'est, face à la levée, la nouvelle prison comporte un rez-de-chaussée avec deux portes, un premier étage à huit travées de fenêtre et un étage de comble percé de quatre lucarnes ; à l'ouest, face au mur, la façade est totalement dépourvue d'ouverture ; le pignon nord comporte une porte et une fenêtre au premier étage.

Achevé en 1811, le plan-relief de Brest représente la prison sous une forme différente de celle de 1807. La prison, couverte en pavillon avec quatre lucarnes, comporte quatre niveaux : un rez-de-chaussée semi-enterré, un premier étage et un deuxième étage. Le troisième niveau de la prison (deuxième étage) n'est pourtant créé qu'en 1858-1859.

Les premières transformations de la prison : nouveaux percements et ajout d'un deuxième étage au bâtiment carcéral

En 1820, le rez-de-chaussée semi-enterré de la prison est percé du côté est - la façade principale - de baies en demi-lune, afin de donner plus de lumière et de ventilation à ce niveau. Ces nouvelles ouvertures se distinguent par leur mise en œuvre particulière, les encadrements des ouvertures étant légèrement en saillie. Le pavage des cours ouest est également restauré.

En 1851-1852, la distribution de la prison évolue sous la direction de l’ingénieur Hector Dehargne (1814-1896), avec le remplacement de grilles par des portes pleines en bois et la création de doubles portes grillée et vitrée pour les couloirs - vestibules des cours de promenade ouest afin de les transformer en atelier. L’étoupe ou bourre de chanvre est travaillée par tous les prisonniers.

Pour augmenter la capacité de la prison et passer de huit à dix prisonniers par chambrée, il est question d’installer des hamacs comme dans les réduits type 1846 de la côte mais ce projet n’est pas suivi d’effet. Au rez-de-chaussée se trouvent désormais incarcérés les "prévenus" (celui qui est cité devant le tribunal), au premier étage les "condamnés"et dans les combles, les "simples contrevenants ou disciplinaires". En l’état de la connaissance des archives, le plus ancien plan de la prison de Pontaniou remonte à 1852.

En 1858-1859, la prison est réorganisée et agrandie d'un troisième niveau (deuxième étage) avec un étage de combles doté de lucarnes. L’objectif est d’accueillir trois ateliers d’étoupe, une grande chapelle (sur quatre travées) et des pièces complémentaires. Pour supporter la surélévation, deux contreforts sont implantés au angles nord et sud du bâtiment. Les travaux de surélévation sont suivis par l’ingénieur Simon Verrier (1821-1901). Les ouvertures du troisième étage sont reproduites à l’identique de l’existant avec linteau en arc segmentaire. La charpente d’origine est démontée puis remontée sur le nouveau niveau et la couverture en ardoise est refaite. Pour limiter les risques de propagation du feu en cas d'incendie, le plancher du troisième étage est supporté par des poutrelles métalliques dont les vides sont comblés pars des voûtains de brique assemblée au plâtre. Au deuxième étage sont créés deux chambrées pour les jeunes détenus et un logement de guichetier.

Un éclairage au gaz est installé avant 1874.

Le fourneau de la cuisine est modernisé en 1880.

L’éclairage de la prison devient électrique en 1912.

A partir du premier quart du 20e siècle, des chambrées sont divisées en deux, voire quatre cellules.

La suite des transformations de la prison : ajout d'un troisième étage au bâtiment carcéral et couverture à deux pans avec pignons découverts en gradin

Suite à l’incendie survenu le 18 juillet 1935 pendant des travaux de couverture, la prison est surélevée par l’ingénieur Morvan. Un quatrième niveau (troisième étage), reconnaissable à ses fenêtres rectangulaires à linteau droit, est créé en 1936. Un bandeau souligne ce niveau. Le plancher de l'étage de comble (cinquième niveau) est réalisé en béton sur poutres béton.

La couverture en pavillon (remontée en 1859) qui a brûlé est remplacée par une couverture à deux pans en ardoise portée par deux pignons découverts en gradin et une charpente métallique. Les souches de cheminées sont réhaussées.

Un escalier tournant en béton armé est installé en lieu et place de l'escalier d'origine. Des trémies et escaliers droits métalliques sont créés dans les couloirs centraux pour doubler la distribution verticale.

L’installation électrique de la prison est rénovée en 1937.

Quoique projeté depuis 1891, le logement de l’agent principal et de sa famille donnant sur la rue de Pontaniou n’est créé que dans les années 1930-1940. Subsistent encore dans le bâtiment carcéral des logements de fonction pour le personnel et leur famille.

Après la destruction par un bombardement aérien de la prison du Bouguen le 2 juillet 1941, la prison de Pontaniou abrite également des détenus de droit commun. La prison sert de lieu de détention et de torture pour l’Allemagne nazie : des cellules sont aménagées au deuxième et troisième étages en divisant les chambrées existantes.

Entre 1944 et 1951, la prison est rénovée à l’économie par la Marine.

De la prison maritime à la prison civile

Le 5 juillet 1952, la prison maritime de Brest est supprimée et devient prison civile (la prison de Landerneau est fermée). Pontaniou accueille pour la première fois des détenues femmes.

C’est à cette époque que l’accès à l’arsenal via le bâtiment aux Lions est condamné et qu’une nouvelle entrée, charretière, côté rue de Pontaniou, est créée afin de permettre l’accès des véhicules dans la cour. La couverture en ardoise du bâtiment carcéral est remplacée par une couverture en plaque de fibrociment.

Des sanitaires intérieurs, des salles de douche, une infirmerie, un cabinet médical et dentaire et un terrain de sport sont aménagés à la fin des années 1960. Un chauffage central à air pulsé est installé en 1973 ; l’installation électrique est refaite en 1975.

Malgré ces travaux, l’amélioration des conditions de vie des prisonniers n’est pas possible en raison de la conception même de la prison. En 1982, Robert Badinter, alors ministre de la Justice, constate le mauvais état des lieux et relance le projet de construction d'une nouvelle prison.

La prison de Pontaniou est fermée le 7 mars 1990, soit 179 ans après son ouverture en 1811. Les prisonniers sont transférés dans la maison d'arrêt de L'Hermitage conçue par l'architecte et urbaniste Rémy Butler (né en 1948).

La prise de conscience du caractère hautement patrimonial du lieu

Désaffectée depuis 1990, la prison est acquise par Brest métropole en 1997 (alors Communauté urbaine de Brest) pour 200 000 fr, mais demeure sans affectation.

En 2018, le Groupe François 1er, opérateur en restauration immobilière, souhaite acquérir la prison pour la réhabiliter en trente logements. A la demande du groupe immobilier, une étude patrimoniale est réalisée par l’agence Perrot et Richard : la partie historique est l’œuvre de l'historienne Caroline Soppelsa. Cette étude affirme le caractère hautement patrimonial du lieu.

Le 28 septembre 2018, la cession du site est votée par Brest métropole. Evaluée à 300 000 € par la Direction de l’immobilier de l’État (ex France Domaine), la vente de la prison inclue la création d'un dispositif d’interprétation de la mémoire de lieux, pris en charge par le porteur de projet.

Un collectif, fondé par Roland Bizien, Gilles Grall, et Roland Le Borgn' et regroupant des descendants de résistants internés à Pontaniou, des historiens et des personnalités lance l’Appel des 79 afin de favoriser la préservation de la dimension mémorielle de la prison de Pontaniou. Le 12 octobre 2018, le collectif intervient en conseil de Brest métropole pour dénoncer l’orientation du projet. L'association Brest-Pontaniou, qui regroupe des membres du collectif, est créée fin 2018.

En février 2019, un compromis avec conditions suspensives est signé entre Brest métropole et le Groupe François 1er. Une demande de protection au titre des Monuments historiques est faite par Brest métropole auprès de la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Après étude et analyse, il s’avère que l’inscription du bâtiment au titre des Monuments historiques, amènerait des contraintes architecturales incompatibles avec le projet porté par le Groupe François 1er.

En septembre 2019, l’historienne Caroline Soppelsa publie son travail de recherche sur la prison de Pontaniou dans le hors-série des Cahiers de l’Iroise consacré aux prisons de Brest et du Finistère.

En mars 2020, le projet immobilier porté par le Groupe François 1er est abandonné après signature d’un accord transactionnel avec Brest métropole.

En février 2023, Brest métropole lance un appel à projet sur le devenir de l’ancienne prison de Pontaniou qu’elle souhaite voir transformée en "un lieu mêlant culture et tourisme". La sélection du projet final est prévue pour le début de 2024.

A l’occasion des Journées européennes 2023, la prison de Pontaniou a été ouverte au public.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 18e siècle, 1er quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 2e quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 2e moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1805, daté par travaux historiques
    • 1810, daté par travaux historiques
    • 1858, daté par travaux historiques
    • 1859, daté par travaux historiques
    • 1936, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

La prison

La prison est implantée entre la rue de Pontaniou, la rue Pierre Ozanne (ex rue David) et le terrain de la Madeleine (terrain militaire). Elle est composé en 2024 d’un mur de clôture, d’une porte principale, d’un logement (pour le surveillant chef) donnant sur la rue de Pontaniou, d’une cour d’honneur à l’est, de deux cours de promenade, d’un grand bâtiment carcéral, de bâtiments secondaires (atelier - réserve de matériel et appentis au sud), dont certains accolés au bâtiment principal (salle d’attente des familles contre l’élévation est ; bureau du surveillant chef, économat - comptabilité, bureau, cabinet dentaire et infirmerie contre le pignon sud) ou au mur de clôture (vestiaire du personnel, WC et abri à vélo au sud, garage à l’est), d’un lavoir situé contre le mur de clôture ouest et d'un jardin à l’extrémité nord. La prison, avec ses bâtiments et cours, représente une superficie de 3 043 m2.

Le mur de clôture et les portes d’accès

En pente vers l’est, la parcelle de la prison - en forme de triangle - est délimitée par un haut mur de clôture en maçonnerie de moellon, couronné par endroit de fils barbelés et de morceaux de verre fichés dans du ciment. Côté rue Pierre Ozanne et cours de promenade nord et ouest, le mur de clôture est surmonté de hauts grillages.

Une porte charretière est percée dans le mur côté rue de Pontaniou. Son piédroit ouest est oblique afin de permettre l'entrée optimale des véhicules dans la cour d'honneur. Elle est fermée par une porte métallique.

Quatre portes piétonnes sont murées rue de Pontaniou (la première à linteau droit portait encore en 2005 l’inscription à la peinture blanche "PRISON MARITIME" ; la seconde est dans le style du logement) et rue Pierre Ozanne (l’une est à linteau droit et imposte ; la seconde est dans le style du logement).

Côté rue de Pontaniou, une plaque commémorative fixée sur le mur de clôture de la prison, rappelle les épisodes douloureux de la Seconde Guerre mondiale : "Ce lieu fut le dernier séjour après tant de souffrance d’hommes entraînés par la guerre vers leur tragique destin Maison d’arrêt de Pontaniou août 1944".

Le bâtiment carcéral (36,5 m x 20 m)

Le bâtiment carcéral est de plan rectangulaire, grossièrement orienté est-ouest, construit en maçonnerie de moellon enduit à l’exception de l’encadrement des ouvertures (portes et fenêtres), chaînes d’angles et bandeau haut en pierre de taille de granite. Au niveau du rez-de-chaussée et du premier étage, les murs périphériques mesurent 1,25 m d’épaisseur ; les murs intérieur mesurent 1 m d’épaisseur. Les murs des niveaux supérieurs correspondant aux surélévations sont moins épais.

L’élévation ordonnancée à huit travées est vraisemblablement héritée de l’ancienne fonderie. Chaque pièce correspond à une travée. Côté est et côté ouest se trouvent ainsi une série de huit pièces séparées par un couloir de de 3 m de largeur assurant la distribution horizontale. Pour rappel, le bâtiment compte d’abord trois niveaux (1810), puis quatre niveaux (surélévation de 1858-1858), puis cinq niveaux (surélévation de 1936). La distribution de la prison n’a eu de cesse d’évoluer en 179 ans de fonctionnement.

Le bâtiment carcéral est constitué de cinq niveaux :

- Rez-de-chaussée semi-enterré (premier niveau) : il est voûté en moellon (et en brique et plâtre, uniquement dans la cuisine) ; le sol est en dalle de granite. A l’est, ce niveau compte huit hautes baies en demi-lune avec grilles doublant les fenêtres et trois portes dont une - rajoutée (deuxième travée depuis le sud) - est murée en parpaing ; un bandeau souligne ce niveau. Un bâtiment en rez-de-chaussée, à usage de salle d’attente des familles est accolé contre les cinquième, sixième et septième travées. Les première et huitième travées ont vu leurs fenêtres élargies vers le bas : en l’état, elle sont murées par des parpaing. A l’ouest, petites fenêtres à linteau droit avec grilles faisant pour certaines soupiraux.

Aux extrémités du couloir central se trouvent des fenêtres en arc segmentaire avec grilles permettant éclairage et ventilation. Une grille, dont on voit encore les gonds dans le couloir central, divisait la prison en deux quartiers distincts.

La salle double (quatrième et cinquième travées ou travées centrales), située immédiatement au nord de la cage d’escalier est à usage de cuisine comme le montrent les murs et sols carrelés, le soubassement du piano de cuisson et le système d'aspiration. Cette pièce est dotée d’une voûte complexe réalisée en brique montée au plâtre et en pierre de taille de granite gris. Le sol de la cuisine était composé d’une aire lavable en ciment comme en usage dans les hôpitaux tandis qu’une cheminée se trouvait dans l’épaisseur du mur ouest. Une cheminée à linteau droit est encore visible au rez-de-chaussée (troisième travée depuis le nord) dans ce qui était le logement du concierge en 1811.

- Premier étage (deuxième niveau) : il est voûté en moellon ; le sol est en dalle de granite. A l’est, petites fenêtres à linteau en arc segmentaire avec grilles ; à l’ouest (de plain-pied par rapport à la cour de promenade), deux portes avec imposte et six fenêtres à linteau en arc segmentaire avec grilles. Au-dessus de la cuisine, se trouvait une salle double à usage de chambre du conseil ou de justice. Deux couloirs - vestibules desservaient à l’origine la cour ouest (troisième et sixième travées) : le vestibule est en place dans la troisième travée depuis le sud avec son banc en pierre au sud ; la sixième travée est transformée en douches mais a conservé son banc en pierre au nord.

- Deuxième étage (troisième niveau) : le sol est en dalle de ciment et en plancher dans les logements du personnel ; le plafond est en voûtain de brique monté au plâtre et poutrelles métalliques. A l’est et à l’ouest, petites fenêtres à linteau en arc segmentaire avec grilles.

- Troisième étage (quatrième niveau) : le plancher est en bois dans le couloir et en ciment dans les autres pièces sur voûtain monté au plâtre et poutrelles métalliques ; plafond en béton sur poutres en béton armé. A l’est et à l’ouest, les fenêtres sont à linteau droit. Certaines fenêtres, accessibles aux détenus, sont dotées de grilles et de verre dépoli. Un bandeau bas souligne ce niveau.

- Étage de comble (cinquième niveau) : plancher béton sur poutres en béton armé. Dans les pignons nord et sud se trouvent deux longues fenêtres rectangulaires. Ce niveau a servi d'atelier de travail. Au nord, il subsiste une trémie d’escalier (bouchée par du béton) et un escalier métallique, ainsi qu’une installation pour mailler des filets de pêche. Les murs conservent enduit et peinture en faux appareillage (1936). 

La distribution verticale

Du côté est, dans la troisième travée en partant du sud se trouve un grand escalier tournant à palier en béton armé avec rampe massive et barreaudage vertical en acier. A l’origine, l’escalier - sans doute en bois - était déjà tournant comme le montre les plans antérieurs à l’incendie de 1935. Les murs de la cage d’escalier conservent enduit et peinture en faux appareillage (1936).

Des volées droites d’escalier métallique desservent les cinq niveaux depuis les couloirs centraux.

Les portes

A l’intérieur du bâtiment, les portes d’origine sont en arc segmentaire ou surbaissé avec battant en bois cloutées en pointe de diamant, double penture, verrous et judas (rez-de-chaussée et premier étage). Certaines portes sont doublées par une ou des grilles. Les serrures des portes sont déposées (c'est une tradition lors de la fermeture d'une prison). Certaines portes, plus récentes sont à linteau droit (deuxième et troisième étages notamment). Au deuxième étage, les portes de cellule sont à grosses pentures avec judas à barreaux verticaux (portes de la campagne de travaux 1858-1859).

La couverture

Le bâtiment est doté d’un toit à deux longs pans couvert en plaque de fibrociment avec puits de lumière en plaque translucide. Les pignons découverts sont en gradin. Les souches de cheminée en pierre de taille de granite ont été surélevées.

Divers

Dans la buanderie située au premier étage du bâtiment carcéral est conservé un ensemble de machines à laver.

Deux portes avec verrou sont stockées dans l’étage de comble.

L’espace sud-ouest

Dans cet espace délimité par des murs se trouve le logement du surveillant chef donnant sur la rue de Pontaniou. Dans le bâtiment implanté contre le pignon sud du bâtiment carcéral sont regroupés, au rez-de-chaussée le bureau du surveillant chef et l’économat - comptabilité et à l’étage un bureau, un cabinet dentaire et l’infirmerie.  Sont implantés également dans cet espace clos, un atelier - réserve de matériel, la cuve à mazout et un appentis au sud.

Les cours

La cour d'honneur à l’est : c’est dans cette cour bitumée que débouche l’entrée charretière. Elle abrite la salle d’attente des familles (implantée dans un bâtiment accolé à l’élévation est du bâtiment carcéral), le vestiaire du personnel, des WC, un abri à vélo (contre le mur de clôture au sud) et un garage (contre le mur de clôture à l’est). Cette cour domine le terrain de la Madeleine.

La cour de promenade ouest : étroite (4,1 m) et toute en longueur (34 m), pavée à caniveau central, elle est délimitée : à l’est par le bâtiment carcéral, à l’ouest par le mur de clôture côté rue Pierre Ozanne, au nord et au sud par deux murs avec porte (celle du sud est murée). Cette cour communique avec la cour nord via une porte sous le contrôle d’un poste de surveillance. A l’origine, cette cour est séparée par un mur en deux espaces distincts correspondant aux deux quartiers : on y accédait depuis le bâtiment carcéral par les couloirs - vestibules des troisième et sixième travées.

La cour nord ou "terrain de sport" : elle forme un quadrilatère d’une superficie d’environ 470 m2. Située en contrebas par rapport à la cour ouest (-2,5 m), cette cour est délimitée au sud par le bâtiment carcéral. Cette cour communique avec la cour ouest via une porte sous le contrôle d’un poste de surveillance. Une porte permet la communication avec la cour d'honneur.

Le jardin

Un passage délimité par le mur de clôture nord et par un haut grillage à l’ouest donne accès à la porte du jardin. Délimité par le mur de clôture, le jardin est situé à l’extrémité nord de la parcelle de la prison. Il domine le terrain de la Madeleine.

  • Murs
    • granite moellon enduit
    • pierre de taille
  • Toits
    ciment amiante en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    rez-de-chaussée, 3 étages carrés, étage de comble
  • Couvrements
    • voûte de type complexe, en brique
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à deux pans pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en charpente métallique
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
  • État de conservation
    désaffecté, mauvais état, inégal suivant les parties
  • Techniques
    • peinture
    • sculpture
  • Précision représentations

    Marquages réglementaires à la peinture, le plus souvent de couleur noire : distribution des pièces et numérotation des cellules.

    Graffitis de détenus (peinture, gravure, sculpture).

    Peintures sur papier collé sur le murs et graffitis de l'artiste Paul Bloas.

  • Mesures
    • l : 36,5 m
    • la : 20 m
  • Précision dimensions

    Mesures du bâtiment principal d'après le plan de 1979 du ministère de la Justice. La parcelle cadastrale CN n° 135 représente une superficie de 3 043 m2.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une communauté de communes
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    prison, mur de clôture, cour
  • Sites de protection
    zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager, abords d'un monument historique

Documents d'archives

  • Plan en relief. Élévations des établissements maritimes du port de Brest, année 1807.

    Musée des Plans-reliefs de Paris : Article IV, n° 126
  • Hector Dehargne, Port de Brest. Travaux hydrauliques et bâtiments civils. Projet de nouvelle répartition des diverses localités dépendant de la prison de Pontaniou (conformément au règlement du 5 août 1851), plan des rez-de-chaussée, premier étage et grenier, plan et coupe d’une salle commune de détention, élévations et coupe d’une des doubles portes destinées à fermer les nouveaux couloirs-ateliers (calques à l’encre noire et rouge), 29 mai 1852.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : DD2 1652

Bibliographie

  • BELZIC, Céline (Archives municipales et Communautaires de Brest) avec la collaboration de Céline ANGOT et Alain LE MOIGNE (Université de Bretagne Occidentale - Centre de recherche bretonne et celtique), Stéphane SIRE et Sylvain LAUBÉ (Institut universitaire de formation des maîtres - Centre François Viète de Nantes), Anne-Gaëlle FAUCHON et Alain Boulaire. Inventaires des ressources archivistiques, bibliographiques et documentaires sur le plateau des Capucins. Mai-juillet 2008, 234 p.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)
    p. 22-24 ; p. 48-51 ; p. 79-81 ; p. 107-108 ; 185-186
  • AGENCE PERROT ET RICHARD. LA MANUFACTURE DU PATRIMOINE. SOPPELSA, Caroline (sous la direction de Rebecca Joly et Alexandre Burtard). Ancienne prison de Pontaniou. Brest (Finistère). Étude historique et documentaire. Paris : La Manufacture du patrimoine, octobre 2018, 95 p.

  • GUENGANT, Jean-Yves. Les Disparus de Pontaniou. Roger Bothuan, instituteur, résistant, fusillé, Bretagne, août 1944. Morlaix : éditions Skol Vreizh, 2023, 200 p.

Périodiques

  • SALIOU, Loïk. LE COZ, Jacques. "Pontaniou, à l’ombre des Capucins". Les Cahiers de l’Iroise, "Léonards d'hier, de Landerneau à Porspoder", n° 210, janvier-juillet 2010.

  • LE COZ, Jacques. "La prison de Pontaniou". Les Cahiers de l’Iroise, "Scènes de crimes à Brest", hors-série n° 2, septembre 2014.

  • COLLECTIF. "Dans les prisons de Brest et du Finistère (17e-21e siècles)". Les Cahiers de l’Iroise, hors-série n° 7, septembre 2019.

  • CISSÉ, Gérard. "Rue de Pontaniou". Les Cahiers de l’Iroise, "Dans les prisons de Brest et du Finistère (XVIIe-XXIe siècles)", hors-série n° 7, septembre 2019.

  • SOPPELSA, Caroline. "L’ancre et la clef. Histoire et évolutions architecturales de l’ancienne prison maritime de Pontaniou à Brest (1811-1990)". Les Cahiers de l’Iroise, "Dans les prisons de Brest et du Finistère (17e-21e siècles)", hors-série n° 7, septembre 2019.

  • DERRIEN, Dominique. "Etre détenu, être surveillant à la prison de Pontaniou dans les années 1980". Les Cahiers de l’Iroise, "Dans les prisons de Brest et du Finistère (17e-21e siècles)", hors-série n° 7, septembre 2019.

  • GRALL, Gilles. LE BRAS, Joël. PRIOL, Gildas. "Les disparus de Pontaniou durant la Seconde Guerre mondiale". Les Cahiers de l’Iroise, "Dans les prisons de Brest et du Finistère (17e-21e siècles)", hors-série n° 7, septembre 2019.

Lien web

Annexes

  • La prison de Pontaniou selon Jean-Nicolas Trouille, 1815
  • La prison de Pontaniou inspire les artistes
  • Iconographie
Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2005, 2023, 2024
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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